lundi 10 août 2020

Huit scandales sexuels qui ont éclaboussé Marie-Antoinette...

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« Accusée de quantité de choses, Marie-Antoinette, frivole et tragique, est devenue le miroir dans lequel se projettent les fantasmes de n'importe quelle époque », a écrit l'historienne Évelyne Lever. Aucune reine de France n’a en effet fait couler autant d’encre. Certainement parce que tout au long de son règne, elle est au cœur de nombreux scandales… qui touchent bien trop souvent ce qui se cache sous ses jupons.

Par Martin van Meytens
On dit que… la reine ne satisferait pas sexuellement le roi
Au lendemain de la Guerre de Sept ansMarie-Thérèse d’Autriche choisit de se servir de ses filles pour réconcilier les Hasbourg, sa famille, avec les Bourbons, qui règnent sur le trône de France. Elle organise alors une union entre sa cadette, Marie-Antoinette, et le futur Louis XVI. La jeune princesse n’a que quatorze ans quand elle se voit forcée de quitter son doux foyer pour être emmenée en France. Le mariage a lieu le 16 mai 1770 à Versailles. Mais le matin suivant les épousailles, quand les hauts-noms de l’aristocratie et du clergé viennent vérifier, dans le lit royal, si le premier devoir conjugal a bien été effectué, pas une goutte de sang n’est à signaler. Chaque nuit qui suit, Louis XVI retrouve sa nouvelle épouse dans son lit mais toujours rien – rien de rien. Alerté, la frère de Marie-Antoinette, Joseph II, vient aussi à s’en inquiéter : « Dans son lit conjugal, il (le roi, ndlr) a des érections fort bien conditionnées, il introduit le membre, reste là sans remuer deux minutes peut-être, se retire sans jamais décharger, toujours bandant, et souhaite le bonsoir », explique-t-il dans l’une de ses lettres.
Toute la cour est aussi aux cent coups. Et tous accusent Marie-Antoinette de ne pas satisfaire le roi, d’être trop maladroite avec lui, voire de le brusquer. Pourtant, bien qu’elle soit encore adolescente, la future reine semble déjà dégourdie quand il s’agit des plaisirs de la chair. On l’oblige malgré tout à voir nombre de spécialistes et de médecins. Mais le problème viendrait au contraire du roi. Ce n’est pas qu’il n’aime pas les femmes – à la différence de certains de ses ancêtres comme Louis XIII – mais il aurait une légère déformation biologique, voire mécanique. Son beau-frère lui conseille même, crument, de se « dénouer l’aiguillette ». On ne sait pas s’il se fera finalement opérer mais il faudra attendre sept ans pour qu’il déflore Marie-Antoinette. Mieux vaut tard que jamais. Mais l’affaire aura au moins occupé les langues de vipère de la cour durant les longs mois d’hiver.
Par Louise Élisabeth Vigée Le Brun
On dit que… la reine entretiendrait des amours lesbiennes
Quand elle arrive à Versailles, la juvénile Marie-Antoinette fait le grand-ménage dans une cour vieillissante. Elle exclut de son cercle restreint – autant que le protocole lui autorise – les vieilles duchesses et marquises qui viennent chaque matin la lever et l’habiller. Comme la reine aime les visages jeunes et frais, elle choisit de s’entourer de nouveaux noms. Le jour de son mariage, elle fait la connaissance de Marie-Thérèse-Louise de Savoie, veuve du prince de Lamballe. Marie-Antoinette trouve en cette princesse de 21 ans, taciturne et mélancolique, une oreille attentive et une confidente sincère, dont elle devient rapidement dépendante. Elle l’a fait donc déménager au palais, tout près d’elle. Les deux femmes deviennent inséparables et semblent tout partager. Cette proximité fait jaser toutes les commères, qui pullulent dans les allées de Versailles. On prétend alors que la reine et sa nouvelle amie sont plus qu’intimes. Peu importe les rumeurs, Marie-Antoinette ne se sépare pas de la Lamballe. Au contraire, elle la nomme « surintendante de la maison de la reine » et la charge donc de lui organiser toutes ses fêtes… et ses plaisirs. Mais très rapidement, madame de Lamballe s’avère peu douée pour divertir sa souveraine : elle est trop sage, trop pieuse et trop timide pour cette mission. Marie-Antoinette s’ennuie ferme.
