jeudi 6 août 2020

Être Juif sous l'Occupation..

Livre : Être juif sous l'Occupation en Côte-d'Or et en Bourgogne ...

Dès octobre 1940, Vichy exclut les Juifs de la citoyenneté. Devançant ou accompagnant les voeux de l'occupant nazi en matière de spoliation et bientôt de déportation.
L'histoire des Juifs dans la France occupée demeure une histoire complexe, mettant en jeu des acteurs dont les stratégies se complètent, se croisent et s'opposent : les appareils rivaux de la bureaucratie nazie et du commandement militaire allemand en France, l'administration de l'État français à Vichy, les élites politiques ou religieuses, la société française. Les Juifs eux-mêmes, sous l'effet d'une persécution qui s'installe aussi progressivement qu'inexorablement, mettent en place des stratégies de survie tout à la fois collectives et individuelles.
En 1946, Edgar Faure, un des procureurs au procès des grands criminels nazis devant le Tribunal international de Nuremberg en charge de la persécution en France, a présenté l'ensemble des textes, français ou allemands, réglementant le sort des Juifs. Environ 200 textes qui rejetaient aux marges de la nation une population d'entre 300 000 et 350 000 Juifs. « Le développement de cette législation est constamment progressif jusqu'à 1942 », expliquait Edgar Faure. Elle marque à cette date un temps d'arrêt. Alors, « par des mesures proprement administratives, on a procédé à la déportation des Juifs, ce qui par conséquent devait entraîner l'extermination ».
L'année 1942, les nazis mettent en oeuvre « la solution finale de la question juive ». Avec ses 42 655 déportés, 1942 est l'année terrible. Pour remplir les trains, Vichy accepte de livrer les Juifs internés dans les camps de la zone encore libre. Arrestations et déportations perdurent jusqu'au dernier jour de l'Occupation ; 90 % des 76 000 Juifs déportés ont été arrêtés par les diverses forces de police françaises, ont transité par des camps gardés généralement par des gendarmes français, et ont été déportés par les nazis essentiellement vers Auschwitz-Birkenau.
Reste ce paradoxe : deux tiers ou trois quarts des Juifs en France (tout dépend de l'estimation du nombre en 1940) ont survécu. La France, à la différence de la Belgique ou des Pays-Bas, n'était pas entièrement occupée et les Allemands tenaient à la politique de collaboration tant la position stratégique du pays était grande. Quand en 1943 Vichy refusa la dénaturalisation en bloc des Juifs français de longue date, qu'il avait pourtant spoliés de leurs biens et privés de leurs activités professionnelles, les nazis acceptèrent de reculer jusqu'au temps de la victoire le moment où la France serait Judenrein (« nettoyée de ses Juifs »).
A partir d'août 1942, des évêques dénoncent en chaire la persécution, tandis que les pasteurs organisent pour eux le refuge. L'opinion montre son hostilité à la persécution et elle est secourable aux Juifs qui s'y soustraient. Des organisations juives, comme l'Œuvre de secours aux enfants (OSE), se consacrent au sauvetage des plus jeunes. Vichy n'a pas pu effacer trois quarts de siècle de culture républicaine.
L'AUTEURE
Directrice émérite de recherche au CNRS, Annette Wieviorka vient de publier Ils étaient Juifs, résistants, communistes (Perrin, 2018).
DATES CLÉS
1940, 27 septembre
Ordonnance allemande prescrivant en zone occupée le recensement des Juifs.
3 octobre
Premier statut des Juifs décrété par Vichy.
4 octobre
Loi de Vichy permettant aux préfets d'interner les « étrangers de race juive ».
1941, 29 mars
Loi instituant la création du Commissariat général aux questions juives.
13 mai
Première arrestation de masse à Paris.
1942, 27 mars
Premier convoi partant de France pour Auschwitz.
29 mai
Ordonnance allemande rendant obligatoire le port de l'étoile jaune en zone occupée.
16 et 17 juillet
Rafle dite « du Vél'd'Hiv ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

9. Principaux déportés connus...

Jean Améry , écrivain autrichien, survivant d’Auschwitz, de  Buchenwald  et Elie Wiesel en 2010 . de  Bergen-Belsen . Karel Ančerl...