Homo Sapiens Sapiens va sans grand doute accomplir plus de progrès techniques au XXIème siècle que pendant ses 100 000 premières années sur la planète. Passage en revue de 5 technos qui vont façonner notre siècle.
Passage en revue de 5 technos qui vont façonner notre siècle : logiciels de reconnaissance des formes et comportements, véhicules autopilotés, logiciels de traduction, impression 3D, et appareils d’autodiagnostic médical.
Les logiciels de reconnaissance faciale, reconnaissance des formes, des humeurs, logiciels d’anticipation comportementale.
Grâce d’une part au perfectionnement croissant des capteurs en tous genres (caméras, micros, etc.) et d’autre part à l’immense puissance de calcul désormais disponible, les machines vont être en mesure de capter de plus en plus d’informations et de l’interpréter de façon de plus en plus fine. Cela commencera par exemple par la possibilité de reconnaître sur des photos ou vidéos des formes de base (triangle, carré, etc.), puis très vite plus élaborées (arbre, avion, être humain, cheval, etc.). Si Google peut en donner un aperçu dans son célèbre Google Images, c’est à date parce que les photos ont été légendées manuellement ; des milliards de clichés et vidéos attendent ces nouveaux logiciels pour pouvoir être décrites automatiquement et nous permettre par exemple de trouver notre bonheur suite à des requêtes du type « films où apparaît un cheval au galop sur une plage ».
Viendront ensuite les visages. Les caméras de surveillance pourront reconnaître n’importe quel citoyen sur l’espace public instantanément, automatiquement. Espérons que les hommes aux commandes de ces logiciels resteront soumis à la souveraineté du peuple. On pourra aussi malheureusement, ou heureusement, retrouver aisément sur internet toutes les photos et vidéos publiques d’un individu. Les machines apprendront aussi à lire les expressions faciales et comprendre si l’on est fatigué, fâché, lassé, si l’on a envie de rire, etc. On peut déjà imaginer une maison intelligente qui reconnaît notre humeur le soir et nous accueille avec la musique idéale. Certains logiciels d’e-learning déjà sollicitent la webcam pour pouvoir mesurer les signes de fatigue de l’élève (bâillement, etc.) et changer d’exercices ou de matière en conséquence.
Une étape enfin sera encore franchie quand ces logiciels pourront anticiper des comportements, par exemple des caméras de surveillance pourront détecter sans intervention humaine que des individus ne cessent de s’attrouper puis de se disperser avant enfin de converger vers un lieu sensible : peut-être préparent-ils quelque chose de louche et y a-t-il lieu de faire un contrôle préventif ?
Les véhicules autopilotés : voitures et drones
Les véhicules terrestres sans pilotes vont faire drastiquement baisser le prix du transport des hommes et marchandises. Ils seront un facteur d’émancipation des personnes aujourd’hui dépendantes (enfants, handicapés, 4ème âge) en leur offrant une mobilité et une autonomie inédite. Les routes seront plus sûres, les bouchons disparaîtront et la pollution automobile chutera car les voitures circuleront de façon plus fluide. Plus besoin de permis ou d’assurance automobile. D’ailleurs sans doute dépasserons-nous la possession pour privilégier l’usage via la simple et suffisante location. Certaines questions éthiques ne manqueront pas d’être posées : quand par exemple un camion autopiloté aura le choix de percuter un bus rempli d‘enfants et les tuer sur le coup, ou de braquer et tuer un passant sur le trottoir, que faudra-t-il le programmer à faire ?