Elle délaisse, petit à petit, son « cher cœur » (c’est le surnom qu’elle lui donnait) pour une autre femme : la duchesse de Polignac. La réputation de cette dernière la précède. La duchesse ne laisse personne indifférent et chacune de ses venues à la cour est un événement. Marie-Antoinette est fascinée par cette beauté ravageuse et décide de l’installer dans ses appartements au château. D’un naturel rieur et enjoué, Madame de Polignac enchante le quotidien de la souveraine, qui est très souvent mélancolique. L’historienne Evelyne Lever affirme même qu’avec elle, « Marie-Antoinette a l'impression de vivre sa vie par procuration ». Et puisque quand elle aime, elle ne compte pas, elle couvre sa nouvelle favorite de cadeaux, de faveurs et de grosses sommes d’argent. Pour les aristocrates proches de la couronne, cela ne fait plus aucun doute : les deux femmes entretiennent bien une liaison. Face aux nombreux scandales qui ne se taisent pas, la duchesse se résout à quitter Versailles avec ses enfants. Les adieux déchirants entre celles qui se sont aimées – d’un amour plus ou moins platonique – sont rapportés par le prince de Ligne dans ses Fragments d’Histoire : « La reine pleure, embrasse la comtesse, lui prend les mains, la conjure, la presse, se jette à son cou ».
De cette « amitié particulière », l’auteure Chantal Thomas en fera un roman : Les Adieux à la Reine, adapté au cinéma par Benoît Jacquot. Elle ajoute à ce duo lesbien, un troisième personnage, Sidonie Laborde (Léa Seydoux), lectrice attitrée de la reine, qui n’aurait certainement jamais existé dans la réalité. Au cours du récit, cette dernière tombe amoureuse de sa souveraine (Diane Krüger) qui n’a pourtant d’yeux que pour la Polignac (Virginie Ledoyen). Evelyne Lever, experte sur la question, affirme pourtant que toutes ces histoires sont complètement affabulées et que Marie-Antoinette n’aurait jamais entretenu de liaisons saphiques.
Par Jean-Baptiste Gautier Dagoty
On dit que… la reine serait amoureuse du séduisant Comte de Fersen
Marie-Antoinette n’a aimé qu’un homme, un seul, jusqu’à sa mort, guillotinée place de la Révolution… et ce n’est Louis XVI, mais plutôt Axel de Fersen, un officier et comte suédois. Mais la romance de ses deux amants a rarement été heureuse et elle se construit comme l’une de ces tragédies classiques, dont la reine raffolait tant. Le jeune aristocrate venu du Nord – qui avait exactement le même âge qu’elle – entre dans la vie de la reine lors d’un des fameux bals masqués de l’Opéra, donné en janvier 1774. Alors que chacun badine et baguenaude dans un coin, Marie-Antoinette est séduite par cet homme, dont le visage est dissimulé derrière un loup de velours. Elle ne voit que ses yeux, bruns, ténébreux, qui l’envoûtent. Les deux jeunes gens se tournent autour sans se soucier des regards inquisiteurs. Ce sont les dames de la reine – qui se tourmentent des « qu'en-dira-t-on » – qui arrêtent le petit manège. Le lendemain, le comte disparaît et Marie-Antoinette n’a plus de nouvelles.
Quatre ans plus tard, il revient à la cour de France où il aime venir parfaire sa culture du beau langage. En l’apercevant, Marie-Antoinette – devenue entre temps reine de France – se serait écrié : « voilà une vieille connaissance ». Cette fois, Fersen reste plus longtemps et prend le temps de déclarer sa flamme à la souveraine, qui n’y résiste pas. Puis, il est à nouveau appelé par les sirènes de la guerre, de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis. Marie-Antoinette le retrouve trois ans plus tard et lui fait promettre, cette fois, de ne plus l’abandonner. Durant plusieurs mois, ils vivent ensemble une idylle, souvent isolés dans les alcôves et les jardins ombragés du Petit Trianon. Certaines rumeurs prétendent alors que le comte serait le véritable père du petit Dauphin.
