Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Quel est votre pourquoi ?
Pourquoi vous levez-vous tous les matins ?
Si la réponse est « uniquement pour gagner des sous » alors c’est bien triste pour vous. Non pas que je me permette un jugement. Je me suis, comme beaucoup, levé le matin pour gagner ma vie, pas pour la vivre. Alors je ne serai pas celui qui jette la première fiche de paye sur le pauvre bougre qui veut remplir la gamelle en travaillant.
Il faut beaucoup de dignité, beaucoup de courage, pour se lever chaque matin, pour aller gagner son pain quotidien dans l’ennui d’un travail que l’on n’aime pas. Vraiment beaucoup.
C’est sans doute parce qu’il manque à beaucoup de nous un solide « pourquoi », que de très nombreux Français ne souhaitent plus retourner travailler ce qui pose un sacré problème aux entreprises. Et pour tout vous dire, je savoure avec délectation ce moment savoureux d’un point de vue « RH », RH pour les Relations Humaines dans l’entreprise….
Hahahahahahahahahahahahahahahahaha….
Qu’est-ce que je rigole mes amis.
Je sais ce n’est pas bien de se moquer des malheurs des autres, mais là il s’agit du malheur des patrons du Medef qui contemplent, médusés un refus massif de retourner au boulot des gueux. Et le pire, ce n’est pas dans les fonctions de bases… Par exemple les caissières sont fidèles aux postes et l’ont été pendant le pire de la crise d’ailleurs. Elles avaient un pourquoi elles ! Elles se levaient le matin pour permettre aux gens d’acheter à manger. Le postier permettait aux gens d’avoir un courrier. Bref, ce pays a tenu uniquement parce que les « petits », les « ceux qui ne sont rien » avaient une certaine idée de leur utilité… loin d’être marginale pour la société même si leurs salaires eux… sont marginaux !
Bref, du côté des remplisseurs de tableurs excel, le moral n’est pas au retour au boulot.
Il faut dire qu’un tableur excel cela se remplit aussi bien depuis la maison de campagne que de sa grande tour inhumaine de la Défense et du confort de sa ligne A du RER à l’heure de pointe surtout l’été lorsque la température monte à 42°….
Les entreprises et les patrons, ceux-là mêmes qui expliquent depuis 40 ans que les « Français ont peur du changement », qu’il « faut s’adapter à un monde qui change »… et « gnagnagnagna » n’ont jamais voulu entendre parler du télétravail, car c’est perdre la main et le contrôle sur le salarié ce qui est parfaitement vrai.
On ne peut pas manager et diriger à distance comme en présentiel… surtout pour mettre la pression et exercer toutes les manipulations psychologiques qui sont, en réalité, les techniques au cœur de toute activité dite de « management »…. et je peux vous dire que j’en connais un rayon. La distance fait perdre aux « chefs » la faculté de jouer les uns contre les autres.
Je vais vous donner un exemple pour illustrer cela.
Un grand jeu de chef est de traverser la cantine, une salle de réunion, ou je ne sais quel autre endroit comme la machine à café. Vous allez voir directement Pierre, en évitant ostensiblement Paul et Jacques… Vous ne dites rien aux deux derniers. Vous vous entretenez longuement avec Pierre. Vous déclenchez immédiatement de la jalousie, de la peur ou de la culpabilité chez Paul et Jacques qui se demandent ce qu’ils ont fait de mal, pourquoi Pierre et pas eux etc… C’est une méthode de base du « diviser pour mieux régner ».
La majorité des gens ne se rendent pas compte de ces méthodes et les subissent parce qu’ils n’y ont pas été formés et qu’évidemment personne ne leur explique. Mais, ils savent bien de manière diffuse, que quelque chose cloche, ils savent bien qu’ils se sentent mal au travail, mal avec les autres
Retournez travailler !!
Tel est désormais le cri et l’appel du Medef !
Ils veulent leurs esclaves serviles à portée de fouet, et ceux qui refusent parce qu’ils prennent goût au télétravail sont évidemment, consciemment ou non, en train de s’émanciper de la tutelle de l’employeur.
En réalité ceux qui nous disent qu’il faut nous adapter, sont simplement confrontés à un immense problème d’adaptation de leurs méthodes de management, d’encadrement et de direction.
Ce que ne comprend pas le patron du Medef (en fait si, il le comprend mais c’était pour la figure de style) c’est que les gens veulent bien travailler, ils ne veulent juste pas retourner travailler.
Ils ne veulent pas retourner au bagne alors que les faits montrent qu’ils n’ont pas besoin d’aller supporter les transports, la barre gluante du métro, la pollution, la saleté, la sueur, la puanteur et la chaleur des métros et des RER ou les mains aux fesses dans les tramways. Ils ne sont pas obligés d’aller supporter les méthodes de manipulation psychologique des « managers ». Ils ne sont pas obligés d’aller s’enfermer dans des clapiers sans espaces vendus ou loués à prix d’or alors que notre pays ne manque pas d’espace. Ils n’ont pas besoin de supporter tout cela pour remplir des tableurs excel dans tous les « bullshit » jobs de Geoffroy Roux de Bézieux et de tous ses acolytes.
C’est quoi une « start-up » ? C’est l’inverse du management à la française !
Si vous voulez savoir ce qu’est une start-up c’est facile en réalité.
Une start-up est une entreprise qui vous donne un objectif. Vous pouvez aller à la plage, manger une glace, venir en short au bureau et même avec votre caniche si cela vous amuse, mais il va vous falloir atteindre votre objectif car si vous n’y arrivez pas, vous serez viré, tout simplement renvoyé.
En France, les grosses boîtes ne veulent pas virer… elles préfèrent vous rendre la vie impossible jusqu’à obtenir que vous partiez, d’où la notion d’harcèlement moral et l’augmentation de la souffrance au travail et accessoirement du nombre de suicides.
Pourquoi ne pas virer ceux qui n’y arrivent pas ?
Parce que si vous dépassez certains seuils alors il faut faire un plan social et tout le tralala qui va avec.
Le monde du travail en France est d’une hypocrisie terrible.
Vous savez ce qu’il va se passer ?
Les nuls qui n’atteignent pas les objectifs retourneront travailler, fayoter. Certains auront même des promotions, et deviendront les petits chefaillons à l’esprit étriqué qui tuent à petit feu ce pays et ses forces créatrices.
Les bons, eux, iront télé-travailler, ils deviendront indépendants, ils factureront des prestations.
Les uns auront une vie agréable, les autres une vie contrainte.
Les uns choisiront leur localisation, les autres la paieront au prix fort.
Mais au bout du compte, les compétences cela se paye, cela se paye en monnaie mais aussi en qualité de vie que vous permettez aux âmes dont vous avez la charge.
Les entreprises qui voudront de vraies compétences, devront s’adapter au fait que non, « ils ne veulent pas retourner travailler ».
Pour tous les autres bullshit jobs, le monde n’a jamais manqué d’esclaves volontaires pour leur propre asservissement.
Au bout du compte, ce confinement aura servi à beaucoup à se rendre compte que la véritable richesse n’est pas l’argent, mais le temps, l’espace et la liberté…
Le reste n’est qu’aliénation.
Nous sommes nés pour ne vivre qu’un temps ce qui le rend si précieux, pour vivre dans de grands espaces, et pour vivre libre.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
Pour m’écrire charles@insolentiae.com
Pour écrire à ma femme helene@insolentiae.com
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