dimanche 26 avril 2020

La Shoah et les Juifs de Tunisie. Par Claude Sitbon....




Souvent oubliée, la souffrance qu’a connue la Tunisie pendant la Seconde Guerre mondiale est pourtant bel et bien réelle.
Retour sur un passé à dépoussiérer

La Tunisie est le seul pays d’Afrique du Nord à avoir connu l’Occupation allemande (9 novembre 1942-8 mai 1943). Destructions, profanations, rationnements, port de l’étoile jaune, réquisitions et amendes, le tout sous les bombardements des forces alliées…

Les mémoires des Tunisiens restent à jamais marquées par cette période tragique. Tunis est visé en premier chef, mais également Nabeul, Kairouan, Sfax, Sousse, Djerba…

L’influence ravageuse de la propagande antisémite du Grand Mufti de Jérusalem, qui indiquait à Hitler quelles devaient être ses cibles juives dans le monde arabe et musulman, produit des effets indéniables dans la société tunisienne.
Selon certains, ces effets restent cependant limités. Une longue expérience de vie commune entre Juifs et Musulmans commence à s’effacer avec l’arrivée des Allemands.

Sur une population de 80 000 juifs, plus de 5 000 sont conduits dans d’odieux camps de travail ou envoyés aux travaux forcés.

Les conditions de vie y sont très difficiles, certaines zones sont pilonnées par l’aviation alliée. De nombreuses personnes y sont battues sauvagement, torturées ou y meurent parfois à la suite d’exécutions sommaires.
La présence des SS prouve que les juifs de Tunisie font partie de la solution finale qui commence à s’y mettre en place.
En effet, à la tête des SS se trouve le colonel Rauff, proche d’Heydrich et responsable technique des Einsatzgruppen qui avait déjà mis au point les camions à gaz, véritables chambres de la mort mobiles. De plus, en avril 1943 un premier convoi de déportés est acheminé vers les camps d’extermination polonais via l’Allemagne ; le champion du monde de boxe Young Perez figure parmi les nombreuses victimes. Seul le débarquement américain, qui a lieu un mois plus tard, permet de sauver in extremis d’une mort certaine ceux que l’on peut donc appeler des survivants.
Les souffrances des Juifs de Tunisie

Au-delà de cette terrible réalité, il faut également prendre en compte les souffrances liées aux effets des bombardements, libérateurs tout autant que dévastateurs.
Par ailleurs, des milliers de Juifs tunisiens s’engagent volontairement dans l’armée française et beaucoup meurent en 1940 ou plus tard dans la Résistance – pour ne citer que Georges Attal, Maurice
Nisard, Paul Sebag, et certains qui seront déportés comme Lise Hannon et le père de Serge Moati – ou encore à la fin du conflit aux côtés des Alliés.

D’autres malheurs plus grands ont conduit à occulter celui des Juifs de Tunisie mais, leurs bien dures souffrances s’inscrivent pleinement dans l’histoire de la Shoah. Comme depuis 8 ans, s’est tenue à Yad Vashem ce lundi 9 décembre une cérémonie de commémoration de l’occupation allemande en Tunisie à la mémoire des Juifs tunisiens tués et déportés.

Chaque année, c’est le Rav Eric Bellaïche, petit-fils du Rav Haïm Bellaïche , Grand Rabbin de Tunisie qui avait courageusement accompagné sa communauté pendant l’Occupation, qui y récite l’émouvant Kaddish suivi de la Hatikva reprise en choeur par l’auditoire en signe de rédemption.

L’auteur, historien et ancien conseiller de Teddy Kollek, est à l’initiative de la cérémonie commémorative de Yad Vashem

Source : Jerusalem Post

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