La cour gronde, et pour ne pas éveiller les soupçons (même si c’est trop tard) Fersen est régulièrement envoyé en missions en province. À Paris, il prend aussi d’autres maîtresses, comme la courtisane italienne Eleanore Sullivan. Pourtant, il continue de filer le parfait amour avec la souveraine, qu’il rejoint régulièrement, en catimini, dans ses appartements. Quand ils sont éloignés, les deux amants s’envoient même des lettres enflammées dans une langue cryptée, pour plus de sécurité. Lors de la fuite de Varennes en 1791, l’on dit que c’est Fersen déguisé en cocher qui la planifie. « Mon seul chagrin est de ne pouvoir la consoler entièrement de tous ses malheurs et de ne pas la rendre aussi heureuse qu'elle mérite de l'être », écrit-il à sa sœur, quand il apprend que son aimée est enfermée dans une geôle. Jusqu’à la fin, il tentera de la sauver.
Par Louise Élisabeth Vigée Le Brun
On dit que… la reine aurait une liaison avec le frère de son époux
Alors que Marie-Antoinette s'ennuie au côté de son époux – un taciturne qui ne se passionne que pour la mécanique et l'horlogerie – elle trouve une meilleure compagnie en la personne du frère de ce dernier, le comte d'Artois (qui deviendra en 1824, durant la Restauration, Charles X). Le comte partage beaucoup de passions communes avec la reine. Avec l'enthousiasme et l'insouciance de ses vingt ans, il dépense sans compter pour les plaisirs de la fête, du jeu, et du sexe. Et puisqu'il a hérité des traits de son séducteur de père, Louis XV, le comte ne laisse aucune femme de la cour indifférente. Même Marie-Antoinette est charmée et ne se cache jamais de le complimenter en public. Elle retrouve régulièrement celui qu'elle considère comme un « confident » pour l'accompagner aux courses, à la promenade ou à l'opéra.
Un soir d'octobre, alors qu'ils achèvent l'une de leurs folles journées, la reine défie son beau-frère de lui construire un château dans le bois de Boulogne. Après plusieurs mois de travaux acharnés – durant lesquels quelques mille ouvriers se relaient jour et nuit – le domaine de Bagatelle ouvre ses portes. L'esprit de ce lieu est compris dans son nom. Meublé de lits incommensurables, de miroirs suggestifs et décoré de fresques licencieuses, ce petit palais accueille les amours libertines de son créateur, mais aussi celles de la reine. Certains disent même que tous deux s'y rencontrent bien trop souvent, peut-être pour rire ensemble sur le sort de Louis XVI, un roi incapable de régner et visiblement très cocu..
Par Louise Élisabeth Vigée Le Brun
On dit que… la reine aurait abusé de son fils
En 1793, Marie-Antoinette est jugée au tribunal révolutionnaire de la Conciergerie à Paris avant d’être condamnée à la guillotine, le 17 octobre de la même année. Lors de ce procès (bâclé), l’accusateur public Fouquier-Tinville l’accable de tous les maux. Dans le lot des poursuites, il la taxe entre autres d’une relation incestueuse avec son fils, Louis-Charles de France, duc de Normandie et prétendant au trône. Le dauphin aurait en personne confirmé les faits en révélant que sa mère se serait livrée à des attouchements, alors qu’il n’avait que huit ans.
Marie-Antoinette ne souhaite pas s’en défendre tant elle en est offusquée : « La nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici ». Les femmes présentes dans l’assemblée – et mêmes les plus hostiles à la souveraine – applaudissent l’humble réplique. Et elles avaient raison puisque la vérité était certainement toute autre. Car selon d’autres sources, un jour où le jeune dauphin se serait blessé en jouant, sa mère lui aurait passé de la pommade sur ses plaies. C’est cette scène qui aurait été colportée puis déformée jusqu’à trouver un retentissement démesuré.
