Inconnu du grand public, Jean Castex est l’homme qui a rédigé le plan déconfinement du gouvernement. C’est un homme de droite, élu local et bon connaisseur de l’Etat.
1. Surprise
Son nom n’avait pas vraiment circulé pour Matignon. Jean Castex n’a jamais été ministre. Et pourtant, l’homme a sur le papier un très bon profil. Selon un conseiller ministériel :
« Il coche énormément de cases : c’est un est élu local, de droite, et un très bon technicien. C’est aussi bien joué vis-à-vis de Xavier Bertrand dont il est proche et qui ne pourra pas le critiquer. En plus, il a un côté proche des gens avec son accent chantant et ses vieilles lunettes. Ce n’est pas la droite bling-bling. »
Autre avantage : Castex, qui a géré en coulisses l’opération déconfinement pour le gouvernement, a le profil de super collaborateur cherché par le président. Et le conseiller maître à la Cour des Comptes est proche d’Alexis Kohler, l’actuel secrétaire général de l’Elysée. « Il avait l’option de garder Philippe, celle d’un de ses ministres de poids ou de prendre quelqu’un qui ne lui fait pas d’ombre », dit le même conseiller
2. Déconfinement
Entouré de hauts fonctionnaires, d’anciens directeurs généraux de la Santé et en contact direct avec la plupart des grands ministres, l’énarque Jean Castex a rédigé le plan déconfinement du gouvernement. Une opération ultradélicate qui l’a amené à se pencher sur tous les domaines (éducation, transports, santé…), c’est dire la confiance dont il bénéficiait à l’Elysée et à Matignon. Le coordinateur de la stratégie nationale de déconfinement a déjà pris l’habitude des réunions interministérielles et de la gestion de crise. Utile pour son nouveau boulot, alors que la pandémie n’est pas finie et que l’hypothèse d’un reconfinement n’est pas exclue.
3. Bertrand
Jean Castex, 54 ans, connaît bien l’un des potentiels rivaux d’Emmanuel Macron pour 2022. Il a été directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé, puis au ministère du Travail. « C’est un très grand commis de l’Etat. Ses sujets, ce sont le social, la santé. C’est un homme de Xavier Bertrand », estime une députée LREM qui le connaît.
4. Sarkozy
Son nom avait déjà été cité pour entrer au gouvernement d’Edouard Philippe. C’était pour le ministère de l’Intérieur, en remplacement de Gérard Collomb, en octobre 2018, avant que Christophe Castaner ne soit finalement nommé. Jean Castex n’est pas un « intime » de Nicolas Sarkozy, mais il le connaît bien : il a été son conseiller social à l’Elysée, puis secrétaire général adjoint du Château. Un temps, il a même fait figure de favori pour diriger la campagne présidentielle de Sarkozy en 2012 (avant que le président sortant ne choisisse le préfet Guillaume Lambert, mis en examen ensuite dans l’affaire Bygmalion). Lorsqu’il était à l’Elysée, Castex a croisé la route du jeune chef de cabinet de David Douillet aux Sports. Son nom ? Gérald Darmanin. Il a été conquis par le jeune loup de droite, devenu depuis l’un des ministres de poids d’Emmanuel Macron.
5. Pelloux
L’urgentiste Patrick Pelloux a eu affaire à lui lors d’un mouvement de grève en 2005. Castex était alors directeur de l’hospitalisation et des offres de soins au ministère de la Santé. Et Pelloux en garde un très bon souvenir : « C’est un super mec ! Un homme d’Etat. Le sens du travail, respectueux des gens, toujours à l’écoute. »
6. JO
En septembre 2017, Castex a été nommé délégué interministériel aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 à Paris, une délégation étendue à tous les grands événements sportifs. Pour cet emploi, sa rémunération s’élevait à 160 000 euros net par an – soit davantage que le salaire du chef de l’Etat, selon notre confrère Vincent Jauvert, auteur du livre « les Voraces », qui souligne qu’il est l’un des hauts fonctionnaires les mieux rémunérés de la République. En avril 2019, il avait aussi pris la présidence de l’Agence nationale du Sport.
7. Gers
« Son grand-père a été un élu important, un notable que j’ai connu quand j’étais préfet. Son père était président du club de rugby. Lui a hésité à faire de la politique ici, puis il est parti dans les Pyrénées-Orientales », raconte Philippe Martin, le président du conseil départemental du Gers. Le grand-père Castex fut maire de Vic-Fezensac (entre 1971 et 1989) et sénateur du département. « Les Gersois espèrent que l’enfant du pays sera nommé ministre de l’Intérieur », titrait « la Dépêche du Midi » en octobre 2018, quand son nom a circulé pour un remaniement. Lycéen à Notre-Dame-de-Garaison, près de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, Castex obtient son bac en 1982. Le jeune Gersois part étudier l’histoire à Toulouse avant d’intégrer Sciences-Po Paris puis l’ENA.
8. Prades
Il est maire de Prades (6 153 habitants, dans les Pyrénées-Orientales) depuis 2008. Il l’est resté même lorsqu’il était secrétaire général adjoint de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy. Il prenait alors l’avion chaque vendredi midi pour rejoindre femme et enfants (il a quatre filles) et ses administrés, racontait « Libération ». En 2014, il a été réélu avec plus de 70 % des suffrages. Le 15 mars, il a à nouveau été réélu dès le premier tour, avec 75,7 % des voix.
9. Vague rose
Il aurait pu être député. Déjà maire et conseiller régional de Languedoc-Roussillon, il a été poussé par Nicolas Sarkozy à se présenter aux élections législatives de 2012 dans la troisième circonscription des Pyrénées-Orientales. Mais il avait, à l’époque, été emporté par la vague rose, battu au second tour par la socialiste Ségolène Neuville, future secrétaire d’Etat de François Hollande.
10. Tennis
« A Vic, où Jean Castex revient parfois à l’occasion de la Toussaint pour se recueillir sur les tombes familiales, on se souvient aussi d’un enfant et d’un adolescent “assez doué pour le tennis” mais pas pour le rugby, même si son père, qui dirigeait une entreprise de vente et de réparation de matériel agricole, fut longtemps président du club local », raconte aussi « la Dépêche du Midi » à son propos.
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