mardi 2 juin 2020

Application StopCovid : comment la télécharger ? Est-ce bien utile ?


STOP COVID. Il est désormais possible de télécharger l'application StopCovid, mise au point sous la supervision du gouvernement. Mais comment l'utiliser ? Où la trouver ? Et en quoi est-elle utile pour lutter contre l'épidémie de coronavirus ? Les réponses ci-dessous.

[Mis à jour le 2 juin 2020 à 21h38] Ce mardi 2 juin, l'application StopCovid a bien été mise à disposition du grand public, comme annoncé par le gouvernement. Elle est donc disponible en téléchargement sur le Play Store de Google pour les smarphones sous Android, et sur l'App Store d'Apple pour les iPhone. Néanmoins, l'application a été mise en ligne avec un peu de retard, notamment sur l'Apple Store (après 20 heures). Pour rappel, l'application StopCovid vise à limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus, en prévenant les utilisateurs en cas de présence de personnes contaminées à leurs alentours. Pour l'installer sur votre smartphone, la manipulation est extrêmement simple : il vous suffit de vous rendre sur Google Play si vous avez un téléphone équipé d'Androïd, ou sur App Store si vous possédez un iPhone. Retrouvez les boutons de téléchargement ci-dessous.

Télécharger StopCovid

 
Attention à ne pas se tromper et à ne pas télécharger la mauvaise application : une fois sur le store d'Apple ou de Google, il faut opter pour "StopCovid France". L'application "Stop Covid19 Cat" n'est pas du tout l'application française, mais un logiciel catalan au fonctionnement très différent. Elle a pourtant été téléchargée des milliers de fois ce mardi, par confusion, sur la plateforme d'Apple.
Bien entendu, comme promis par le gouvernement, qui est à l'origine du déploiement de cette application, celle-ci est entièrement gratuite. Les autorités publiques ont bien fait savoir que son installation, qui accompagne la deuxième phase du déconfinement, ne se fait que sur la base du volontariat. Concrètement, l'appli StopCovid permet à une personne positive au coronavirus d'alerter automatiquement tous les utilisateurs avec lesquels elle a eu un "contact prolongé" récemment, à moins d'un mètre et durant plus de quinze minutes, afin qu'ils se fassent tester à leur tour.

Comment fonctionne l'application StopCovid ?

StopCovid est une application volontaire et provisoire, qui permet, une fois installée sur les smartphones, d'établir les connexions entre ses utilisateurs et donc d'alerter parmi eux les contacts de ceux qui seront testés positifs au coronavirus. Une alerte qui permet à ces "cas contact" de consulter un médecin et de s'isoler en attendant les résultats d'un test de dépistage.
Le ministre de la Santé Olivier Véran et le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O, dans une interview au Monde a explosé le principe dans les grandes lignes : "développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission. L'idée est de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif, afin qu'elles se fassent tester elles-mêmes, et si besoin qu'elles soient prises en charge très tôt, ou bien qu'elles se confinent".
"Llorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l'un enregistre les références de l'autre dans son historique". "Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique", indiquait alors Cédric O. Le ministère de l'Economie et des Finances a publié le 21 mai un dossier de presse dans lequel le fonctionnement de l'application a été schématisé :
Fonctionnement de l'appli StopCovid.
r
Cédric O a néanmoins martelé pendant des semaines que StopCovid n'était qu'une "brique – par ailleurs incertaine – d'une stratégie globale de déconfinement et un outil numérique parmi d'autres dans la lutte contre l'épidémie".

Un débat sur les données personnelles et les libertés

Emmanuel Macron a mis en place dès la mi-mars un comité d'experts, le Comité analyse recherche et expertise (Care), chargé notamment de réfléchir à une "stratégie numérique d'identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées". Lors de son audition devant la mission d'information sur le coronavirus de l'Assemblée le 1er avril, Edouard Philippe avait évoqué un traçage "volontaire" en France. "Il faut explorer toutes les portes ouvertes, plein de technologies peuvent se révéler utiles", avançait-on déjà à Matignon. Le même jour, Cédric O avait lui aussi confirmé que le gouvernement étudiait ce genre de dispositif.
Mais cette longue préparation de l'opinion n'a pas empêché le débat d'exploser, y compris au sein de la majorité, comme l'a rapporté le Parisien dès le mardi 7 avril. Le même Parisien a publié le lendemain une interview de Stéphane Séjourné, eurodéputé LREM et ex-conseiller d'Emmanuel Macron, qui estimait que le traçage numérique revenait à "admettre que les régimes autoritaires sont mieux armés que les démocraties pour répondre à la crise".  L'ancien conseiller politique à la présidence de la République n'hésitait pas alors à parler de "Big Brother" et exhortait le gouvernement à garder "cette philosophie, basée sur le respect des règles et la confiance dans les individus".

