samedi 13 juin 2020

Naître et sortir du rêve...Béhaalotekha !


Lorsque l’on rêve, non seulement l’impossible devient possible, mais il peut même être banal. On peut rêver que l’on vole dans les airs, et ne rien y trouver d’extraordinaire. Mais on peut également rêver que l’on est prisonnier, asservi, opprimé, et considérer cela comme normal.
La plupart des rêves puisent leur matière dans les pensées qui nous occupent en journée, tissant leur tapisserie de nos émotions, de nos préoccupations et de nos intérêts, raccommodant les espaces libres avec des morceaux de vie empruntés à d’autres temps, à d’autres gens, à d’autres rêves, voire aux rêves d’autres gens...
Chir hamaaloth, « Cantique des degrés, lorsque D.ieu reviendra à Sion, nous aurons été comme des rêveurs... », dit le Psalmiste. Lorsque Machia’h viendra, lorsque l’histoire du monde accouchera enfin de la Rédemption, l’humanité, enveloppée dans la douce étreinte de la Divinité, ouvrira les yeux sur un nouveau monde, clair et lumineux. Un monde où les terribles contractions de l’exil ne seront plus qu’un mauvais rêve, qui finira par s’estomper.
Il semble qu’aujourd’hui beaucoup de gens soient en train d’ouvrir les yeux sur ce que fut la réalité de leur histoire. Des yeux parfois effarés. Comme ceux, presque aveugles, du nouveau-né que l’on suspend par les pieds pour qu’il vomisse le liquide amniotique qui emplit ses poumons et qui l’empêche de respirer. Car la naissance, c’est aussi cela. Se retrouver à l’envers, à vomir, à prendre une claque dans le dos, puis à pousser un grand cri.
Pourtant, l’histoire est comme l’embryogenèse, un long et complexe processus transformatif, et elle ne peut pas être jugée sur la seule base de ce qu’est devenu l’enfant lorsqu’il est prêt à naître. Dira-t-on qu’un embryon est malformé parce qu’il ressemble plus à un poisson qu’à un être humain ? Comme la gestation, l’histoire a suivi son cours, l’humanité a progressé, laissant son ADN spirituel guider sa destinée globale, jusqu’à aujourd’hui. Et beaucoup, aujourd’hui, prennent conscience de beaucoup de choses.
S’agissant de l’horreur de l’esclavage dont il est actuellement beaucoup question, il y a effectivement de quoi se réveiller en sueur. À ce sujet, je vous invite à la (re)lecture d’un article édifiant du Rav Lord Jonathan Sacks, ancien grand rabbin de Grande-Bretagne et du Commonwealth, sur la lente fin de l’esclavage.
Chabbat Chalom !

Emmanuel Mergui

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