À l’extrême sud de la Toscane, au milieu des collines et des cyprès, s’élève sur un piton rocheux cette bourgade qui fut jadis surnommée « la petite Jérusalem» par les juifs de Toscane.
Une telle appellation n’est pas sans emphase, mais l’histoire de cette communauté, formée à l’origine de juifs fuyant les États du pape après les édits de 1555, est étonnante. Ils y restèrent pendant presque quatre siècles, formellement en ghetto après 1622, mais commerçant ou travaillant même la terre dans une tranquillité quasi-parfaite, qui fut interrompue, en 1799, par des violences francophobes qui s’en prirent aux juifs, accusés d’être complices des idées nouvelles.
Le recensement de 1841 enregistrait 3189 résidents, dont 359 juifs, soit un habitant sur dix.
Après l’émancipation en 1859, les juifs de Pitigliano restèrent sur place jusqu’au début du siècle, bénissant les temps et prénommant leurs enfants Garibaldi ou Mazzini, des noms des héros du Risorgimento. Puis, la communauté dépérit au profit de celle de Florence et de la capitale. Il reste toutefois un vin blanc casher, qui est le meilleur d’Italie, et une vieille synagogue, datant du XVIe siècle et refaite au XVIIIe siècle.
Effondrée depuis les années 1960, elle a été restaurée et rouverte au public en 1995. Elle se dresse dans l’ancien quartier juif, au pied du château Orsini, à côté de l’ancien four à pain. Seul un mur de la synagogue, celui de la galerie des femmes, était demeuré intact. Le reste a été soigneusement reconstitué avec ses stucs dorés, ses inscriptions saintes en hébreu et les plaques commémorant la visite dans le temple, au début du XIXe siècle, des grands-ducs de Toscane, Ferdinand III et Leopold II.
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