Chez Garza! C’est vraiment une enseigne de légende qui a traversé le siècle pour rester entre les mains d’une même famille qui cultive un paradis de douceurs et une réputation inégalée.
L’histoire de cette pâtisserie tunisoise commence avec Luigi Garza, le fondateur de cette tradition qui s’est installé dans la petite boutique-atelier de la place de la Monnaie.
Du temps de l’ouverture au seuil des années 1930, Luigi Garza était entouré de plusieurs édifices prestigieux comme le siège de la radio tunisienne, l’école israelite ou la fameuse cité Boulakia. De fait, la boutique se trouvait à la confluence de toutes les communautés musulmane, juive, maltaise, italienne et française.
Avec son savoir-faire à l’italienne, le signor Luigi n’allait pas tarder à convaincre une clientèle qui brassait le riche et le pauvre, le notable et l’enfant du quartier. Fondateur d’une lignée, Luigi Garza inscrira son travail dans une lignée et répondra brillamment à sa vocation de maître-pâtissier.
Son fils Giovanni et son épouse Ida prendront le relais. Devant les fourneaux, Giovanni Garza allait ancrer la réputation d’excellence de la maison. Il confirmera les gâteaux les plus prisés et créera de nouvelles oeuvres de toutes les saveurs.
Les gourmets continuent de nos jours encore à venir de très loin pour récupérer leurs commandes. Car Chez Garza, les ventes ne se font que sur commande avec des pics en périodes de fête. Tout y est: les macarons, les mille feuilles et les puits d’amour. A déguster avec modération mais en appréciant chaque infime effluve, chaque grain, chaque détail savoureux.
Ida Garza veillait sur la salle, tenait le registre des livraisons et entourait de son accueil distingué chaque client. La maison Garza s’était taillée une réputation d’incontournable en ce qui concerne les biscuits secs et autres nougatines. Même chose pour tout ce qui a trait aux frangipanes. Avec une règle immuable: même pour un simple kilo de biscuits, il fallait passer commande et attendre son rendez-vous.
La procédure est toujours la même et, aujourd’hui, c’est Jean Garza, petit-fils de Luigi, qui, au four et au moulin, veille sur les destinées de la maison. Dans un décor en bois qui fleure bon la tradition, avec un atelier qui, tel un métronome, livre les fournées successives, Jean Garza officie et maintient une griffe qui fait des Garza des pâtissiers parmi les plus appréciés et de leur boutique l’un des rares lieux où l’on se relaie de père en fils.
Le public des gourmets, les nombreux habitués aussi, répondent présent et continuent de faire un triomphe aux succulentes pâtisseries de la maison Garza. Il m’est même donné de connaître de nombreux Tunisiens expatriés dont le premier réflexe lors du retour au pays est un gâteau de chez Garza, comme le veut l’expression consacrée.
Au chapitre des souvenirs, ils sont nombreux les écoliers des années soixante à avoir aussi goûté aux succulentes brioches tradition de Garza. Saupoudrées de sucre, ces boules rustiques de pain brioché s’arrachaient littéralement et disparaissaient de l’étal en quelques minutes. Cette fournée de brioches pour les écoliers du quartier n’est plus d’actualité mais la mémoire de ces délices qui ne coûtaient que vingt millimes perdure.
Tout comme la fidélité imperturbable des clients qui reviennent toujours chez les Garza, pâtissiers inséparables du goût de Tunis…
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