Par Louise Élisabeth Vigée Le Brun
On dit que… la reine aurait beaucoup (mais beaucoup) d’autres amants
« On dit que j’ai des tas d’amants », aurait un jour lancé, amusée, Marie-Antoinette à sa « confidente », La Polignac« On dit pire », aurait alors répondu la duchesse. En effet, on ne compte plus les prétendues liaisons de la souveraine. Parmi elles, sa brève histoire avec Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun, est certainement des plus célèbres. À la cour, il a la réputation d’être un « gascon hâbleur » – comprenez un invétéré séducteur – comme l’écrivait Madame Campan dans ses Mémoires.
Lors d’une réception, il flirte avec la reine et va jusqu’à lui offrir… la plume de héron blanc qu’il porte sur son chapeau. Le symbole était bien trop clair pour ne pas éveiller les ragots. Un soir, alors qu’il flatte Marie-Antoinette dans ses appartements privés, celle-ci le congédie en hurlant. Elle ne voudra plus jamais le revoir. Personne – à part certainement sa femme de chambre – ne sait ce qui s’est vraiment passé.
Par Louise Élisabeth Vigée Le Brun

Pour fuir les sempiternelles règles de la cour, Marie-Antoinette se réfugie dans les joies de la fête. Elle organise de nombreux bals masqués, folles bambochades et autres carnavals durant lesquels elle peut oublier son statut de souveraine en se dissimulant derrière un masque. Au Grand Trianon, la reine planifie ses réceptions les plus somptueuses, où le faste et l’abondance sont de mise. Dans son petit Trianon – son paradis terrestre – elle retrouve ses amis les plus proches pour des soirées plus intimes. Devant eux, elle se produit sur la scène d’un petit théâtre : seul endroit où elle semble retrouver toute sa liberté.
La reine danse souvent jusqu’à la pointe du jour. « On dit qu'elle ne danse pas en mesure, mais alors c'est la mesure qui a tort » s’en amuse l’écrivain Horace Walpole. Seule ombre au tableau de ses innombrables fêtes, le roi Louis XVI en est souvent absent. Et que fait Marie-Antoinette quand son époux n’est pas là ? Tout le monde s’interroge. Et même si elle a visiblement le pas lourd quand elle s’essaie à la contredanse, on dit qu’elle aurait au contraire la cuisse légère
Par Jean-Baptiste Gautier Dagoty
On dit que… la reine serait l’héroïne de textes érotiques
Rarement reine de France n'aura déchaîné autant de passions, mais aussi de critiques. Dès les première années de règne de son époux, Marie-Antoinette devient la cible toute choisie de la caricature. Et la légèreté de ses mœurs – dont les frasques se murmurent jusque dans le bas-peuple – inspire le nouveau courant littéraire de cette seconde moitié du XVIIIe siècle : le libertinage, voire parfois la pornographie. Héroïne de nombreux pamphlets particulièrement graveleux, la souveraine voit sa sexualité fantasmée et noircie sur des pages et des pages distribuées dans les rues ou publiées dans les journaux. Les fureurs utérines de Marie-Antoinette, L'Autrichienne en goguettes, Bordel royal, etc... Les titres ne manquent pas.
L'on dit même que l'un d'eux, les Amours de Charlot et Toinette, aurait été écrit pas le contestataire Beaumarchais et publié en secret à Londres. « Son membre est un tison, son cœur est une fournaise. Il baise ses beaux bras, son joli petit con. Et tantôt une fesse et tantôt un téton », peut-on lire dans cette version avant l’heure de Cinquante Nuances de Grey. Dans l'ensemble de ces histoires, les auteurs lui prêtent des pulsions sexuelles incontrôlables et une liste d'amants longue comme le bras. Marie-Antoinette ne pourra pas lutter, puisqu'au contraire la publication de ces textes insultants pour la famille royale se fait de plus en plus fréquente jusqu'à la Révolution de 1789.

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