Notre ciel quant à lui s’apprête à être envahi par les drones. Je passerai vite sur leur usage militaire, en précisant simplement que le nouveau modèle d’avion de chasse américain (avec pilote) actuellement en cours de développement (embourbé dans des retards sans nom) sera vraisemblablement le dernier, les drones (sans pilote) prennent progressivement le pouvoir et seront un jour les seuls à voler dans l’armée US. Equipés d’armes, ils pourront prendre d’eux-mêmes la décision de tuer, d’autres débats en perspective…
Dans le civil, ils vont révolutionner notamment l’observation et le transport de marchandises. La législation va très vite devoir avancer pour leur fixer des limites sans les brider toutefois. Ces engins sont plus économiques que nos avions traditionnels car ils consomment moins du fait de leur petite taille et se passent évidemment d’un pilote. C’est aussi pour cette dernière raison qu’ils peuvent entreprendre des missions plus longues car la fatigue n’est plus un paramètre de l’équation de vol. Associés aux innovations de reconnaissance des visages, ils permettront d’assurer une plus grande sécurité de l’espace public. Ils pourront détecter les tout premiers signes de certaines catastrophes naturels (feux de forêts, tsunamis, etc), ou suivre par exemple les mouvements des grands mammifères en Afrique à des fins de protection. Les usages sont infinis. Au-delà de l’observation, les drones permettront d’acheminer des marchandises ou du matériel dans des zones difficiles d’accès, comme des vaccins ou des poches de sang dans un village isolé. Sans doute pourra-t-on se faire livrer des chaussures ou une pizza par drone, d’une simple commande sur son smartphone, ou louer un drone le temps de renvoyer sa raquette de tennis à un ami à l’autre bout de Paris. Des réseaux de drones se mettront en place pour se relayer un objet sur de longues distances, à l’image d’internet où l’information est dispatchée par « paquet » sur le réseau.
Les logiciels de traduction
Bientôt les « machines » (mot qualifiant invariablement les logiciels ou l’intelligence artificielle) nous permettront d’entendre quelqu’un parler en chinois et nous traduire dans l’oreillette en temps réel en français parfait, l’état de l’art est déjà étourdissant. Nous sommes je pense à moins de 10 ans de cette innovation de rupture : elle fera tomber une des dernières barrières de notre monde, celle de la langue. Une écolière ne parlant que le swahili pourra découvrir la littérature arabe, un touriste brésilien pourra aller se perdre au fin fond de la Papouasie-Nouvelle Guinée, les entrepreneurs chevronnés auront encore moins froid aux yeux et se tiendront prêts à partir à l’assaut des marchés les plus reculés. Éducation, média, art, tourisme, toutes les industries en fait seront bouleversées par cette technologie. La conscience mondiale, aujourd’hui naissante et le fait entre autres des chaînes d’informations et des grands rendez-vous comme la coupe du monde ou les JOs, se renforcera à grande vitesse, on se comprendra de mieux en mieux, on se dotera de nouvelles et nombreuses références communes. Cela ne se fera pas en un jour, mais bientôt, on se sentira Terrien avant de se sentir Français ou Européen. Quand une catastrophe surviendra, on ne se souciera plus de savoir combien de victimes françaises sont à déplorer, mais tout simplement combien d’êtres humains.
Cette innovation encore aujourd’hui balbutiante suppose 3 technologies : la « voice recognition » (hello Siri), la traduction à proprement parler et la synthèse vocale (« text to speech »). Les progrès sont aujourd’hui fulgurants dans ces 3 domaines. Une révolution où il faudra compter sur Microsoft et Google, imaginez lire un panneau en chinois avec vos Google Glasses et voir en temps réel se superposer la traduction dans la langue souhaitée…
L’impression 3D
L’impression 3D va révolutionner l’industrie. Elle consiste à fabriquer un objet en déposant de la matière en fusion couche sur couche, en alternant des pauses plus ou moins longues afin de la laisser sécher et se solidifier. Cette technologie permet de produire des objets d’un seul tenant, ou sinon suppose d’assembler moins de pièces, ce qui nécessite ainsi moins de rivets et de boulons et donc moins de main d’œuvre.
Hier et aujourd’hui, pour fabriquer un objet, il fallait être sûr de pouvoir le vendre en nombre suffisant pour amortir les frais fixes de paramétrage de la ligne de production (fonte de moules spécifiques, etc.). Demain, le coût de fabrication d’un objet unique, au-delà de sa conception, sera réduit pour ainsi dire aux billes de matière première à insérer dans l’imprimante 3D. Bienvenue dans l’ère du sur-mesure de masse à petit prix.
L’impression 3D conduira à relocaliser des usines en France, ce qui ajoutera aux économies déjà évoquées celles du transport, pour le plus grand plaisir des consommateurs qui profiteront de biens plus personnalisés à des prix plus bas que jamais. Et c’est tant mieux dirons-nous car ces relocalisations ne créeront malheureusement que très peu d’emplois directs.
