dimanche 23 août 2020

Retour sur les 20 plus grandes découvertes scientifiques de la décennie...

Sur cette illustration, deux étoiles à neutrons entrent en collision lors d’une explosion appelée supernova. Le ...

Ces 10 dernières années, les scientifiques du monde entier ont réalisé des avancées considérables, améliorant notre connaissance du corps humain, de notre planète et de l'univers qui nous entoure. Cette décennie marque également l'avènement d'une collaboration scientifique plus internationale qu'elle ne l'a jamais été. Aujourd'hui, les découvertes révolutionnaires émanent plus souvent d'une coalition de 3 000 savants que d'un groupe de 3 chercheurs.
Face à ces multiples découvertes, rendues possibles grâce à de nombreuses personnes, la rédaction de National Geographic a choisi de ne pas réduire cette riche décennie à une poignée d'avancées. Nous avons identifié ici 20 événements majeurs qui nous ont particulièrement marqués et qui, selon nous, ouvriront la voie à d'autres trouvailles fascinantes au cours de la prochaine décennie.

Des ondes gravitationnelles détectées pour la première fois


En 1916, Albert Einstein émet une théorie : lorsque deux objets possédant une certaine masse accélèrent, ils peuvent parfois provoquer des ondes qui traversent l’espace-temps, à la manière d’ondulations à la surface d’un étang. Si Einstein doutera, par la suite, de leur existence, ces « remous » spatiotemporels – appelés ondes gravitationnelles – constituent une prédiction clef de la théorie de la relativité, et leur recherche captive les scientifiques durant des décennies. Bien que des traces tangibles de ces ondes apparaissent pour la première fois dès les années 1970, ce n’est qu’en 2015 qu’elles seront véritablement détectées par l’observatoire américain LIGO, qui perçoit la réplique d’une collision lointaine entre deux trous noirs. Annoncée en 2016, cette découverte ouvre alors la voie à une nouvelle façon de sonder le cosmos.
En 2017, LIGO et l’observatoire européen Virgo identifient une autre série de secousses, due cette fois à la collision entre deux corps célestes ultra denses appelés étoiles à neutrons. Les télescopes du monde entier assistent à l’explosion, une première dans l’observation des ondes gravitationnelles et lumineuses. Ces données majeures éclairent les scientifiques sur le fonctionnement de la gravité ainsi que sur la formation d’éléments comme l’or et l’argent. (À lire aussi : Qu'est ce qu'une onde gravitationnelle ?)

Grande réorganisation de l’arbre généalogique de l’espèce humaine

Malgré certains aspects primitifs, le visage, le crâne et les dents présentent beaucoup de caractéristiques modernes ...
Malgré certains aspects primitifs, le visage, le crâne et les dents présentent beaucoup de caractéristiques modernes pour justifier l’inclusion de l’Homo. naledi dans le genre Homo. Il aura fallu 700 heures à l’artiste John Gurche pour reconstituer cette tête à partir de scanners d’os et de fourrure d’ours en guise de poils.
PHOTOGRAPHIE DE MARK THIESSEN, NATIONAL GEOGRAPHIC
La décennie a été marquée par de nombreux progrès concernant la compréhension de nos origines : l’établissement de nouvelles dates sur des fossiles connus, la découverte de crânes fossilisés étonnamment complets ainsi que l’ajout de multiples branches inédites. En 2010, l’explorateur itinérant National Geographic Lee Berger annonce la découverte d’un de nos lointains ancêtres, Australopithecus sediba. Cinq ans après, il révèle que les fossiles d’une nouvelle espèce ont été mis au jour au sein du « berceau de l’humanité », un réseau de grottes karstiques d’Afrique du Sud : Homo. naledi, un hominidé dont l’anatomie en « mosaïque » s’apparente aussi bien à celle de l’homme moderne qu’à celle de ses cousins bien plus anciens. Une étude complémentaire a également révélé le très jeune âge de H. naledi, qui vivait il y a 236 000 à 335 000 ans.
L’Asie a été le lieu de nombreuses découvertes majeures. En 2010, une équipe dévoile que l’ADN identifié à partir d’une phalange d’un ancien habitant de Sibérie ne ressemble à celui d’aucun autre être humain moderne ; il s’agit de la première preuve d’une mystérieuse lignée connue aujourd’hui sous le nom de Dénisoviens. En 2018, des outils de pierre remontant à 2,1 millions d’années sont découverts en Chine, indiquant l’arrivée de fabricants d’outils en Asie des centaines de milliers d’années plus tôt que l’on ne le pensait. En 2019, des chercheurs ont retrouvé des fossiles de Homo luzonensis aux Philippines, une nouvelle espèce humaine semblable à Homo floresiensis, l’Homme de Florès. Enfin, la découverte d’outils de pierre sur l’île des Célèbes antidate l’arrivée de l’Homme moderne, suggérant ainsi la présence d’un troisième hominidé insulaire encore non identifié en Asie du Sud-Est. (À lire aussi : La lignée de l'Homme de Denisova pourrait représenter trois espèces humaines)

