Installée en Israël depuis une vingtaine d’années, Saskia Cohen-Tanugi avait marqué le théâtre parisien dans les années 1980. Elle s’est éteinte à 61 ans.
Même si elle avait quitté la France depuis une vingtaine d’années, on se souvient de la star qu’elle était en France dans les années 1980. La metteuse en scène de théâtre Saskia Cohen-Tanugi s’est éteinte la semaine dernière, en Israël, où elle vivait. Elle avait 61 ans et a été enterrée à Jérusalem.
Née à Tunis en 1959, passée par le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, où elle eut Antoine Vitez comme professeur, diplômée de l’Université hébraïque de Jérusalem et de la Sorbonne, elle a rapidement été repérée par ses enseignants. Il faut dire qu’elle n’a que 16 ans lorsqu’elle crée son premier spectacle. Passionnée de théâtre et de cinéma, véritable personnage de roman d’aventures, elle joue, en 1983, aux côtés de Sean Connery dans le James Bond Jamais plus jamais. La même année, on la voit dans Le Faucon, de Paul Boujenah. Lors de son passage en Grande-Bretagne, elle en profite pour suivre une formation au théâtre shakespearien et elle sera même correspondante rock de Libération à Londres!
Audacieuse, volubile, insatiable, elle impressionne très vite les grands noms du théâtre. C’est ainsi que René Gonzalez lui confie la mise en scène du Marchand de Venise, de Shakespeare, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, en 1983. L’année suivante, on la verra à Avignon présenter Docteur X Hero ou le dernier client du Ritz, un spectacle de science-fiction.
Toujours en quête de nouveaux territoires d’écriture, de science et de savoir, elle part en 1988 pour la Nouvelle-Calédonie, où elle travaille pendant un an à la préparation du Festival des arts du Pacifique. Mais elle avait la bougeotte. Dès 1989, elle est de retour à Paris, où elle met en scène au Studio des Champs-Élysées Le Banc, du Russe Alexandre Guelman, avec Élisabeth Depardieu et Jean-Michel Dupuis, un de ses grands succès. Sa curiosité l’entraînera ensuite vers un scénario sur l’Afrique contemporaine avec Patrick Grandperret.
Sa route croisera encore quelques stars, comme Kirk Douglas, qui interprète le rôle principal de Veraz, un film de 1991 qu’elle a écrit avec Xavier Castano. Bernardo Bertolucci lui demande de participer à l’écriture de Little Buddha et Diane Kurys fait appel à ses talents pour le scénario des Enfants du siècle.
Mais sa passion va au-delà de l’écriture. De 1995 à 1999, elle est chargée de la programmation artistique du Théâtre 13, à Paris. Puis elle enseigne quelques années à l’école du Théâtre national de Chaillot. En 1997, elle dirige Jean-Michel Dupuis dans L’Orage et la Prière, de Salomon Ibn Gabirol, un spectacle puissant et éclairé. Et en 1999 vient la consécration puisque son adaptation de Mademoiselle Else est nommée quatre fois aux Molières. Isabelle Carré repartira avec le Molière de la meilleure comédienne et Pascale Bordet avec celui des meilleurs costumes.
Puis elle s’installa en Israël, où elle enseignait et où elle a été responsable d’un atelier de théâtre à l’Université hébraïque de Jérusalem. Elle y a aussi dirigé de nombreux spectacles, des ateliers. Et écrit plusieurs œuvres (Caleb et Yoshua, Judith Epstein…). Attirée par des formes de pensée très différentes, elle s’était écartée du milieu théâtral parisien. Elle restera dans les mémoires comme une personnalité unique et lumineuse.
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