Le petit nouveau : Junglelab
Ouvert récemment, ce magasin à l’atmosphère presque mystique est le fruit d’une réflexion, mais surtout d’un parcours de vie. Fils d’agriculteur, Quentin Thibault a, depuis toujours, planté et taillé des arbres. Après un bref passage par la case architecture, ce trentenaire très zen comprend vite qu’il aspire à un métier beaucoup plus vert. Après une formation en architecture paysagère, il décide de devenir designer végétal.
Un métier tendance ? Peut-être. Même si Quentin se défend de tomber dans le travers du green washing, force est de constater que son métier est dans le vent. Enfin disons dans la terre. « Après des années de sur-urbanisation extrême, les gens rêvent d’un retour à la nature. Il suffit d’observer la déco des boutiques de mode ou des bars branchés. Certains ressemblent à des magasins de plantes », plaisante-t-il. « Heureusement, cette tendance va de pair avec une réelle sincérité. La preuve : on trouve de plus en plus de plantes dans les prisons et les hôpitaux », ajoute-t-il. Sans compter l’engouement croissant des consommateurs pour les variétés aux capacités dépolluantes (anti-tabac et même, pour certaines, anti-bruit).
Quand il a imaginé son concept de jungle urbaine implantée au cœur d’Ixelles, ce passionné de plantes rares a cherché à se démarquer de l’offre proposée dans les supermarchés. « Ces enseignes jouent la carte du prix bas. Les plantes proposées sont tendances, mais elles ont aussi une durée de vie limitée. Quand elles passent de mode, les gens les jettent. Quand je vois, par exemple, des oliviers bradés qui dépérissent sur le parking d’une grande surface, sous prétexte que cette plante est passée de mode, ça me fait bondir. Depuis quelques années, beaucoup de clients achètent une plante pour décorer leur intérieur, mais aussi pour embellir leur flux Instagram. D’où le succès des variétés très graphiques. Plus c’est grand, plus c’est spectaculaire, plus ça cartonne sur les réseaux sociaux. Chez Junglelab, je propose un vrai suivi personnalisé. J’ai d’ailleurs créé une petite clinique dans le magasin. Les plantes achetées ici sont soignées gratuitement. Les autres sont prises en charge pour quelques euros. »
On achète quoi chez Junglelab ? Une plante exotique munie d’un passeport phytosanitaire. Les fans de tendances miseront sur les plantes de mamy (comme la Monstera, à nouveau branchée), mais aussi sur les tableaux végétalisés, une spécialité de Quentin, une alternative aux murs végétalisés chers et compliqués à entretenir.
L’empreinte locale de Jangala Shop
Il y a six ans, Gilles Delfosse et Simon Wautelet, deux paysagistes diplômés de Gembloux, fondent un bureau d’études centré sur l’aménagement du territoire urbain. Quatre ans plus tard, le duo rencontre Chloé, styliste de formation. Ensemble, ils fondent Jangala, une boutique installée en Neuvice, une petite rue liégeoise en plein revival, l’écrin parfait pour accueillir cet espace qu’ils qualifient joliment de « pépinière urbaine & curiosités végétales ». Alors, bien-sûr, chez Jangala, on trouve des plantes exotiques… donc, pas franchement indigènes, mais l’objectif de Gilles, Simon et Chloé reste tout de même de créer une dynamique locale autour du végétal.
« Nous avons eu envie de répondre à la demande d’un nouveau type de clients : des particuliers passionnés de plantes, voire des collectionneurs, qui cherchaient des variétés plus rares pour végétaliser leur intérieur, mais aussi des entreprises (les studios de la RTBF à Liège, Bruxelles et Charleroi ou encore le futur espace de coworking de la Grand Poste à Liège) désireuses d’optimiser le cadre de travail de leurs collaborateurs », précise Gilles. Si, depuis sa création, Jangala cartonne, c’est que la boutique s’inscrit dans une tendance de fond : celle de la biophilie.
« Ces dernières années, études sérieuses à l’appui, les citadins ont pris conscience du bien-être que pouvait leur procurer un retour à la nature au travers, notamment, d’un intérieur plus vert. » Deux fois par mois, les 3 trentenaires organisent au sein du magasin des ateliers de création de terrariums : « chaque édition est soldout », précise Simon. « Ce qui est frappant, c’est le caractère très hybride des participants : un quadragénaire qui vient avec sa maman ou des couples avec leurs enfants. Très vite, des liens se créent. Les gens interagissent. Les plantent sont vectrices d’échanges entre des personnes qui ne se connaissaient pas quelques minutes auparavant. » Chez Jangala, en marge des plantes exotiques, on trouve une collection de contenants créés par des artisans locaux. Une autre manière de créer du lien. « Notre volonté, c’est de proposer des plantes et des pots à tous les prix. Et puis, évidemment, d’offrir un service et un conseil à nos clients. »
On achète quoi chez Jangala ? Un Calathéa aux reflets rosés proposé dans un joli pot made in Liège, comme ceux en jesmonite (un matériau composite qui évoque le granit) de Sophie Rahir ou en céramique de Maison Dejardin.
Le plus girly : Agave
Voilà trois ans que Christophe Preaux, un ancien entrepreneur en parcs et jardins, végétalise l’intérieur de ses clients, des citadins pressés en manque de verdure. Dans sa petite boutique au look vintage, il rassemble tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour verdir votre maison ou votre appartement bruxellois : des plantes, évidemment, tant en pots qu’à suspendre (la folie du macramé seventies est passée par là) mais aussi des fleurs séchées et même, d’étranges petits sachets en papier brun contenant des tubercules de Caladiums, une variété de plantes tropicales importée des États-Unis, mais découverte au Brésil par un botaniste français. Une plante tendance - car colorée et très photogénique - que les fans peuvent replanter eux-mêmes. « Lorsque j’ai imaginé cette boutique, j’ai voulu donner au magasin de plantes traditionnel une dimension plus girly. Même si de plus en plus d’hommes poussent les portes d’Agave, 80% de ma clientèle reste féminine », précise-t-il.
Chez Christophe, au milieu des plantes et des pots, vous trouvez aussi du terreau en vrac. « L’idée, c’est de permettre aux gens d’acheter la quantité de terre dont ils ont besoin pour rempoter leurs plantes sans encombrer leur appartement d’un grand sac dont ils ne sauront plus rien faire par la suite. » Cet esprit pragmatique, c’est un peu la marque de fabrique de l’enseigne. Une enseigne qui végétalise également certains restaurants de la capitale (Dam Sum à Ixelles, par exemple) et dont le proprio répond à toutes les demandes et questions postées sur les réseaux sociaux. « Si on sent en effet un nouvel engouement pour le végétal, les gens n’ont plus le temps de passer des heures à chouchouter leurs plantes vertes. Ils veulent du beau, tout de suite. D’où le succès des jardins miniatures en dame-jeanne, ma spécialité. », précise Christophe. « Je pense toutefois que cette nouvelle passion pour les plantes d’intérieur va un peu ralentir. En cause ? Le manque de temps, justement, qui ne permet pas aux gens de traiter les leurs en cas de maladies. D’autant que les acariens sont de plus en plus résistants aux pesticides. Pour ma part, j’ai choisi de les traiter en lutte intégrée, une démarche connue dans le registre du maraîchage bio. »
On achète quoi chez Agave ? Un joli terrarium ou, dans le registre plantes en pots, un oxalis, dont le feuillage pourpre très reconnaissable fait un carton sur Instagram.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire