mercredi 5 août 2020

L’offre d’aide d’Israël au Liban est normale pour certains, pas pour d’autres...

Des gens inspectent leur voiture, endommagée par la gigantesque explosion de la veille dans le port maritime de Beyrouth, au Liban, le 5 août 2020. (AP/Bilal Hussein)

Alors que certains affirment que Jérusalem ne devrait pas aider un État ennemi, le maire de Tel Aviv a annoncé que l'hôtel de ville s'illuminerait aux couleurs du drapeau libanais...


Ce mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances au peuple libanais suite à l’explosion meurtrière de la veille à Beyrouth.
« Hier, il y a eu une grande catastrophe », a-t-il déclaré au début d’un discours à la Knesset, avant d’être interrompu par les cris des députés de l’opposition. Après quelques instants, il a réitéré la volonté de Jérusalem d’envoyer une aide humanitaire au pays sinistré.
Netanyahu a rappelé qu’Israël avait offert de l’aide aux Syriens et même à l’Iran.
« C’est notre façon de faire », a-t-il dit, toujours chahuté par les députés de l’opposition.
De son côté, un ancien dirigeant suédois a déclenché une vague de protestation en ligne après avoir semblé suggérer qu’Israël n’offrait normalement pas d’aide aux pays ennemis lors de catastrophes, alors qu’Israël continuait à proposer d’aider à soigner les blessés du Liban.
Israël a annoncé mardi soir avoir tendu la main pour offrir une aide humanitaire au Liban après la gigantesque explosion qui a secoué Beyrouth, faisant au moins 100 morts et détruisant de nombreux quartiers de la capitale. La catastrophe a poussé le pays, déjà mis à rude épreuve par une crise économique sans précédent, au bord du gouffre, et les hôpitaux ont du mal à faire face aux milliers de blessés.
« La seule chose encourageante dans cette catastrophe au Liban est que même Israël a été rapide à offrir une aide humanitaire », a tweeté l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt.
La ministre israélienne des Affaires stratégiques, Orit Farkash Hacohen, a répondu à Bildt qu’Israël n’hésitait pas à offrir de l’aide aux pays qu’il considère comme des ennemis.
« Pourquoi êtes-vous surpris ? Israël se défend contre ses ennemis, tout en aidant la population civile partout où il le peut », a-t-elle écrit, citant les offres d’aide israéliennes à la Turquie en 2011, et à l’Iran et l’Irak en 2017, suite aux tremblements de terre. Elle a également fait remarquer qu’Israël offrait des soins médicaux et d’autres formes d’aide aux Syriens blessés qui arrivent à la frontière israélienne, ce qu’elle a qualifié d’aide à la Syrie.
« Nous continuerons à faire les deux », a-t-elle ajouté.
Sur cette photo non datée fournie le 19 juillet 2017, des soldats de Tsahal préparent l’aide humanitaire dans le cadre du programme « Good Neighbor » de l’armée destiné aux civils syriens sur les hauteurs du Golan syrien. (Forces de défense israéliennes)
Israël envoie régulièrement de l’aide à des pays lointains, notamment en mettant en place des hôpitaux de campagne, en participant aux efforts de recherche et de sauvetage et en envoyant de la nourriture, de l’eau et d’autres produits de première nécessité.
Ses offres d’aide aux pays ennemis sont presque toujours refusées et certains ont accusé Israël de profiter des catastrophes en offrant son aide pour redorer son blason.
Orit Farkash-Hacohen. (Yanai Yechiel)
Bildt, qui a été Premier ministre de la Suède de 1991 à 1994 et ministre des Affaires étrangères de 2006 à 2014, est un critique assidu du gouvernement israélien de droite. Il n’a pas répondu à Farkash ni aux autres personnes qui l’ont critiqué en ligne suite à son commentaire.
En plus de l’aide humanitaire, plusieurs hôpitaux israéliens ont proposé de soigner les blessés du Liban. Masaad Barhum, le directeur du centre médical Galilee à Nahariya, près de la frontière libanaise, s’est joint à trois autres hôpitaux qui ont offert leur aide pendant la nuit.
