75 ans après la libération des camps, restent les images. Mais pas seulement celles prises de l'extérieur, il existe quelques clichés réalisés par ceux qui l’ont vécu de l’intérieur mais comment et pourquoi risque-t-on sa vie à faire des photos clandestines dans les camps ?
Le film dure 32 minutes. Ce n’est pas long 32 minutes sur une heure de cours, le temps que les élèves entrent dans la classe, qu’ils s’installent, le temps de faire l’appel et d’accueillir un retardataire.
32 minutes, cela permet de dire quelques mots de présentation du film : il a été réalisé par Alain Resnais en 1955, c’est-à-dire seulement dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il faut expliquer que les textes sont de Jean Cayrol, un écrivain qui a été résistant, arrêté, déporté pendant la guerre. Disposer d’un peu de temps avant de lancer la projection, permet de mettre en garde : le film débute par des images en couleurs puis viennent les archives, en noir et blanc, des images souvent insoutenables. Le film commence, avec la voix de Michel Bouquet qui explique que « même un paysage tranquille ; même une prairie avec des vols de corbeaux, des moissons et des feux d’herbe ; même une route où passent des voitures, des paysans, des couples ; même un village pour vacances, avec une foire et un clocher, peuvent conduire tout simplement à un camp de concentration ».
32 minutes, cela permet de dire quelques mots de présentation du film : il a été réalisé par Alain Resnais en 1955, c’est-à-dire seulement dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il faut expliquer que les textes sont de Jean Cayrol, un écrivain qui a été résistant, arrêté, déporté pendant la guerre. Disposer d’un peu de temps avant de lancer la projection, permet de mettre en garde : le film débute par des images en couleurs puis viennent les archives, en noir et blanc, des images souvent insoutenables. Le film commence, avec la voix de Michel Bouquet qui explique que « même un paysage tranquille ; même une prairie avec des vols de corbeaux, des moissons et des feux d’herbe ; même une route où passent des voitures, des paysans, des couples ; même un village pour vacances, avec une foire et un clocher, peuvent conduire tout simplement à un camp de concentration ».
Le film Nuit et Brouillard, d’Alain Resnais, dure 32 minutes. Ce n’est pas long 32 minutes sur une heure de cours, le temps de laisser place au silence après le générique de fin.
Nous recevons ce matin Christophe Cognet, réalisateur et scénariste, son ouvrage Éclats : prises de vue clandestines des camps nazis, est paru au Seuil, en 2019. Et Annette Wieviorka, historienne française, directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste de la Shoah et de l'histoire des Juifs au XXe siècle depuis la publication en 1992 de sa thèse, "Déportation et génocide : entre la mémoire et l'oubli", soutenue en 1991 à l'université Paris-Nanterre. Elle s'intéresse aussi depuis longtemps au communisme, comme l'atteste son ouvrage Ils étaient juifs, résistants, communistes (1986, réédition 2018).
Chaque cliché, c'est une histoire différente. Il n'y a pas de généralités. Chaque image est une sorte de petit miracle dans le sens, la somme de hasards et d'une volonté, souvent de fer, des gens qui les ont fait. Peut être que la seule chose qui les rassemble toutes, c'est qu'elles sont toutes l'œuvre de collectifs. C'est souvent des chaînes de solidarité et de résistance qui ont permis l'arrivée d'un appareil photo, de trouver de la pellicule. Les prises de vue, parfois, ont été surveillées. Par exemple : les femmes de Ravensbrück. Il y a cinq photographies qui sont faites, trois femmes qui sont photographiées.
Elles montrent leurs blessures à leurs camarades qui les photographient. Il y a peut être 10 à 15 femmes de ces cobayes qu'on appelle les lapins, qui se sont organisées pour faire ces photographies. Donc, à chaque fois, ce sont des chaînes de solidarité. A chaque fois, c'est un risque inouï. Chaque prise de vue est faite au péril de la vie du photographe, d'une certaine façon. Christophe Cognet
Puis dans la seconde partie de notre émission nous recevrons Valérie Pozner directrice de recherche au CNRS, membre du laboratoire THALIM, spécialiste de l’histoire du cinéma russe et soviétique et Irina Tcherneva, historienne de l’URSS, spécialiste du cinéma soviétique de non-fiction des années 1939 à 1970, elles nous parleront du projet de recherche international « Histoire visuelle de l'Holocauste. Repenser la conservation à l'ère numérique ». Un projet de recherche international novateur qui utilise des technologies numériques pour analyser et réinterpréter des représentations filmiques de l'Holocauste.
Un certain effacement de la présence des victimes juives se produit au moment de la diffusion des images. En particulier, je songe à un exemple : l'assassinat de 2 000 Juifs à Klooga, en Estonie, où les images des uniformes avec l'étoile de David ont été bel et bien filmées par les cinéastes. Puis ces images ont été envoyées au tribunal de Nuremberg, diffusées en URSS et donc destinées au public soviétique. Mais ces images ont été nettoyées de toutes toute trace de la judéité des victimes. Il y a plusieurs circuits de diffusion et pour analyser ces images, nous avons besoin de prendre en compte les différentes visées de diffusion. Irina Tcherneva
Il faut bien voir que la visée générale de cet effacement n'est pas due à une quelconque volonté qui remonterait à un sentiment violemment antisémite, mais au contraire à ne pas montrer les Juifs comme seules victimes de la fureur nazie. Au contraire, il s'agit d'impliquer au maximum le spectateur qu'il soit un combattant sur le front ou qu'il soit un combattant de l'arrière en train de préparer des armes dans une usine soumis à des cadences infernales. C'est en quelque sorte lui suggérer que demain, c'est lui qui pourrait être assassiné ou dont les proches pourraient être assassinés. Donc, si vous ciblez juste une catégorie de population, vous n'allez pas réussir à mobiliser l'ensemble d'un peuple multiconfessionnel et multinational qu'était l'Union Soviétique. Valérie Pozner
Je ne suis pas en désaccord, mais un peu quand même. Parce que si on regarde la suite immédiate, l'assassinat de Mikhoels c'est quand même l'arrêt du Comité juif antifasciste. C'est quand même l'interdiction de publier le "Livre noir" d'Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman qui était déjà prêt. Et c'est après tout ce mouvement antisémite qui commence en Union soviétique après la victoire et qui va se continuer au minimum jusqu'à la mort de Staline, jusqu'en 53. Donc, je pense qu'il y a les deux à la fois : à l'idée de ne pas faire de catégories pour permettre le combat. Mais il y a aussi le fait que la guerre et la création du comité antifasciste a redonné aux juifs soviétiques une identité et que c'est insupportable pour le régime soviétique. Annette Wieviorka
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