Un couple de propriétaires était jugé ce lundi devant le tribunal de Montpellier, notamment pour "harcèlement" après avoir contraint une infirmière et sa famille à quitter leur logement en pleine épidémie de Covid-19.
Les propriétaires du logement qu'une infirmière héraultaise avait été obligée de quitter après avoir été harcelée à cause de son métier en pleine pandémie de Covid-19 ont été relaxés ce lundi par le tribunal correctionnel de Montpellier.
Le couple, une femme de 76 ans et son compagnon de 80 ans, contre lesquels de un à trois mois de prison avec sursis avaient été requis, a simplement été condamné à 50 euros d'amende avec sursis pour "dégradation" légère d'un bien, en l'occurence une enceinte.
50 euros d'amende pour dégradation d'un bien
L'ex-employée de banque et le représentant à la retraite au casier judiciaire vierge, étaient notamment poursuivis pour "manoeuvre, menace, voie de fait ou contrainte pour forcer une personne à quitter son lieu d'habitation" et "harcèlement". S'ils ont reconnu un conflit avec leur locataire, notamment autour du nombre de personnes occupant le logement, ils ont nié toute relation avec le métier de leur locataire. Le tribunal n'a pas non plus retenu ce lien et n'a pas reconnu la constitution de partie civile du CHU de Montpellier et de l'ordre départemental des infirmiers.
Mélina Florès s'est dite "extrêmement déçue, voire écoeurée" du verdict, ce lundi sur BFMTV. Elle raconte avoir été contrainte de déménager avec son conjoint, sa fille et sa mère âgée en pleine période de confinement, et déplore le comportement de ses propriétaires en ces temps difficiles.
"Au départ, c'était dirigé contre ma mère et ma fille", avait expliqué plus tôt à la barre l'infirmière anesthésiste, évoquant une altercation initiale le 23 mars entre sa mère, venue d'une résidence seniors, et la propriétaire, à propos de la présence d'un chien et du nombre d'occupants du logement situé à Montarnaud, au nord de Montpellier. "Il m'a fallu aller déménager en plein confinement, en pleine nuit", a-t-elle expliqué, affirmant avoir ainsi "accumulé de la fatigue" alors qu'elle était sollicitée pendant de longues heures en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus.
"Des pressions quotidiennes pour qu'on parte"
A la barre, le couple a "joué la carte des personnes âgées fragiles, or ce n'était pas du tout le cas quand ils nous ont mis la pression", assure également l'infirmière sur BFMTV. "Ces deux personnes, et notamment la propriétaire, voulait absolument que ma famille parte du logement. Et après ça a été des pressions quotidiennes pour qu'on parte, elle ne voulait absolument pas qu'il y ait des étrangers chez elle et qu'on lui ramène le virus".
Devant la presse, Jean-Christophe Legros, l'avocat des propriétaires, s'est déclaré satisfait de la relaxe, qu'il avait réclamée, dénonçant dans cette affaire un "emballement médiatique et judiciaire" et "une information déformée". Le dossier avait provoqué beaucoup d'émoi au plan national, au moment où les soignants étaient en première ligne dans la lutte contre la pandémie.
Selon le procureur André Dutil, la situation avait "dégénéré" lorsque l'infirmière anesthésiste du CHU de Montpellier avait installé dans son appartement sa fille, sa mère et son compagnon, elle-même choisissant d'occuper le studio de sa fille pour se rapprocher de son lieu de travail. Fustigeant "un véritable harcèlement" à l'encontre de la locataire, il avait requis trois mois de prison avec sursis et 2000 euros d'amende contre la femme et un mois de prison avec sursis contre son compagnon.
Mélina Florès, qui travaillait au centre hospitalier pendant le pic de l'épidémie de coronavirus, affirme sur notre antenne ne pas avoir été contaminée par le Covid-19. "A l'hôpital, je prenais toutes mes précautions", certifie l'infirmière.
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