Le directeur du Mossad a joué un rôle essentiel dans le rapprochement récent entre Israël et plusieurs pays arabes du Golfe. Cette semaine, cette figure familière aux Israéliens était aux Émirats arabes unis avant de se rendre bientôt à Bahrein. Il fait partie des successeurs potentiels de Benyamin Netanyahou.
Yosef Meir Cohen, l’homme que Netanyahou considère comme l’un de ses successeurs potentiels avec Ron Dermer, actuel ambassadeur israélien aux États-Unis. © AFP / Heidi Levine..
« Le mannequin. » Il a les épaules carrées, le teint hâlé, les cheveux noirs fournis avec quelques mèches argentées, le regard sombre et le sourire éclatant. Qu’il porte le costume cravate ajusté, ou la doudoune matelassée sans manches sur chemise blanche ouverte, Yossi Cohen, 59 ans, est surnommé « le mannequin » en Israël.
Mais il serait injuste et superficiel de réduire l’actuel directeur du Mossad (les services civils de renseignements extérieurs) à son physique avenant. Il est aujourd’hui l’un des hommes clés en Israël qui, outre son hébreu natal, parle arabe, anglais et français.
Avant de se rendre à Bahrein dans les jours qui viennent, il était ce mardi à Abou Dhabi, cinq jours après l’annonce de la « normalisation » entre les Émirats arabes unis et Israël, un événement diplomatique majeur commenté dans le monde entier. Selon l’agence officielle WAM, le Conseiller à la sécurité nationale émirati, cheikh Tahnoun ben Zayed, a salué les « efforts déployés par M. Cohen pour parvenir à un accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël ». Alors que les ministres centristes des Affaires étrangères et de la Défense d’Israël ont été tenus dans l’ignorance des discussions entre les deux États, Yossi Cohen apparaît donc comme un véritable vice Premier ministre d’Israël ou, à tout le moins, le principal collaborateur de Benyamin Netanyahou. Ce dernier « a toujours eu des problèmes avec ses collaborateurs mais là, il a trouvé quelqu’un qui travaille bien avec lui », explique à France Inter Seth Frantzman, spécialiste des affaires diplomatiques au Jerusalem Post.
L’obsession iranienne
Élevé dans une famille sioniste et religieuse de Jérusalem, Yosef Meir Cohen a servi dans les parachutistes avant d’être recruté par le Mossad en 1983. Dans Lève-toi et tue le premier, publié aux éditions Grasset, le journaliste Ronen Bergman rappelle l’impeccable parcours de l’agent opérant sous le nom de code « Callan » : chef des opérations iraniennes en 2004, recruteur d’informateurs en Iran et au sein du Hezbollah à partir de 2006, sous-directeur du Mossad entre 2011 et 2013 puis Conseiller à la sécurité nationale avant de devenir directeur du Mossad en 2015. La partie déclassifiée de ses états de services atteste qu’il est un spécialiste de la question iranienne et chiite.
Or, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou considère Téhéran comme une menace existentielle pour Israël, rappelant les déclarations belliqueuses et antisionistes des dirigeants iraniens. Cohen a la même vision que lui, ses contempteurs en Israël estiment, eux, qu’il a surtout embrassé la pensée de Netanyahou pour obtenir ses promotions.
Le Premier ministre israélien pose, en janvier 2018, devant une prise phénoménale d’informations sur le programme nucléaire iranien attribuée au Mossad. / Amos Ben Gershom/GPO
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