mercredi 5 août 2020

Explosions à Beyrouth : pourquoi, avec ce drame, le Liban s'enfonce dans le chaos...

Un homme blessé devant un restaurant du quartier beyrouthin de Mar Mikhael, à deux pas du site de l'explosion, le 5 août 2020.


e sort s'acharne sur le Liban. Frappé mardi 4 août par des explosions meurtrières, qui ont fait plus de 100 morts et plusieurs milliers de blesséle pays du cèdre connaît sa pire crise économique depuis des décennies. Le Liban se trouvait déjà au bord de l'abîme, cette catastrophe pourrait bien l'y précipiter.
Quelques heures avant le drame, la capitale libanaise était encore le théâtre de violences entre manifestants et forces de l'ordre devant le ministère de l'Énergie. Le secteur, notamment la compagnie publique Électricité du Liban (EDL), fait l'objet de moult soupçons de corruption. Et face aux coupures d’électricité, les habitants, contraints de se tourner vers des fournisseurs privés leur faisant payer au prix fort un courant fournie par des générateurs, réclament en vain des réformes.
Autre élément alimentant cette crise : le Liban a annoncé en mars être en défaut de paiement, pour la première fois de son histoire. Selon l'agence internationale Standard and Poor's (S&P), il croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit près de 170% de son produit intérieur brut (PIB), l'un des ratios les plus élevés au monde.

Comment le Liban en est arrivé là ?

Un endettement aux conséquences dévastatrices pour les Libanais. Les salaires sont en livres mais le pays importe 80% de ses besoins, des importations payées en dollars d'où une inflation record. Avant, il fallait 1.500 livres pour 1 dollar, il faut maintenant 10.000 livres pour 1 dollar au marché noir. Les produits de première nécessité flambent.
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Dès lors, les licenciements massifs alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale. Près de la moitié de la population vit dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage.
Un cercle vicieux accéléré également par un faisceau de facteurs géopolitiques. Avec la guerre dans la Syrie voisine, le Liban a vu affluer plus d'un million et demi de réfugiés, soit un quart de la population totale. Et puis, avec la chute des cours du pétrole, les émirats du Golfe ont diminué leurs investissements dans un pays ne pouvant compter ni sur son industrie ni sur ses ressources, et qui dépend principalement des capitaux étrangers. 
Face aux nombreux problèmes, le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un mouvement de contestation inédit contre la la classe dirigeante, quasi inchangée depuis des décennies. En mai, le Liban a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international pour obtenir une aide cruciale dans le cadre d'un plan de sauvetage élaboré par le gouvernement. Mais le processus est toujours au point mort. Avec la catastrophe de mardi, le Liban a donc un peu plus plongé dans l'inconnu. 
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