Les experts militaires israéliens sont formels : l’Iran et le Hezbollah ont perdu leurs capacités de réaction aux attaques israéliennes. Si quelques représailles de leur part sont prévisibles, il est exclu qu’ils puissent lancer des opérations à grande échelle contre Israël. La dernière escarmouche avec le Hezbollah a démontré qu’ils avaient décidé d’adopter un profil bas. Un journaliste étranger, témoin au sud-Liban, a dénombré le tir de dizaines d'obus israéliens qui ont frappé la zone contestée des fermes de Shebaa.
Cela a d’ailleurs poussé le premier ministre libanais, Hassan Diab, à déclarer «qu'Israël avait violé la souveraineté de son pays avec une escalade militaire dangereuse» et a appelé «à la prudence dans un contexte de tensions frontalières accrues». Il s'inquiète de la situation car le gouvernement israélien tient le Liban pour responsable de toute action menée par le Hezbollah. Il a même transmis la liste des cibles stratégiques libanaises qui seraient visées en cas d’attaque de missiles contre des villages israéliens.
Par ailleurs, Israël poursuit ses opérations en Syrie pour limiter l’armement sensible fourni par l'Iran à ses "conseillers expatriés" et par conséquent au Hezbollah. Cinq miliciens soutenus par l'Iran ont été tués, le 20 juillet, dans une frappe israélienne de missiles au sud de la capitale syrienne. Cette attaque a touché des dépôts d'armes et des positions militaires appartenant aux forces du régime syrien et aux miliciens soutenus par l'Iran au sud de Damas.
Ali Kamel Mohsen |
Des missiles, lancés par des avions de combat depuis les hauteurs du Golan, ont cependant touché sept soldats syriens. Le Hezbollah a annoncé une victime collatérale parmi les morts, «un martyr» du nom de Ali Kamel Mohsen, connu sous son nom de guerre Jawad. Le ministère syrien de la Défense a également confirmé que plusieurs soldats avaient été blessés à la suite de ces frappes aériennes. Les cinq tués étaient des mercenaires non syriens.
Frappes en Syrie |
Israël ne commente jamais les informations d’origine étrangère mais il affirme que la présence de l'Iran à l'appui du régime est une menace qui justifie toute frappe. Malgré cela, étrangement, l'Iran et ses affidés ont choisi une stratégie de non-escalade ce que les observateurs interprètent comme la preuve des capacités limitées de l'Iran en Syrie.
Les frappes attribuées à Israël, qui ont touché des cibles à proximité des régions de Sayeda Zeynab, Qeswa, Mazzeh, Daraya, et Quneitra, démontrent que l'Iran n'a plus la capacité de déplacer librement son équipement et ses hommes. Il est acquis que, sa marge de manœuvre étant sévèrement limitée par les Russes, il devient plus vulnérable aux attaques israéliennes.
Les défenses aériennes syriennes ont été inefficaces au sud de Damas. En cause selon les Iraniens, les règles d'engagement établies par la Russie concernant l'Iran et Israël en Syrie. Les Russes admettent de fermer les yeux sur les frappes israéliennes contre les intérêts iraniens en Syrie tout en empêchant toute riposte de l'Iran ou du Hezbollah. Cette mansuétude russe à l’égard d’Israël s’explique par le fait que la stratégie israélienne vise uniquement à cibler l'équipement et les armes en excluant le personnel militaire et les commandants ainsi que l'armée syrienne.
Israël veut profiter de la fragilité constatée du Hezbollah pour accroître ses actions et pour intensifier les frappes en Syrie avant les prochaines élections américaines dont les résultats sont incertains. Donald Trump pourrait être battu au profit d’un président américain moins inconditionnel à la cause israélienne. D’ailleurs, au cours des derniers mois, des dizaines d'attaques ont ciblé les intérêts iraniens. Israël veut empêcher l'Iran et le Hezbollah de se retrancher en Syrie alors que les Iraniens tentent de créer une ligne de confrontation similaire à celle du Liban. Le Hezbollah dispose déjà de plusieurs bases à Alep, Homs, Damas et près de la frontière libanaise.