« Nous souhaitons vous tendre la main en matière d’aide et d’assistance… Nous voulons seulement vous aider. Soyez assurés que ceux qui arrivent blessés et choqués repartiront sains et saufs, avec la grâce de Dieu. Nous vous attendons », a-t-il déclaré dans une vidéo tweetée par le porte-parole de l’armée israélienne à l’intention du monde arabe.
Le centre médical Rambam à Haïfa, l’hôpital Ziv à Safed et le centre médical Sheba à Ramat Gan ont également offert leur aide.
De nombreux Israéliens ont exprimé leur horreur face au désastre qui a frappé Beyrouth et leur sympathie envers le peuple libanais, malgré l’inimitié entre les pays.
Le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, a annoncé que son hôtel de ville s’illuminerait aux couleurs du drapeau libanais en signe de solidarité mercredi soir. « L’humanité passe avant tout conflit, et notre cœur est avec le peuple libanais après la terrible catastrophe qui l’a frappé », a déclaré M. Huldai.
L’hôtel de ville de Tel Aviv illuminé pour représenter le drapeau espagnol, en solidarité avec l’Espagne, le 17 août 2017. (Miriam Alster/Flash90)
Cependant, Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a tweeté qu’il était opposé à l’affichage des couleurs, prétendant à tort que c’était illégal. « C’est de la folie. Le Liban est officiellement un État terroriste. »
D’autres personnes de droite ont également exprimé leur opposition à l’aide au Liban, où est basé le groupe terroriste du Hezbollah, avec lequel Israël est en conflit ouvert depuis des décennies. Le Hezbollah a juré de détruire l’État juif et fait partie du gouvernement libanais.
Bezalel Smotrich, un député du parti d’opposition de droite HaBayit HaYehudi, a écrit sur Twitter qu’Israël ne devrait offrir de l’aide au Liban que si cela était dans l’intérêt stratégique d’Israël. « Moralement, nous n’avons aucune obligation ou besoin de tendre une main secourable à un État ennemi », a-t-il écrit.
Le leader du parti Zehut, Moshe Feiglin, lors d’un événement durant Pessah à Tel Aviv, le 14 avril 2019. (Crédit : Flash90)
Moshe Feiglin, libertaire d’extrême droite et ancien député du Likud, a semblé se réjouir de l’explosion sur Facebook tout en laissant entendre qu’Israël était derrière tout cela.
« Un vrai merci à tous les génies et héros qui ont organisé cette grande fête pour la journée de l’amour », a-t-il écrit, se référant à la fête juive de Tou BeAv, célébrée ce mercredi.
Il a ensuite affirmé, sans preuve, que l’explosion avait été causée par des explosifs stockés par le Hezbollah, un groupe terroriste soutenu par l’Iran. Les autorités libanaises affirment que l’explosion a été causée par l’explosion de quelque 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans le port depuis des années. Comme d’autres, Feiglin a comparé le champignon atomique qui en a résulté à une bombe atomique.
Vue générale de la scène d’une explosion dans le port de Beyrouth, la capitale du Liban, le 4 août 2020. (STR / AFP)
« Vous ne croyez pas vraiment que c’était un dépôt de carburant désorganisé, n’est-ce pas ? Vous comprenez ce que l’enfer nous aurait fait subir sous une pluie de missiles », a écrit Feiglin, le chef du parti Zehut.
Israël a mené plusieurs guerres contre le Liban et ces pays sont officiellement des États ennemis. De 1982 à 2000, Israël a occupé une partie du Sud-Liban pour chasser les groupes palestiniens et, en 2006, a mené une guerre dévastatrice contre le Hezbollah dans le pays. Si, par le passé, Israël a évité la confrontation directe avec les forces armées libanaises soutenues par les États-Unis, il a indiqué ces dernières années qu’il pourrait les combattre lors d’un futur conflit.
Les tensions sont récemment montées d’un cran à la frontière israélo-libanaise, après qu’Israël a déclaré le 27 juillet avoir déjoué une tentative d’infiltration et d’attaque par des terroristes du Hezbollah – une affirmation démentie par le groupe chiite. Israël s’est préparé à une attaque du Hezbollah après que l’organisation a accusé l’État juif d’avoir tué un de ses hommes lors d’un raid aérien en Syrie le mois dernier.

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