jeudi 6 août 2020

L’EXPLOSION DE BEYROUTH PORTE LA SIGNATURE DU HEZBOLLAH Par Jacques BENILLOUCHE...



Le modus operandi de l’explosion de Beyrouth ne porte pas la signature d’Israël. La destruction planifiée de tout un quartier est contre productif. L’action d’Israël est plus ciblée, pour viser les armes de destruction et non les hommes. Tsahal n’a pas pour vocation de faire du bruit et de faire le plus de dégâts collatéraux possibles. S’il doit détruire un hangar contenant des missiles, il fait un travail d’orfèvre, planifié et préparé avec minutie.





Des agents du Mossad sont d’abord envoyés sur place avec une excellente couverture pour photographier l’élément à détruire et filmer avec minutie les environs. Ensuite des éléments des unités militaires d’élite Maglan, dont la spécialité est de détruire les systèmes ennemis, sont infiltrés sur place avec des équipements de technologie de renseignements permettant de récolter des données et de les transmettre en temps réel. En fonction du lieu où se situe l’opération, ils sont doublés par des spécialistes de l’unité Shaldag dont la mission est de se déployer sur le terrain ennemi pour effectuer des reconnaissances spéciales, pour analyser le terrain, pour placer des pastilles électroniques afin de déterminer avec précision la cible à détruire par un missile ou par une action de l’aviation israélienne.


Le Hezbollah place volontairement son arsenal dans des hangars au centre de Beyrouth pour utiliser la population comme bouclier contre les attaques israéliennes. Malgré cela, Israël ne joue pas la carte de l’horreur en visant une population innocente. On se souvient de l’attentat contre l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth le 14 février 2005. On ne lui a laissé aucune chance. Tous les moyens avaient été mis en place pour ne pas rater sa petite voiture. Une camionnette chargée de centaines de kilos d’explosifs avait tué 22 personnes et fait 226 blessés en créant un cratère géant symbolique de la volonté de tuer. Des innocents avaient payé pour avoir été présents sur le lieu visé. Le «crime» d’Hariri avait été de vouloir reconstruire le pays et d’incarner la volonté d'indépendance des Libanais qui voulaient s'émanciper de la tutelle des Syriens et du Hezbollah.


La décision du Hezbollah de nier immédiatement la responsabilité d’Israël est suspecte. Il ne cherche pas ses faveurs mais Hassan Nasrallah ne voulait pas qu’on lui enlève la paternité d’un acte qu’il a prémédité et qui devait servir de leçon au gouvernement libanais. Deux raisons l’ont poussé à cet acte ignoble. D’une part, face à la crise sanitaire et économique au Liban, le gouvernement voulait s’affranchir de la présence de ministres du Hezbollah, des boulets dont le rôle est de bloquer toute avancée politique parce que la milice se nourrit au terreau du chaos. Les Libanais ont compris que la milice, et son complice le président Aoun, œuvraient uniquement pour asseoir la présence syrienne et iranienne dans le pays.   
Accusés par le TSL

D’autre part, ce vendredi 7 août, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) doit rendre son jugement sur le meurtre de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Les accusés, affiliés au Hezbollah, sont  jugés par contumace, Salim Ayache, Hussein Oneïssi, Assaad Sabra et Hassan Habib Merhi. La mise en accusation du Hezbollah n’était pas du goût de son chef et il a décidé de le faire savoir avec pertes et fracas. La leçon doit être bien assimilée par les juges qui savent qu’ils font courir un risque à ceux qui soutiennent le TSL et qui préparent le chaos qui en découle.


Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a prévu de se rendre à La Haye pour assister à la lecture du verdict du TSL dans l’affaire de l’assassinat de son père. Il était prévu qu’il s’exprime à l’issue de l’annonce du jugement. Le tribunal, basé aux Pays-Bas, rendra son jugement par contumace dans le procès de quatre membres présumés du Hezbollah accusés d’avoir participé à l’assassinat mais le parti chiite, a toujours refusé de livrer les suspects malgré plusieurs mandats d’arrêt lancés par le TSL.
Nazar Najarian

  Le lieu de l’attentat n’a pas été choisi au hasard. La déflagration au port maritime de Beyrouth a eu lieu non loin du domicile de Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais.  Par ailleurs il se trouve à proximité du siège du parti Kataeb, les Phalanges libanaises, dirigées par la famille Gemayel, fortement nationalistes et militarisées depuis 1975, qui mettent l'accent sur l'indépendance et sur le respect de la diversité au Liban et qui sont bien sûr opposés au Hezbollah et à la présence iranienne au Liban. Le parti, dirigé aujourd’hui par Samy Gemayel, était aussi visé puisque son secrétaire général, Nazar Najarian, qui était au siège du parti au moment de l'explosion, vient de succomber à ses blessures.

  Cette explosion va rebattre les cartes au Liban au moment où le pays traverse la plus grande crise économique de son histoire. On risque à nouveau de s’orienter vers la libanisation du Liban sous le regard prudent des Israéliens qui, cependant, ne permettront jamais que le chaos déborde à ses frontières. Pour l’instant les Libanais pansent leurs blessures mais il serait temps qu’ils s’éveillent de leur torpeur pour mettre de l’ordre dans leurs affaires et se débarrasser du Hezbollah avec l’aide de certains pays occidentaux qui affirment soutenir le pays sans pourtant y mettre les moyens.

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