Un lecteur de Dreuz pose cette excellente question : « Comment les Français ont-ils pu tomber dans le piège Macron ? »
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Einstein disait qu’il y a une solution à tous les problèmes. Un admirateur lui fit poliment remarquer que ce n’est pas vrai. Einstein répondit : « je n’ai pas dit que ce sont toujours des bonnes solutions ».
orsqu’on souhaite trouver la solution à un problème, il faut commencer par en définir les causes (je croyais que seuls les gens qui sortent de l’ENA ont le droit de ne pas savoir faire ça).
J’ai déjà été dans la situation d’expliquer pourquoi les Français ont fait l’erreur d’élire François Hollande. Ils ont refait exactement la même erreur avec Macron. Je crois qu’ils vont faire la même erreur la prochaine fois.
Et comme je suis un homme simple, je n’ai pas besoin de longues démonstrations pour expliquer ce que j’ai plusieurs fois constaté et largement compris : les Français sont politiquement immatures.
- Les Français ne lisent pas les programmes des candidats – ceux qu’ils aiment, et ceux qu’ils n’aiment pas, pour comparer et mieux comprendre les différences de vision. Comment savoir ce que fera un élu si l’on ne commence pas par regarder ce qu’il veut faire ? Tout le monde le sait, aucun ne respectera la totalité de ses promesses électorales, mais c’est un point de départ indispensable, irremplaçable, parce que dans chaque équipe de campagne, il y a des gens payés pour réfléchir et rédiger un programme, des gens qui prennent leur travail au sérieux, et qui sont convaincus qu’ils doivent être fidèles aux vœux de leur candidat.
- Les Français n’étudient pas les actions passées du candidat pour qui ils envisagent de voter, ses décisions, ses succès et ses échecs.
Comment savais-je que François Hollande serait un très mauvais président ? Parce que j’ai la science infuse ? Parce que j’ai le don de lire dans l’avenir ? Non, rien de tout cela : je me suis contenté de voir le bilan de la gestion de sa région. Elle était la plus endettée de France, au bord de la faillite. Pas besoin d’être un grand sorcier pour comprendre une chose aussi simple que ça : si un politicien n’est pas capable de bien gérer une région, par quel miracle saura-t-il gérer tout un pays ? - Les Français se contentent des discours des candidats, et se laissent séduire par leurs talents d’orateur, c’est-à-dire qu’ils attachent plus d’importance à la forme et pas assez au fond.
Conséquence : les Français se retrouvent tout étonnés, ils se réveillent avec la gueule de bois, quelques semaines seulement après l’élection, quand ils découvrent – un peu tard – que celui qu’ils ont élu ne ressemble pas du tout à ce qu’ils imaginaient. Et les médias eux-mêmes s’étonnent que les nouveaux présidents s’effondrent rapidement dans les sondages…
Conclusion
Je disais en introduction que pour régler un problème, il faut commencer par poser les bonnes questions pour en trouver les vraies causes. Ca ne veut pas dire qu’on va le solutionner, mais il est certain qu’en posant les mauvaises questions, on n’y arrivera jamais.
Se demander : « Comment les Français ont-ils pu tomber dans le piège Macron ? », est sans le moindre petit doute possible la plus mauvaise question qu’on puisse poser, parce qu’elle contient déjà tous les ingrédients du faux problème et du refus de chercher les vraies solutions.
Avec ce genre de question, rien ne changera jamais.
ette question porte en elle le problème : elle infantilise les Français. Elle disculpe les Français de toute responsabilité : ce n’est pas notre faute, nous avons été piégés. On nous a trompés. Nous ne sommes pas responsables, c’est la faute de l’autre.
- Il n’y a pas plus de piège Macron que de piège Hollande ou de piège Le Pen.
- Ce que vous appelez « piège » porte un nom : campagne électorale, avec ses méthodes marketing, ses opérations séduction, ses manipulations et sa propagande. Tous les candidats ont la leur. Ca existe partout, depuis plusieurs siècles, et il serait temps de vous en rendre compte.
- Et contre ce piège, il existe des solutions simples, exposées aux points 1 à 3 ci-dessus. Il suffit de s’en servir.
- Tant que des Français refuseront d’assumer la responsabilité de leur nonchalance politique, rien ne changera : ils continueront à se sentir « piégés ». J’appelle ça l’immaturité politique.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
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