Les villes qui ont chassé les Juifs auraient ainsi amputé leur système bancaire, et les effets négatifs seraient encore visibles aujourd’hui.
l y a quelque chose que tout le monde sait sur les Juifs au Moyen-Âge. Ils étaient victimes de discrimination, et, parfois, étaient chassés des pays où ils vivaient. Les lois qui les empêchaient de posséder les terres les ont orientés vers le commerce, et les lois qui empêchaient les Chrétiens de prêter à intérêt les ont orientés vers la finance.
La communauté juive, moteur de l’économie au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, donc, les Juifs étaient souvent les piliers de la finance, et ont participé à la naissance du système bancaire qui, à la fin du Moyen-Âge, a été un moteur trop longtemps oublié de la prospérité de la Renaissance.
Et si les Juifs étaient parfois chassés des endroits où ils vivaient, on comprend pourquoi ces lieux payaient un coût économique–mais, selon une nouvelle étude, les endroits qui ont chassé les Juifs payent encore ce coût.
Selon une étude publiée dans la Review of Economics and Statistics par le professeur Luigi Pascali, de l’université de Warwick et de l’université Pompeu Fabra, il y a une relation causale entre le fait pour une ville d’avoir chassé les Juifs au Moyen-Âge et le fait d’avoir une prospérité plus faible aujourd’hui.
Les villes qui avaient une communauté juive en 1500 ont eu un développement plus tôt et plus important du secteur bancaire. Et elles ont donc plus de banques aujourd’hui, et donc un meilleur développement, explique-t-il au Daily Mail.
L’étude du professeur Pascali décortique les données non seulement au niveau des villes, mais des entreprises. Une densité plus importante de banques à un endroit donné augmente la productivité globale de l’économie manufacturière, en allouant les ressources vers les entreprises les plus productives. Par ce mécanisme, les banques ont un effet démontrable sur le développement économique local.
Visible en Italie, mais aussi ailleurs
Le professeur Pascali se penche surtout sur l’Italie, car en 1503, le royaume de Naples du Sud de l’Italie, est passé sous le contrôle de la Couronne espagnole, dont la politique visait à la conversion des Juifs au chirstianisme ou bien à leur exil. Mais dans le Nord de l’Italie, en partie contrôlé par la France et en partie composé de villes-Etats indépendantes, les Juifs pouvaient rester.
Il a donc pu évaluer l’impact sur le développement économique de la présence, ou non, d’une communauté juive dans une ville donnée d’Italie. Et selon son étude, si les Juifs n’avaient pas été expulsés du Sud de l’Italie, le PIB de la région serait aujourd’hui plus élevé de 7%. Selon lui, un dixième de l’écart de revenus entre le Nord et le Sud de l’Italie s’explique par l’expulsion des Juifs il y a 500 ans. Si son étude se penche sur l’Italie, selon lui, l’effet est également démontrable dans d’autres pays.
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