Vers 15 heures, il est aveuglé par un flash lumineux qui envahit son cockpit… Ne comprenant pas de quoi il s’agit, il pense d’abord à une explosion dans les environs… Mais tout de suite, son attention est attirée par un spectacle tout à fait incroyable. Kenneth Arnold observe au loin 9 objets volants, qui ne ressemblent pas du tout à des avions conventionnels et qui se déplacent dans les airs avec des performances hors du commun.
Arnold connait très bien la région, grâce à des points de repère précis, il calcule la vitesse de ces objets : 2600 km/h, plus de fois la vitesse du son. Une vitesse totalement inaccessible pour l’époque.
La façon dont ces objets se déplacent, intrigue également Arnold, comme il le déclarera à la presse un peu plus tard.
" Ils ne volaient pas du tout en formation conventionnelle, comme des avions militaires. Ils semblaient onduler, comme serpenter dans l’air, au-dessus du sommet des montagnes. J’ai même eu l’impression qu’ils descendaient parfois
Vers le canyon, perdant 100 pieds d’altitude. Je pouvais les distinguais parfaitement sur la neige, sur les flancs du Mont Rainier et du Mont Adams… ils réfléchissaient la lumière du soleil comme un flash…
J’ai vu le dernier objet passer devant le Mont Adams, alors j’ai regardé ma montre… Ces objets avaient mis 1 minute 42 secondes pour franchir la distance entre les deux sommets. Je me suis dit : "Woaw, ils vont sacrément vite !" Je n’ai pas cessé de penser à la distance qu’il y a entre les deux montagnes "
Un des journalistes qui recueillent l’histoire incroyable de Kenneth Arnold, va utiliser le mot " Flying saucer ", traduisez " Soucoupe volante " pour décrire les objets. C’est malheureusement une méprise : Arnold n’a jamais décrit des soucoupes volantes, mais plutôt des objets qui se déplaçaient comme " des soucoupes ricochant sur l’eau "
" Ils ressemblaient à des plats à tarte coupés en deux, avec une sorte de triangle convexe à l’arrière. Ces objets semblaient s’incliner et ils réfléchissaient le soleil, comme un miroir… En fait, ils se trouvaient à un angle particulier… et le soleil tapait sur la surface de ces objets étranges… Ça vous éblouissait littéralement, j’étais presque aveuglé lorsque je les observais à travers mon pare-brise de plexiglas.
Mais d’après mes connaissances, et d’après ce que j’ai vu… c’est d’ailleurs ce que j’ai dit à L’Associated Press… et je suis prêt à le jurer, ma main sur la Bible… voilà en tous cas ce que j’ai vu… et si ça n’a rien à voir avec notre armée ou nos services secrets… si ça n’a rien à voir avec une nation étrangère… moi j’en perds mon latin. Je n’en sais fichtrement rien. Ma seule certitude, c’est que j’ai bien vu ces objets, je les ai chronométrés, et ils se trouvaient dans une position idéale pour que je le fasse… C’est un grand mystère pour moi, autant que pour tous les gens qui m’appellent depuis 24 heures. "
L’observation d’Arnold va faire la une de toute la presse. Mais ce qui n’aurait pu être qu’un simple fait divers estival, va se transformer en vague d’observations massive dans tout le pays. Quatre jours après qu’Arnold ait vu les premières " soucoupes volantes ", deux pilotes et deux officiers de renseignement voient un objet étonnant effectuer des manœuvres impossibles au-dessus de la base aérienne de Maxwell, à Montgomery dans l’Alabama. Le même jour, un pilote de l’US Air Force aperçoit une formation de cinq appareils non identifiés près de Lake Meade dans le Nevada. Le 4 juillet, c’est un pilote de DC3 qui observe une formation de soucoupes volantes pendant 45 minutes. On recense des centaines, des milliers de témoignages en quelques semaines.
Bref, pendant l’été 47, on voit des soucoupes volantes partout au-dessus des Etats-Unis.
Si les soucoupes volantes sont omniprésentes dans la presse, elles sont pourtant un sujet de plaisanterie. Pour les scientifiques interrogés par des journalistes, les ovnis n’existent tout simplement pas. Il s’agit de méprises avec des phénomènes météorologiques naturels ou des ballons-sondes tout simplement.
Le problème, c’est que parmi les nombreux témoins de la vague de 1947, il va y avoir de nombreux pilotes professionnels. Voilà pourquoi, l’US Air force elle, va prendre le phénomène au sérieux comme nous l’explique Pierre Lagrange, sociologue des sciences, qui a enquêté longuement sur les premiers ovnis de 1947.