Révolution de l’analyse d’ADN fossiles

Avec le perfectionnement considérable des technologies de séquençage de l’ADN, les progrès qui ont marqué cette décennie nous ont permis de mieux comprendre l’influence de notre passé génétique sur l’être humain moderne. Dès 2010, des chercheurs ont publié le premier génome quasi complet d’un ancien Homo sapiens, inaugurant ainsi une décennie révolutionnaire en matière d’analyse de l’ADN de nos ancêtres. Depuis, plus de 3 000 génomes fossiles ont été séquencés, dont l’ADN de Naia, une jeune fille disparue il y a 13 000 ans sur les terres du Mexique actuel. Il s’agit de l’un des squelettes humains restés intacts les plus anciens jamais découverts sur le continent américain. Toujours en 2010, des scientifiques ont annoncé le décryptage partiel du génome de l’homme de Néandertal, première preuve génétique tangible que 1 à 4 % de l’ADN des êtres humains non africains proviendrait de ces proches cousins.
Autre coup de tonnerre : en 2018, des chercheurs qui analysaient des ADN fossiles ont révélé la découverte d’un os vieux de 90 000 ans appartenant à une adolescente dont la mère était néandertalienne et le père dénisovien, faisant d’elle le premier être humain hybride jamais découvert. En outre, en comparant l’ADN de l’homme de Denisova à des protéines fossilisées, des scientifiques ont confirmé que les Dénisoviens vivaient autrefois au Tibet, élargissant ainsi l’aire de répartition connue de ce groupe mystérieux. À mesure que le champ d’étude d’ADN fossiles s’est perfectionné, les considérations éthiques, ayant trait notamment au besoin de participation des collectivités et au rapatriement des restes humains de populations indigènes, ont, elles aussi, de plus en plus été prises en compte.
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Découverte de milliers d’exoplanètes

Notre connaissance des planètes en orbite autour d’étoiles lointaines s’est considérablement affinée au cours de cette décennie, des progrès que nous devons en majorité au télescope spatial Kepler de la NASA. De 2009 à 2018, le télescope a découvert plus de 2 700 exoplanètes confirmées, soit plus de la moitié de toutes celles que nous connaissons. La première exoplanète rocheuse confirmée figure parmi les plus grands succès de la mission spatiale Kepler. Lancé en 2018, son successeur TESS a commencé à sonder les cieux nocturnes et a d’ores et déjà identifié 34 exoplanètes confirmées.
Des relevés au sol ont également été réalisés. En 2017, des chercheurs ont annoncé la découverte de TRAPPIST-1, un système stellaire situé à seulement 39 années-lumière de la Terre composé de pas moins 7 planètes de la taille de la Terre, soit le plus grand nombre de planètes mises au jour autour d’une autre étoile que le Soleil. L’année précédente, l’équipe du projet Pale Red Dot avait révélé la découverte de Proxima b, une planète de la taille de la nôtre en orbite autour de Proxima Centauri, plus proche étoile du Soleil située à seulement 4,25 années-lumière de notre système. (À lire aussi : La présence d’eau confirmée sur les planètes de Trappist-1)
Une cellule modifiée plus de 13 000 fois | Radio-Canada.ca

Entrée dans l'ère Crispr..

Les années 2010 ont été marquées par d'énormes progrès dans le domaine de la modification génétique, essentiellement grâce à la découverte de CRISPR-Cas9. Ce système joue naturellement le rôle de système immunitaire chez certaines bactéries : il leur permet de stocker des bribes d'ADN viral, de reconnaître tout futur virus correspondant et de déchiqueter l'ADN dudit virus. En 2012, des scientifiques laissent entendre que CRISPR-Cas9 pourrait servir d'outil puissant de modification du génome, grâce à la précision avec laquelle il découpe l'ADN, propice à une personnalisation de la part des chercheurs. Quelques mois plus tard, d'autres équipes confirment que cette technique fonctionne sur l'ADN humain. Depuis, les laboratoires du monde entier se sont lancés dans une course effrénée afin d'identifier d'autres systèmes semblables, de rendre CRISPR-Cas9 encore plus précis et de procéder à des expériences dans les domaines de l'agriculture et de la médecine.
Si les potentiels avantages de CRISPR-Cas9 sont immenses, les problèmes éthiques que ce système pose le sont tout autant. En 2018, le chercheur chinois He Jiankui a annoncé la naissance de deux petites filles dont il avait modifié le génome à l'aide de CRISPR, premiers êtres humains à naître avec des modifications héréditaires à leur ADN, provoquant l'effroi de la communauté médicale mondiale. Suite à cette annonce, l'exigence d'un moratoire à l'échelle planétaire sur les modifications génétiques héréditaires chez l'être humain s'est faite plus forte.

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