En matière d’humour politique, on n’aurait jamais fait mieux que les années 1970-1980 et la “sainte trinité” Coluche-Desproges-Bedos. Pas si simple, rétorquent les humoristes Haroun, Guillaume Meurice ou encore Jérémy Ferrari. À leurs yeux, si les codes ont changé, il reste toujours aussi crucial de rire des puissants. Cinquième volet de notre état des lieux de l’humour français, sur scène, à la télé ou la radio.
« Je ne peux pas être socialiste, je suis de gauche », clamait Guy Bedos à qui voulait l’entendre. Engagé sur le terrain dans de nombreux combats associatifs comme le droit au logement, l’humoriste prenait sur scène un malin plaisir à égratigner violemment les politiques et leurs actions. Sa mort, il y a quelques semaines, emportait avec elle toute une époque. Cette France de « Giscard et Mitterrand », où les humoristes les plus connus tels Pierre Desproges (1939-1988) ou Thierry Le Luron (1952-1986) s’attaquaient de front au chômage, à la corruption politique, au racisme ambiant et aux violences policières.
Ce même pays où Coluche se présentait à l’élection présidentielle de 1981 pour être le candidat « des fainéants, des crasseux, des drogués, des alcooliques, des pédés, des femmes, des parasites, des jeunes, des vieux, des artistes, des taulards, des gouines, des apprentis, des Noirs, des piétons, des Arabes »… Un héritage humoristique et politique à la fois puissant et drôle mais qui, près de quarante ans plus tard, dans le cœur du public et des médias, semble loin. Leurs héritiers auraient-ils déserté le terrain de l’engagement ?
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