Matthieu écrit pour annoncer une Bonne Nouvelle : Jésus est venu semer la Parole de Vie pleine de promesses dans le terreau de l’humanité. S’il y a de la mauvaise herbe qui pousse dans le champ, cela ne vient évidemment pas de Dieu, c’est un adversaire qui l’a semée. L’exercice de la liberté humaine se heurte à des influences contradictoires.
Cet enseignement fait suite à la parabole du semeur et ses différents terrains, telle que nous l’avons méditée dimanche dernier. A travers ce langage imagé, nous retrouvons la réalité du monde et même notre propre réalité : le mal se développe, y compris là où réside le bien. Le problème, c’est que souvent la mauvaise herbe ressemble à s’y méprendre au blé ! Nous constatons comment se développent les graines de malheur, car elles ont l’apparence du bon grain… Il est si facile de semer la calomnie, la désunion, la passivité, le désespoir, tout en donnant l’impression de dire des vérités et de se préoccuper du bien des autres.
Devant le lancinant problème du mal déjà soulevé par le livre de Job, Jésus enseigne que Dieu se refuse à interférer dans le fonctionnement normal des lois de la nature, car il refuse de s’immiscer constamment dans nos décisions. Ce n’est pas une démission de la part de Dieu ni un défaut de sa toute-puissance, il veut seulement inspirer nos choix afin que nous collaborions librement à la poursuite de sa création. Un mauvais usage de notre liberté entraînerait sur nos vies des conséquences dont Dieu n’est pas le responsable, mais nous seuls !
Jésus lui-même a affronté ce paradoxe dès le début de son engagement, en repoussant par trois fois le tentateur qui voulait lui offrir des moyens surnaturels afin d’échapper miraculeusement aux aléas de l’existence humaine. Jésus, lui, parle d’un Dieu de compassion extrêmement patient avec nous, comme l’affirment les psaumes. C’est bien le sens de cette parabole, le bon grain et l’ivraie poussent côte à côte : et Jésus refuse que nous prenions la place de Dieu pour éradiquer le mal selon des critères trop humains! Il n’est pas venu instituer une Eglise de purs et d’irréprochables qui regarderaient les autres de haut!
Cette parabole nous révèle aussi une vérité sur nous-mêmes : la frontière qui sépare les bons et les méchants, qui distingue entre le bien et le mal, passe à l’intérieur de chacun de nous. Nous sommes des êtres partagés et donc ambivalents. Ainsi, en chaque croyant, même le plus engagé, en chacun de nous, il y a de l’ivraie et du bon grain qui coexistent ! Et Jésus insiste : si notre vigilance est endormie, nous favoriserons la progression de l’adversaire.
C’est pourquoi le temps qui précède la moisson finale doit être mis à profit de façon intelligente et humble ; il nous faut nous préparer à l’avènement final par la conversion quotidienne, – par des attitudes cohérentes avec notre foi. Rappelons-nous que Dieu est à la fois juste et miséricordieux, même si cela nous semble humainement contradictoire ; ce qui nous engage à être prudents dans nos jugements sur les autres, et à agir toujours avec une préférence pour parier sur le bien.
Avec confiance en la justice du Royaume des cieux, il nous faudra laisser à Dieu seul le soin de départager équitablement, au moment voulu, la paille et le grain de nos existences, selon son propre jugement qui nous dépasse. Mais Jésus nous assure déjà que Dieu, qui est amour, regardera d’abord le bien qui a réussi à l’emporter sur le mal.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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