Moins de trois évacuations par semaine et surtout des selles dures, difficiles à émettre, sont les signes de la constipation. Mais en repérer les causes aidera à la soigner de façon optimale.
PETIT RAPPEL PHYSIOLOGIQUE
Dès qu'elle quitte la bouche, la nourriture est propulsée par une suite de contractions : c'est le péristaltisme. Les aliments sont dégradés au cours de ce parcours, puis, au niveau de l'intestin grêle, les nutriments sont absorbés pour fournir à notre corps l'énergie et les différents éléments (vitamines, oligoéléments, etc. ) dont il a besoin. Les résidus qui vont constituer les selles avancent ensuite lentement dans une sorte de gros siphon, le côlon. À l'extrémité de ce "gros intestin", se trouve un réservoir, le sigmoïde, qui est un peu la poubelle du corps. "Le système est autorégulé, explique le Dr Bernadette de Gasquet, auteur de Libérez vos intestins (Marabout). Le fait de manger stimule l'apparition de contractions pour faire de la place et évacuer le contenu de la poubelle dans l'ampoule rectale, dernier réservoir avant les toilettes. " L'entrée des selles dans le rectum est ce qui déclenche le "réflexe défécatoire", autrement dit la sensation de "besoin".
Néanmoins, le rectum est assez élastique pour pouvoir s'adapter et contenir davantage si la vie sociale oblige à retarder le moment de se soulager. Dans ce cas, les contractions s'arrêtent et elles reprendront plus tard. Le canal anal, organe très élaboré, conclut l'intestin. Ses récepteurs lui permettent de distinguer entre gaz, liquide et solide. Il forme avec le rectum un angle moyen de 90° qui peut se fermer ou s'ouvrir selon que l'on souhaite se retenir ou accepter la défécation. L'anus agit comme un solide bouchon, dont l'ouverture est commandée par les muscles sphinctériens. Heureusement ceux-ci dépendent en partie de notre volonté qui va autoriser ou non la détente du sphincter anal.
LES DEUX TYPES DE CONSTIPATION
On parle de "constipation haute"
quand la progression dans le tube digestif est ralentie. Les selles sont alors rares, mais pas forcément très difficiles à évacuer. Ce phénomène peut être dû à un côlon un peu plus long ou trop distendu (ce qui peut arriver quand on prend beaucoup de ventre) ; à moins qu'il ne résulte de contractions intestinales insuffisantes, ou encore de sécrétions enzymatiques de mauvaise qualité. Le traitement s'efforcera de stimuler ces différents éléments.
On parle de "constipation basse",
"terminale", ou "d'évacuation" quand les selles parviennent normalement jusqu'au rectum, mais que la vidange terminale s'avère difficile, souvent à cause d'une faiblesse des muscles du périnée et d'une mauvaise position aux toilettes. Spasmes et douleurs anales peuvent aussi aboutir à une exonération incomplète, qui entretient et aggrave le problème.
PRINCIPALE CAUSE : LE MANQUE DE FIBRES ALIMENTAIRES
Parce que non digérée, cette partie des végétaux est une précieuse auxiliaire de santé, notamment pour le transit. Les fibres présentent de nombreux atouts. Tout d'abord, elles exercent une pression sur les parois de l'intestin, ce qui favorise le réflexe péristaltique. Cette bonne mobilité intestinale garantit un traitement plus rapide de la nourriture et une consistance plus souple des déchets à l'arrivée. Par ailleurs, certaines fibres, dites solubles (pectines, mucilages, etc. ), deviennent visqueuses au contact d'un liquide et forment un gel qui facilite la "glisse" des excréments. Tandis que la deuxième sorte de fibres, les fibres insolubles (cellulose, lignine, etc. ), absorbe l'eau et gonfle comme une éponge. Résultat : des selles à la fois ramollies et alourdies (lest), le tout les rendant plus faciles à expulser. L'idéal consiste à consommer les deux types de fibres, pour un total de 20 à 35 g par jour. Ce qui suffit à expliquer nombre de constipations chroniques, surtout chez les hommes se nourrissant quasi exclusivement de viande, de pâtes et de pain blanc.
LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
Ça bouchonne en voyage.
L'intestin est le plus routinier de nos organes ! Qui n'a constaté combien il se met volontiers en congé lors d'un voyage ou d'un simple changement d'habitudes ? Si adopter un rituel limite la constipation (tous les matins ou tous les soirs au même moment), toute modification de ce conditionnement risque aussi d'entraîner l'effet inverse. Sans compter que certaines personnes ont du mal à aller aux toilettes en dehors de chez elles, redoutant le manque de calme ou se méfiant de la propreté des lieux. Bon à savoir afin d'anticiper.
Des médicaments aux effets indésirables.
Certains traitements peuvent induire une constipation. Parmi les plus fréquents : des molécules contre la douleur (opioïdes, narcotiques), des antiacides contre les brûlures d'estomac (à base d'aluminium), certains antidépresseurs (Prozac et autres), antidiurétiques (contre l'hypertension), anti-convulsivants, ou antihistaminiques contre les allergies. Si le phénomène est apparu en même temps qu'un traitement, il peut être utile de vérifier les effets secondaires signalés sur la notice et d'en parler à son médecin.
Les seniors mangent plus souvent des aliments mous, pauvres en fibres.
Ils ne boivent pas assez, car ils ont moins la sensation de soif. Et, en général, ils bougent encore moins. Même s'ils ne souffrent pas de maladies neurologiques (sclérose en plaques, Parkinson, AVC, etc. ), leur plancher pelvien peut ne plus être assez tonique, ou au contraire trop contracté, tandis que le relâchement musculaire fait parfois disparaître la sensation d'envie.
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