Une appli validée par la Cnil

Avant le vote des parlementaires, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) avait elle aussi définitivement validé mardi 26 mai le principe de l'application, dans un avis qui souligne que la solution numérique respecte la protection des données. La Cnil se réjouit notamment que certaines de ses recommandations aient été suivies sur l'anonymisation des contacts, la durée de sauvegarde des données, le fait que ce soit le ministère de la Santé qui en ait la charge, ou encore sur la liberté ou non de l'installer sur son smartphone et ce sans aucune conséquence juridique négative (sur l'accès aux transports en commun par exemple).
"C'est une bonne chose que l'on ait pris le temps de s'assurer qu'il y ait des garanties suffisantes en matière de protection de la vie privée pour mettre en oeuvre une application qui n'est pas banale ou anodine", affirmait Marie-Laure Denis, la présidente de la Cnil, sur Europe 1 ce mardi.  Elle promet que StopCovid préservera "l'information des personnes et leur droit à l'effacement des données enregistrées sur les téléphones portables et le serveur central". 
D'autres évolution plus technique, comme un nouvel algorithme de chiffrement ou la fragmentation des clés de chiffrement permettent, selon la Commission, de "garantir l'impossibilité pour un seul acteur d'opérer un détournement d'usage des données". "L'utilité réelle du dispositif devra être plus précisément étudiée après son lancement", nuance néanmoins l'avis qui livre quelques recommandations supplémentaires, mais conclue que StopCovid "peut légalement être mise en oeuvre".
Dès le dimanche 26 avril, dans un premier avis consultable sur son site Internet, les membres du collège de la Cnil avaient déjà estimé que "l'application [pourrait] être déployée, conformément au règlement général de protection des données (RGPD), si son utilité pour la gestion de la crise [était] suffisamment avérée et si certaines garanties [étaient] apportées". La commission appelait néanmoins le gouvernement à "une grande prudence", estimant que l'appli StopCovid risquait de générer un "phénomène d'accoutumance" aux dispositifs de pistage. Elle rappelait que ce type d'application pose des "questions inédites en termes de protection de la vie privée".
Auditionnée par le Sénat le mercredi 15 avril, la présidente de la Cnil, Marie-Laure Denis, avait déjà exhorté le gouvernement à rendre l'application "temporaire". "Il faut vraiment que sa durée n'excède pas la durée nécessaire au traitement de la crise sanitaire", avait déclaré la présidente de la Cnil, évoquant aussi une "protection des données personnelles", "une suppression des données", la possibilité essentielle de pouvoir désinstaller l'appli et que le consentement soit "éclairé". "Le refus de télécharger l'application ne devra pas non plus réduire vos facultés de déplacement", avait-elle ajouté.
Une nouvelle audition de Marie-Laure Denis a eu lieu mardi 5 mai à l'Assemblée nationale. Elle a indiqué aux députés que la Cnil qu'elle dirige avait déjà commencé à décortiquer le projet StopCovid, et que la commission serait "particulièrement attentive à la durée de conservation des données" ainsi qu'à leur "pertinence". La présidente de la Cnil demandait à ce que les données soient "supprimées dans un délai assez bref, bien avant la fin de l'épidémie". Il semble qu'elle ait été entendue...

Volontariat et anonymat répond le gouvernement

"Il faut se garder du fantasme d'une application liberticide.Il s'agit d'un outil installé volontairement, et qui pourrait être désinstallé à tout moment. Les données seraient anonymes et effacées au bout d'une période donnée", a répondu au Monde Cédric O aux détracteurs de StopCovid dès le 8 avril. Principale garantie affichée par les défenseurs de l'outil de contact tracing : l'application mobile est basée sur une installation volontaire par les utilisateurs de smartphones et sur la communication Bluetooth qui permet de conserver l'anonymat.