" Les premiers enquêteurs de l’US Air force vont avoir tendance à penser qu’il y a un phénomène tout à fait réel et qu’il s’agit de machines volantes. Et comme ils n’arrivent pas à trouver au sein de l’appareil militaire la source de ces machines, c’est-à-dire qu’il n’y a personne au sein de l’armée de l’air qui construit ces choses-là apparemment, ils vont conclure que soit ce sont des engins étrangers, soit ce sont des engins étrangers mais avec un grand " E ", donc des appareils qui viendraient d’une autre planète. Ce qui est intéressant, c’est que ce sont les militaires de l’armée de l’air américaine qui vont être les premiers à spéculer sérieusement sur l’idée que les soucoupes volantes pourraient être d’origine interplanétaire "
Ces premières conclusions ne vont pas plaire à la hiérarchie. L’US Air force mettra sur pied plusieurs commissions d’enquête consacrées aux ovnis dès 1948 : la commission soucoupes, le projet Sign ensuite le projet Grudge et enfin le projet Blue Book dans lesquels on " débunke " tous les témoignages d’ovnis en les expliquant par des causes naturelles. Et les explications données par l’armée sont parfois tirées par les cheveux.
Par exemple, le 7 janvier 1948, un pilote de l’armée de l’air, le capitaine Thomas Mantell se tue en poursuivant un énorme ovni. L’objet avait été repéré par des civils dans le ciel du Kentucky. Alerté, le personnel de la base aérienne de Godman avait effectivement contrôlé la présence d’un objet volant non identifié. Le capitaine Mantel sera envoyé à sa poursuite pour l’intercepter, mais il ne parvient pas à le rattraper. Après avoir signalé à la radio que " l’objet semblait de grande dimension et métallique ", la communication se coupe et on retrouvera l’épave de l’avion du capitaine M antell, 145 km plus loin. Dans quelles circonstances est-il mort ? Mystère.
Différentes commissions d’enquêtes vont affirmer que le pilote a confondu l’ovni avec Vénus, puis qu’il aurait poursuivi un ballon stratosphérique… Des conclusions qui ne vont convaincre personne.
Les soucoupes volantes reviendront en masse trois ans plus tard, en 1952. Cette fois, l’affaire va être prise plus au sérieux. En effet, la nuit du 19 juillet tous les radars civils et militaires de Washington enregistrent des échos étonnants, d’objets volants non identifiés, capables de vitesses et d’accélérations étonnantes (parfois jusqu’à 10.000 km/h !).
L’armée envoie ses chasseurs, mais qui n’arriveront jamais à identifier ou intercepter les ovnis. Et ce cirque va durer plusieurs jours.
La presse se déchaîne " les ovnis sont plus rapides que nos avions ! ", l’opinion publique est inquiète : comment se fait-il que des engins inconnus puissent survoler la capitale en toute impunité ?
N’oublions pas qu’en 1952, nous sommes aux débuts de la guerre froide.
L’armée, acculée, va donner sa plus grande conférence de presse depuis la fin de la deuxième guerre mondiale pour tenter d’expliquer ces événements au public.
Version officielle : les enregistrements radars dus aux apparitions d’ovni dans le ciel de Washington avaient été causés par des phénomènes météorologiques : des inversions de température. Ce sont elles qui ont trompé les radars. Une explication risible : les radaristes professionnels savent parfaitement faire la différence entre des échos réels et des échos radars fantômes. De plus ces inversions de température ne peuvent absolument pas expliquer les témoignages des pilotes de chasse qui ont vu des lumières étranges aux endroits où les radars les localisaient…
Au final, ces tentatives d’explication des premiers ovnis par l’armée américaine vont créer petit à petit une méfiance du public : si les militaires donnent des explications aussi dérisoires, c’est qu’ils cachent quelque chose. Cette méfiance sera à la source de nombreuses théories du complot qui ont énormément de succès encore aujourd’hui.
En 1969, l’US air force mettra fin à sa dernière commission d’enquête le projet Blue Book en estimant que le phénomène n’est pas assez intéressant pour être étudié… Pourtant, les ovnis sont parvenus à s’inscrire durablement dans la mémoire populaire. Pour beaucoup, encore aujourd’hui les soucoupes volantes, les ovnis sont une des plus grandes énigmes des temps..
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