La Mongolie, vous connaissez ? De nom, comme tout le monde. Un pays du bout du monde (pour nous), entre Chine et Russie, trois fois grand comme la France et vingt-deux fois moins peuplé. Densité : trois habitants au kilomètre carré. Autant dire qu’on ne doit pas être gêné par les voisins. Capitale Oulan-Bator, la plus froide du monde, nous précise-t-on. Bref, on ne va pas vous faire un cours de géo mais plutôt un petit rappel historique.
Cette république, de 1924 à 1992, connut un régime communiste. Du reste, une statue de Staline trônait encore jusqu’en 1990 dans une grande artère de la capitale. Staline qui, comme chacun sait, n’était pas mongol. C’était l’avantage du régime communiste, on n’hésitait pas à honorer des héros qui n’étaient pas du coin. À Thionville, c’est d’ailleurs ce qu’on va faire en débaptisant un lycée Colbert pour lui donner celui de l’Américaine Rosa Parks. 1990, la Mongolie, à l’instar de l’Union soviétique, connaissait sa perestroïka, une sorte de « mongolstroïka », comme l’écrivait Le Monde de l’époque. Sous la pression de la rue, le gouvernement fut alors contraint de déboulonner la statue de Staline.
Mais il fallut attendre 2012 pour qu’on déboulonne celle de Lénine. Le maire d’Oulan-Bator avait alors qualifié le révolutionnaire soviétique de « meurtrier », ce qui était d’une grande originalité. Des spectateurs, pour marquer leur mépris envers celui que des générations d’écoliers mongols avaient vénéré sous le titre de « maître Lénine », lancèrent même des chaussures. Sic transit, etc.
Libérés du joug communiste, les Mongols s’empressèrent alors de se souvenir de leur glorieux passé. Leur héros, tout le monde connaît son nom : Gengis Khan (1155-1227). Trois syllabes qui font trembler dans tout l’Orient, de son extrême à son proche, et même au-delà. Redevenu à la mode, le personnage caracole en bande dessinée ou en héros d’opéra rock. En 2008, une statue équestre colossale fut érigée en l’honneur de ce héros national, à Tianjin Boldog, bourgade située à une cinquantaine de kilomètres d’Oulan-Bator. 30 mètres de haut, acier inoxydable, 250 tonnes. Du pour durer. Elle est posée sur un bâtiment circulaire fait de 36 colonnes représentant les 36 khans. Le monument aurait coûté 4 millions de dollars. Pas moins. La légende veut qu’à cet endroit, Gengis Khan ait trouvé une cravache d’or.
Gengis Khan, fondateur d’un empire nomade qui, à son apogée au XIIIe siècle, s’étendait des rives de l’océan Pacifique à celles de la Méditerranée. Évidemment, cela ne se fit pas comme ça, comme on dit. Par exemple, la prise de Pékin, en 1215, fut l’occasion de massacrer toute la population. La ville fut pillée durant un mois puis rasée. 60.000 femmes se jetèrent du haut des murailles pour échapper aux assaillants. Le sort de la Chine réglé, le Khan se jeta sur l’Asie centrale. Lors de la prise de Samarcande, en 1220, Gengis Khan donne l’ordre de faire évacuer toute la population à l’extérieur de la ville pour la faire exécuter. Des pyramides de têtes (hommes, femmes, enfants : à chacun sa pyramide). Mais on ne va pas tout raconter ici, ce serait trop long, fastidieux et répétitif.
Bien évidemment, tout cela est à remettre dans le cadre de l’époque. Surtout ne pas décontextualiser ! Mais des fois qu’il prendrait des idées exotiques à nos déboulonneurs occidentaux, en mal de statues, on ne saurait trop leur recommander un petit voyage à Oulan-Bator. Le chantier, là-bas, est à la hauteur de leurs ambitions. Je vois qu’il y a des vols pas très chers à 1.300 euros environ (aller-retour). Le voyage est un peu long : une trentaine d’heures avec l’escale. Mais ça doit valoir le coût. Après, ils peuvent essayer le train, par Moscou. Plus long, plus cher. Plus romantique, aussi. Enfin, à cheval, comme Gengis Khan, en sens inverse. Faut aimer le cheval autrement qu’en tartare. On n’a pas trouvé d’information sur le standing des prisons d’Oulan-Bator.
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