StopCovid peut "sauver des vies"

Cédric O a publié il y a peu un long billet sur la plateforme Medium. Sur le fond, il estime que StopCovid est très précieuse, avec d'autres outils, pour éviter un rebond de l'épidémie lors du déconfinement. Il faut selon lui "tout faire pour couper les 'départs de feu' le plus rapidement possible, y compris en utilisant des outils numériques comme 'StopCovid', dans des conditions très encadrées et proportionnées". La solution numérique serait même fortement utile selon lui "dans les centres urbains [...], les transports en communs, les lieux publics ou les commerces", où les moyens humains ne permettront pas de reconstituer les chaines de transmission aussi efficacement que le traitement de données.
Chacun peut évidemment "refuser ces outils pour des raisons philosophiques" , mais cela reviendrait "dans ce cas" à "accepter un risque significatif de malades et de morts supplémentaires", prévient aussi Cédric O qui martèle que StopCovid "n'est pas une application de surveillance", "n'est pas une application de tracking" au sens de géolocalisation, "n'est pas une application de délation", "n'a rien d'obligatoire", "n'a rien d'une boite noire" et présenterait même de nombreuses garanties.
Dans Le Figaro le 26 mai, Cédric O a encore voulu enfoncer un peu plus le clou, assurant que StopCovid "sera automatiquement désactivée et que les données seront toutes effacées dans les six mois suivant la fin de l'État d'urgence sanitaire". "On ne peut pas être mieux-disant en termes de protection de la vie privée que cette application !", jure le secrétaire d'Etat. "Personne, pas même l'État, n'aura accès à une liste de personnes diagnostiquées positives ou à une liste des interactions sociales entre les utilisateurs."

Le bras de fer de la France face à Apple

Pour régler en partie ce problème, Apple et Google ont annoncé vendredi 10 avril un partenariat "dans le but d'aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus", mais "en intégrant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs au coeur de la conception". Leur solution, baptisée "Exposure notifications", est basée sur une API "décentralisée". Elle s'est donc vite avérée incompatible avec StopCovidInterrogé au Sénat sur cette question dès la mi-avril, Aymeril Hoang, ancien directeur de cabinet de Mounir Mahjoubi au Numérique et conseiller du gouvernement, a plaidé la souveraineté numérique et mis en garde contre la "solution clé en main" des deux géants. Des arguments repris mot pour mot ou presque par Cédric O qui a confirmé le 20 avril devant la commission des lois du Sénat que le modèle proposé par la France ne changerait pas d'un iota sur ce point. 
Le secrétaire d'Etat au Numérique n'a ensuite eu de cesse de confirmer cette position, comme dans le Journal du Dimanche du 26 avril ou sur BFMTV le mardi 5 mai. Même si elle est toujours restée "en discussion avec Apple" la France n'a pas voulu céder aux injonctions de la firme américaine, estimant que "la maîtrise du système de santé, la lutte contre le coronavirus, c'est l'affaire des Etats" et que l'option "centralisée" apportait autant de garantie de sécurité que la "décentralisée" prônée par les deux géants du numérique. "Dans une tribune commune à l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal [...] nous rappelons que les choix sanitaires d'un pays ne doivent pas être contraints par les choix d'une entreprise, aussi innovante soit-elle", a encore indiqué Cédric O ce 26 mai dans Le Figaro.
"Il y a effectivement la solution proposée par Apple et Google qui pose selon nous un certain nombre de problèmes en terme de protection de la vie privée et en terme d'interconnexion avec le système de santé", avait précisé le ministre début mai sur Medium ou encore sur BFMTV. "C'est pour ces problèmes, pas parce que Apple et Google sont des grands méchants loups, que nous avons refusé de passer par leurs solutions", a ajouté le secrétaire d'Etat.
Au-delà des discours politiques, la maîtrise des datas est au coeur du problème. L'accès aux métadonnées, c'est-à-dire des aux enregistrements anonymes effectués par StopCovid peut aussi permettre au gouvernement et à ses autorités de santé de mesurer l'évolution de l'épidémie à une échelle géographique très fine. "Cela permet de générer des données statistiques de suivi de l'épidémie, toujours en préservant l'anonymat des utilisateurs", a récemment confirmé un spécialiste du dossier dans Le Figaro. Si les clés avaient été données à Apple et Google, le gouvernement auraient pu dire au revoir à ces datas et donc à cette analyse.