Des informations nous parviennent sur ce qui s’est réellement passé en Iran ces dernières semaines. Une série d'explosions et d'incendies suspects dans les installations militaires et industrielles ont soulevé des questions sur la cause de ces incidents. Un nombre considérable d'incendies mystérieux ont éclaté à travers l'Iran depuis mai, et se sont déclarés dans plusieurs endroits en Iran, des forêts et des parcs aux sites historiques et sacrés appartenant à des minorités religieuses. D’autres incendies et explosions se sont produits sur des sites militaires et nucléaires hautement sensibles. Bien sûr, les autorités iraniennes ont minimisé les incendies et les explosions, en les qualifiant d’accidentels. Les services de renseignements ont reconstitué la chronologie des différents incidents.
Explosion d'une usine d'oxygène |
Le 25 juin, une explosion s’est produite près de la base militaire de Téhéran et des témoins ont partagé des vidéos et des images d'une lumière orange illuminant le ciel de Téhéran. Quelques heures plus tard, le ministère de la Défense a déclaré qu'une explosion avait eu lieu dans une installation de stockage de gaz dans une zone qui abrite un site militaire sensible. L'explosion a eu lieu dans la «zone publique» de Parchin, où se trouve une installation dans laquelle l'Iran est soupçonné d'avoir effectué des essais liés aux armes nucléaires. L’AEIA (Agence internationale de l'énergie atomique) a précisé que l'Iran avait effectué des essais hydrodynamiques pour évaluer comment des matériaux spécifiques réagissent sous haute pression, comme lors d'une explosion nucléaire.
Toujours le 25 juin, de grandes parties de Shiraz ont connu une panne de courant avec coupure d’Internet. Les Iraniens ont attribué cette panne à une augmentation de la consommation d'énergie. Mais peu de temps après, les médias d'État ont dû reconnaître qu’il s’agissait en fait d'une explosion à Téhéran.
Le 30 juin, une explosion a été déclenchée dans une clinique médicale, au nord de Téhéran faisant 19 personnes tuées. Le procureur a expliqué que la cause de l'accident était l'explosion de trois capsules d'oxygène à l'intérieur de la clinique, mais la police attribue l’explosion à une fuite de gaz. Quatre gestionnaires de la clinique, des lampistes, ont été inculpés.
Bâtiment détruit à Natanz |
Le 2 juillet, un grave «incident» a eu lieu à l'installation nucléaire de Natanz, dû selon les Iraniens à un accident sur un chantier de construction voisin. On sait que le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dont une grande partie est souterraine, est l'une des nombreuses installations nucléaires. L'Iran a déclaré avoir déterminé la cause de «l'accident», mais a refusé de divulguer des détails, pour des raisons de sécurité. Le porte-parole, Behrouz Kamalvandi, a cependant admis que des «dommages importants» pourraient ralentir le développement des centrifugeuses.
Le 3 juillet, un grand incendie s'est déclaré dans un jardin de la ville de Shiraz, la capitale de la province du Fars. Des vidéos ont été diffusées vendredi sur les réseaux sociaux. Aucune information n’a été publiée sur les causes de l’incendie.
Le 4 juillet, une fuite de chlore gazeux dans le centre pétrochimique de Karun dans la ville de Mahshahr, dans la province riche en pétrole du Khūzestān, a rendu malade 70 travailleurs. La centrale électrique a pris feu en raison d'une «explosion de transformateur», selon Ebrahim Ghanbari, le chef des services d'incendie et de sécurité de la municipalité d'Ahwaz qui a par la suite déclaré que l'incident était un incendie et non une explosion.
Le 7 juillet, explosion dans une usine d'oxygène de la ville de Baqershahr, au sud de la capitale Téhéran. L’explosion a tué deux personnes, à 3h20. Les médias d'État ont prétendu qu’il s’agissait d’une «erreur humaine». Le gouverneur de Kahrizak, Amin Babaei, a déclaré que l'incident avait été causé par l'explosion de capsules d'oxygène, accusant les travailleurs de l'usine d'être «négligents».
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