samedi 20 juin 2020

Françoise Héritier : "Nous sommes les seuls parmi les espèces où les mâles tuent les femelles"


Alors que des hommes cèdent à leurs "pulsions irrépressibles et licites" selon Françoise Héritier, ce sont les femmes qui subissent la honte, la souillure et le déshonneur qui s'étend aux leurs. Quels sont les redoutables mécanismes de la violence faite aux femmes ?

Qui exerce ces violences à l'encontre des femmes ? Françoise Héritier tient à clarifier cette question.
Lorsque nous parlons de la violence, des violences exercées à l’encontre des femmes, il ne vient à l’idée de personne de dire par qui… Mais les violences exercées à l’encontre des femmes, et bien il faut le reconnaître, dans toute l’histoire de l’Humanité et encore maintenant, ce sont des violences exercées par l’autre moitié sexuée de l’Humanité. Bien sûr il y a des femmes qui exercent des violences contre d’autres femmes (…) mais généralement ce sont des violences masculines.
Est-ce dans la nature de l'homme d'être violent ? La réponse sans équivoque de Françoise Héritier.
On nous parle d’une nature, d’une nature qui serait plus violente chez les hommes, qui serait fondamentalement dominatrice, et on nous parle aussi d’accès de bestialité. Dans tous les cas, on a tout faux ! Ce n’est pas une nature, c’est une culture ! C’est justement parce que les humains sont capables de penser, qu’ils ont érigé un système, qui est un système de valences différentielles du sexe. Et cela s’est passé il y a fort longtemps.
Nous sommes ainsi les seuls parmi les espèces où les mâles tuent les femelles. Ce n’est donc pas une question de bestialité, de nature, et parce que ce n’est qu’une question de pensée, de culture, de construction mentale, nous pouvons penser que la lutte peut changer cet état de fait.

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