StopCovid sur iPhone : un défaut qui limite son efficacité

L'application fonctionne sur tous les smartphones. Mais faute d'avoir trouvé un accord avec Apple, l'appli du gouvernement comporte une particularité pour les possesseurs d'iPhone. StopCovid reste inefficace dans une situation particulière. Dans un groupe de personnes n'ayant que des iPhone et dont tous les appareils sont en veille, l'appli pourrait rester "endormie".
Dans Le Figaro ce mardi 26 mai, Cédric O a bel et bien évoqué une appli qui pourra "réveiller" les autres applications à proximité. Plus précisément, une fois lancée, StopCovid pourra fonctionner, même si elle n'est pas utilisée, mais tant que l'iPhone est en marche. Elle pourra ainsi continuer à émettre et envoyer des signaux aux autres smartphones équipés.
 Quand l'iPhone sera en veille en revanche, l'appli devra être "réveillée" par un autre smartphone émettant lesdits signaux, mais seulement s'il s'agit de téléphones sous Android. S'il s'agit d'autres iPhone, qui ne sont pas en capacité d'émettre en permanence, alors elle restera "endormie". Faute d'utiliser l'API Exposure notification d'Apple et Google, StopCovid sera donc inopérante dans certains cas précis. Dans des groupes exclusivement équipes d'iPhone et dont les appareils sont simultanément en veille, elle ne pourra pas fonctionner...

L'efficacité de StopCovid très incertaine

Reste une dernière question fondamentale : StopCovid sera-t-elle vraiment efficace dans la lutte contre une nouvelle vague épidémique de coronavirus ? Dans Le Monde le 8 avril, Cédric O appelait les Français à "se garder d'un fantasme opposé, celui de l'application magique qui permettrait de tout résoudre. Il y a une incertitude technologique, et ce n'est qu'une brique optionnelle dans une stratégie globale de déconfinement". 
Le président du Conseil scientifique en charge de conseiller le gouvernement sur le Covid-19 a lui aussi émis des réserves devant le Sénat dès le 15 avril. Jean-François Delfraissy estimait qu'il faudrait compléter l'app par des moyens humains de traçage et de surveillance de l'épidémie sur le terrain. "Les Coréens ont une brigade de 20 000 personnes pour traquer les contacts. Il y a de l'humain derrière le numérique. Mais ça, on ne l'a pas en France. Si on ne l'a pas, une app numérique ne marchera pas", indiquait le professeur, qui a depuis formulé une préconisation en ce sens.
Le Conseil scientifique a indiqué dans un avis rendu public samedi 25 avril qu'il était nécessaire que "des équipes mobiles de contact tracing et d'isolement" soient mises en place, "notamment pour cibler des populations isolées ou précaires ou en cas d'éclosion de foyers de transmission (clusters)". 
Ces équipes seraient "complémentaires des plateformes" comme StopCovid et "seraient coordonnées en lien direct avec celles-ci", écrivaient les spécialistes. "En appui de l'app, il faut une très large utilisation des tests pour les personnes ayant croisé un malade", ajoutait Jean-François Delfraissy. Cédric O a quand à lui indiqué dans le JJD le 26 avril que StopCovid serait bien un élément "du dispositif d'enquêtes sanitaires qui est au coeur du déconfinement, afin d'éviter que l'épidémie ne reparte". Ces brigades ont été confirmées par Edouard Philippe dans la présentation du plan de déconfinement le 28 avril et ont commencé à travailler le 11 mai.

Combien d'utilisateurs de StopCovid ?

La question du taux de pénétration de l'appli StopCovid est également posée. Si elle est basée sur le consentement ou le volontariat, elle pourrait être installée sur une portion réduite de téléphones, ce qui réduirait de fait son efficacité. La question des seniors est elle aussi patente. Alors qu'ils sont les plus susceptibles de développer des formes graves du coronavirus, ils sont aussi ceux qui sont les moins bien équipés en smartphones.
 La présidente de la Cnil Marie-Laure Denis chiffrait lors de son audition au Sénat mi-avril le taux d'équipement des plus de 70 ans à seulement 44%, contre 98% chez les 18-25 ans. Mais Cédric O minimise. Selon lui, dans les grandes zones urbaines où StopCovid sera la plus utile, le taux de pénétration est de 90%. 
"Notre première cible, ce sont les personnes qui sont très mobiles, particulièrement en zone dense. C'est pourquoi nous allons fortement encourager son utilisation auprès des populations d'actifs urbains, qui prennent les transports en commun. Ceux-ci détiennent des smartphones à plus de 97%", assure-t-il au Figaro ce mardi 26 mai. 

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