Personne ne voulait chanter « I’ve Had the Time of my Life »
Qui aurait cru que la bande-son d’un film comme Dirty Dancing s’écoulerait à 32 millions de copies dans le monde, devenant un des albums les plus vendus de l’histoire ? Pas les artistes contactés par l’équipe pour participer au volet musical du projet en tout cas : « le film était produit par une compagnie inconnue et les acteurs n’étaient pas de grosses stars. Je n’arrivais à convaincre personne », a confié Michael Lloyd, le superviseur musical, à Rolling Stone. Approché pour interpréter le titre-phare « I’ve Had the Time of my Life », Bill Medley était d’abord réticent : « J’ai demandé “qui joue dedans ?” Quand on m’a dit Patrick Swayze et Jennifer Grey, j’ai lancé ”qui ça ?” », se rappelle le chanteur, soulignant que le titre du long-métrage lui faisait penser à un mauvais film porno. Même réaction du côté de l’autre interprète du morceau, Jennifer Warnes, dont le petit ami se serait exclamé à l’écoute d’une démo du titre : « J’espère qu’ils te paient beaucoup d’argent pour ça ». Et, en effet, en passant outre leurs premières hésitations, ils décrocheront le jackpot.
La scène de l’avortement a failli être censurée
De Dirty Dancing, on retient le saut, la sensualité de Patrick Swayze et un final qui fait date… Au point d’en oublier les références au contexte politique. Se déroulant au cœur de l’été 1963, juste après le « I Have a Dream » de Martin Luther King, le film dresse un portrait des différences de classes à l’époque, et est parsemé de références au mouvement des droits civiques. Mais l’aspect le plus controversé de l’intrigue reste la grossesse de Penny : alors que la partenaire de danse de Johnny tombe enceinte, Bébé l’aide à financer son avortement, et débarque même au milieu de l’éprouvante procédure. « Tout le monde me demandait “pourquoi ? Nous venons juste d’avoir Roe v. Wade (un arrêt rendu en 1973, reconnaissant l’avortement comme un droit constitutionnel, NDLR)”. J’ai répondu que je ne savais pas de quoi demain serait fait, et j’ai été beaucoup attaquée », explique-t-elle à Broadly. Certains sponsors ont ainsi fait pression pour que cette partie soit censurée : « La marque en question, qui était une compagnie agroalimentaire ciblant les familles, a vu le film et demandé à ce que l’avortement illégal soit retiré », précise-t-elle. Pour se défendre, elle a utilisé le meilleur des prétextes : « j’aurais adoré, mais si je retire cela, l’histoire entière s’effondre. Il n’y a plus aucune raison pour que Bébé aide Penny, qu’elle danse ou tombe amoureuse de Johnny. Rien de cela n’arriverait sans l’avortement. »
Les premiers retours étaient catastrophiques
43. C’est le nombre de refus essuyés par Linda Gotlieb, productrice du film, lorsqu’elle a présenté Dirty Dancing à différents studios. « Ils disaient tous, c’est un petit film doux. Ce sont tous des hommes – pensez à leur organe sexuel, ils ne veulent rien de petit et doux, ils veulent quelque chose de gros et de dur », confiait-elle au Huffington Post. Si le studio Vestron accepte finalement de produire le film, pour la modique somme de 4,5 millions de dollars, c’est sans grand espoir : « Nous pensions que c’était un de ces films qui restent seulement quelques jours en salles, puis sont directement en DVD. Donc nous l’avons fait avec quelques bouts de ficelle. Nous nous attendions à de la moquerie, un échec et un désastre », expliquait-elle au Guardian. Les premiers retours des projections-test étaient tellement désastreux que le producteur Aaron Russo aurait même lancé « brûlez les négatifs et collectez l’assurance ». Le film se révélera pourtant très rentable avec 214 millions de bénéfices.
Le tournage était TRES mouvementé
Si Dirty Dancing est l’ultime divertissement estival, le tournage du film s’est déroulé dans un cadre automnal. Tous les subterfuges étaient donc bons pour faire illusion, y compris peindre en vert les feuilles mortes jonchant déjà le sol à la mi-octobre. Les acteurs ont ainsi dû affronter « un froid capable de provoquer une hypothermie », selon Patrick Swayze, durant la scène du lac, ainsi que d’autres caprices météorologiques faisant dérailler la machine. Au sixième jour, par exemple, des trombes de pluie se sont abattues aux alentours, bloquant les routes et empêchant tout tournage à l’extérieur. Du matériel sera aussi volé par des cambrioleurs, Patrick Swayze souffrira de problèmes de genoux, tandis qu'une malédiction s'abattra sur les maquilleuses : une première démissionnera pour problèmes personnels, tandis que la deuxième se blessera au poignet.
Patrick Swayze détestait la réplique «On ne laisse pas Bébé dans un coin »
Si aujourd'hui, il s'agit de la phrase emblématique du film, « Nobody puts Baby in a corner » ne faisait pas à l'origine l'unanimité. « Je détestais cette réplique », a avoué Patrick Swayze dans une interview avec The American Film Institute. Un avis partagé par la scénariste elle-même : « Je crois que personne n'était fan de cette réplique. Patrick ne voulait pas la dire. Je lui ai répondu “Dis-le juste une fois, et la fois d'après, tu montes seulement et tu fais ton discours. Peut-être que nous ne l'utiliserons pas” », expliquait Eleanor Bergstein au Huffington Post. Cette expression sera par la suite autant reprise et parodiée que le saut de la scène finale... C'est ce qu'on appelle rentrer dans l'Histoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire