Voir danser Mikhaïl Baryshnikov sidère chaque fois.
Tout en densité, à la limite du surnaturel, il remporte une constante victoire sur son corps, sur sa chair, sur la pesanteur. Ses gestes sont paroles. Et assister à cette espèce de miracle redonne presque foi en l’humanité. Moins fin que d’autres danseurs, il possède un corps assez petit (un mètre soixante-dix), râblé. Sa carrure de boxeur, avec un torse et des épaules particulièrement musclés, lui permet de rester en l’air plus longtemps que les autres, en lévitation, sans jamais entamer ni sa grâce ni son élégance. Aux côtés de Vaslav Nijinski et de Rudolf Noureev, Baryshnikov a atteint le statut de véritable génie de la danse.
Pourtant, ce n’est pas à proprement parler un ambitieux, comme le soulignait la critique Arlene Croce.
Tout du moins son ambition ne se concentre-t-elle pas sur les autres mais sur lui-même ; elle se déplace vers l’intime. Comme il le dit : "Je n’essaie pas de danser mieux que quelqu’un. J’essaie seulement de danser mieux que moi-même." Baryshnikov répète souvent, à la manière laconique du "je fais des westerns" de John Ford, que danser est son métier. Mais ce métier si intense, aussi physique que mental, fusionne malgré lui avec sa vie. Liza Minnelli explique en 1980 dans le magazine After Dark : "Misha prend la danse très au sérieux, mais il vous fait aussi savoir qu’il y a d’autres choses au monde. Il y a une joie absolument prenante à le regarder danser, mis à part le fait qu’il fait tout si parfaitement ! On n’arrive pas à croire qu’un corps humain puisse accomplir cela. Mais ce qui reste en tête, c’est que, s’il ne s’éclatait pas en dansant, il ne serait pas aussi bon."
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