Les appareils d’auto-diagnostic et de suivi médical
Que fait un médecin bien souvent lors d’une consultation ? Il observe, écoute ici ou là, palpe, pose des questions, confronte les informations recueillies au savoir acquis à l’université et à l’expérience pertinente engrangée auprès de tous les patients traités jusque-là et avec le patient concerné idéalement pour proposer le meilleur traitement possible. Le patient paie ensuite une somme non négligeable et se rend à la pharmacie. Recueillir des informations, les croiser, les interpréter et produire une liste de préconisations : voilà des tâches que la machine sait déjà faire, et saura bientôt faire dans le domaine de la santé.
Cette révolution viendra des pays où l’on manque cruellement de médecins, où tout est à faire en matière de santé, où les enfants meurent encore trop jeunes. Et moins probablement de nos contrées où la corporation est bien installée, prête à défendre ses intérêts et à expliquer les risques de l’automatisation du diagnostic médical, au détriment des patients (et des États) à qui l’on demandera de continuer payer plus qu’ailleurs. En effet l’homme est faillible, sa mémoire limitée, sa capacité à recueillir des informations pas nécessairement meilleure que celle de la machine, alors que celle-ci connaîtra à chaque instant tous les symptômes possibles et imaginables détectés jusque-là dans le monde, elle s’abreuvera en permanence de données et restera toujours constamment à jour des risques statistiques de survenue de telle ou telle pathologie dans telle ou telle région pour les détenteurs de tel ou tel gène. Interroger la machine, c’est l’assurance de confronter ses symptômes à l’état le plus avancé de la connaissance médicale.
Ces appareils prendront la forme d’équipements que l’on retrouvera d’abord dans les cabinets médicaux, puis ils feront irruption dans les maisons. D’autres types d’appareils portables verront aussi le jour, permettant d’assurer un suivi continu de sa santé. Ils seront connectés à internet, abreuvant un fichier médical en ligne accessible à tout moment. L’assurance santé coûtera bien moins cher pour ceux qui accepteront de vivre avec ces capteurs, parfois implantés sous la peau ou circulant dans nos veines comme le laissent entrevoir les derniers progrès en nanotechnologies. Il n’y qu’à regarder ce qui existe déjà pour se donner une idée de ce que les vingt prochaines années nous réservent : par exemple Scanadu, gadget portable qui permet de mesurer un certain nombre d’indicateurs biologiques clefs par simple application sur la tempe, le tout relié à une application smartphone. A ceux qui s’inquiètent du coût croissant de la sécurité sociale dû au vieillissement de la population dans les pays développés, ces technologies apporteront sans doute quelques éléments de réponses.
Le tout permis et amplifié par les « big data »
Pour conclure, disons juste que le tout sera entre autres permis et démultiplié par l’essor des « big data », c’est-à-dire la capacité croissante des ordinateurs à traiter des masses de données et à détecter des corrélations jusque là imperceptibles. Le stockage de l'information a commencé il y a plus de 5000 ans avec l'invention de l'écriture, mais 90% des informations stockées depuis lors l’ont été ces deux dernières années du fait de la digitalisation de nos modes de vie ! Et maintenant ces données vont parler : pour laisser les ordinateurs détecter et anticiper toujours plus de comportements filmés ; permettre aux logiciels des voitures sans pilote de s’améliorer en profitant de l’expérience des millions de véhicules en circulation ; comprendre toujours mieux les langues et les façons dont elles ont divergé en analysant des milliers d’années d’écriture ; comparer les fichiers médicaux, symptômes et signaux vitaux de millions de patients connectés ; ou encore détecter à l'avance où et quand seront commis les prochains larcins.
Un dernier exemple probant, celui de l’éducation que vont révolutionner les logiciels permettant l’apprentissage sur mesure. Il sera (est) possible de mesurer la vitesse à laquelle apprennent les élèves et de proposer des exercices personnalisés en temps réel, de regarder à l’échelle du pays quelles classes, quelles écoles, quelles heures de cours, quels professeurs on été les plus performants, où bloquent les élèvent, etc. Les établissements où sont testées ces technologies constatent des progrès fulgurants parmi les élèves précédemment qualifiés d’irrécupérables. L’éducation pour tous à bas prix n’est plus une utopie !
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