Les Emirats arabes unis ont annoncé le 1er août le démarrage du premier des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, dont la mise en service a été retardée à plusieurs reprises. Quatrième producteur de l'Opep, la fédération --composée de sept émirats-- s'est développée depuis les années 1970 grâce à sa richesse en pétrole et gaz. Mais comme d'autres pays du Golfe, elle tente désormais de développer d'autres sources d'énergies. 
Dans ce pays de 9,3 millions d'habitants, les besoins en électricité sont croissants en raison notamment de l'utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires. Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront une capacité de 5.600 mégawatts, soit environ 25 % des besoins de la fédération.
Hormis le nucléaire, le pays a aussi mis en place un programme de plusieurs milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables, avec pour objectif de produire 50% de son énergie à partir de sources propres d'ici 2050. "Cela fait partie de la volonté des Emirats de diversifier leur bouquet énergétique, de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et de projeter l'image d'un leader régional en matière de science et de technologie", explique à l'AFP un spécialiste du Golfe ayant requis l'anonymat.

Quelles caractéristiques ?

Située à environ 200 km à l'ouest de la capitale Abou Dhabi, la centrale de Barakah a été construite par un consortium dirigé par Korea Electric Power Corporation pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros). Le premier des quatre réacteurs de la centrale de Barakah devait être mis en service fin 2017, mais le démarrage a été reporté à plusieurs reprises, les responsables affirmant qu'il fallait plus de temps pour satisfaire aux conditions légales de sécurité. 
Les responsables émiratis ont assuré à plusieurs reprises que leur programme nucléaire était "pacifique" et qu'ils n'avaient aucune intention de lui donner un volet militaire. Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de l'Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.

Dans quel contexte régional ?

La centrale Barakah est située sur la côte nord-ouest des Emirats, près des frontières avec l'Arabie saoudite et le Qatar. Elle est en outre séparée de l'Iran, en face, par les eaux du Golfe. Alliés des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, les Emirats entretiennent des relations tendues avec le Qatar et l'Iran. 
Washington mène une politique de "pression maximale" contre Téhéran qu'il accuse de vouloir étendre son influence dans la région et se doter de l'arme nucléaire, ce que dément l'Iran. Saoudiens et Américains affirment en outre que Téhéran --qui dément également-- est à l'origine d'une l'attaque menée en septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco. Selon l'analyste, cette attaque a "démontré la fragilité des infrastructures énergétiques du Golfe face aux attaques extérieures". 
"La tension régionale croissante entre l'Iran d'une part et les Etats-Unis et ses alliés d'autre part, augmente le risque que cette nouvelle infrastructure énergétique (Barakah, ndlr) soit exposée à ce type d'attaques", a-t-il ajouté.
De son côté, le Qatar, à qui les Emirats et d'autres pays arabes imposent un blocus, a vu dans la centrale nucléaire émiratie une "menace flagrante pour la paix régionale et l'environnement". Abou Dhabi a répondu en réitérant son engagement à "assurer le plus haut degré de sûreté, de sécurité et de non-prolifération nucléaire".