jeudi 2 juillet 2020

René Seror. Les Juifs en Tunisie. Introduction...


Depuis un certain temps, je réfléchis à la façon d’aborder le sujet.
Je n’ai pas l’intention d’écrire un traité d’histoire.

C’est une somme importante de documents collectés, réunis, consultés, lus et relus,  et qui se rapportent au passé du judaïsme tunisien, depuis l’époque où il a fait son apparition en Tunisie.

Nous irons, si D nous le permet, jusqu’au protectorat français.

A sa proclamation, il a supprimé l’histoire de notre exil, en en faisant un morceau de l’histoire de France.

Les Juifs de Tunisie constituent un élément qu’il est impossible de négliger.

Notez qu’à la proclamation du protectorat, ils représentent un tiers de la population de la capitale.
C’est sur leur communauté que compte la France pour introduire dans la population, sa langue, son esprit, sa culture, en un mot:
Sa civilisation.

Après avoir tracé le passé des juifs tunisiens,
Après avoir suivi pas à pas la genèse de la formation du judaïsme tunisien, il serait bon d’en tracer le caractère actuel.
Nous essaierons d’en décrire les mœurs et les institutions.

Après avoir expliqué le passé, si cette rubrique trouve un écho, nous étudierons le présent pour peut-être préparer ou du moins subodorer l’avenir.
Pour l’heure, nous nous limiterons à raconter les événements du passé, sans parti pris, sans jugement depuis la plus haute antiquité.
J’espère n’avoir rien négligé, pour présenter cette petite histoire du judaïsme tunisien.
Il vous appartiendra, par l’intérêt que vous porterez à ce texte, de le suivre comme un feuilleton récurrent.

Par vos like et les preuves de votre participation active, vous m’encouragerez à l’écriture d’une page non négligeable de notre histoire, et cependant négligée.
Après l’introduction, je vous présente le premier chapitre.

Les Juifs de Tunisie. Chapitre 1

Les origines des habitants de l’Afrique du Nord,-arabes et berbères-ont fait l’objet d’études consciencieuses.

Cependant, les Juifs qui occupent ce pays depuis la plus haute antiquité, et qui y ont joué un rôle important, n’ont jamais fait l’objet d’une étude particulière.

On parle vaguement de la communauté de Kairouan, des tribus d’origine juive habitant le Sahara marocain et algérien, mais aucune étude critique et historique  n’a été établie sur les Juifs de ce côté du bassin méditerranéen.

Début de leur établissement

A quelle époque et dans quelles circonstances, les juifs sont-ils venus se fixer en Tunisie?
S’il est difficile de répondre à ce type de questions, c’est parce qu’il n’existe pas de documents précis ni d’actes historiques.
Au Moyen-Âge, les historiens qui parlent des “israélites” comme Benjamin de Tudele ne sont pas très concernés par la Tunisie.
Avant la domination romaine, il n’existe pas de document mentionnant l’existence de Juifs dans les anciennes Emporia Sidonienne ni dans la Carthage punique.

Des historiens rapportent leur présence à Hippo-Zarritus (Bizerte) et plus tard à Carthage.

On parle même d’un quartier spécial dans cette dernière ville.

Quoi qu’il en soit de ces affirmations, nous avons la certitude que la tribu de Zvouloun, associée aux Sidonniens, participait aux excursions en mer.
Le Pentateuque en fait mention à plusieurs reprises.

On peut affirmer que le Zebuloniens étaient en compagnie des sidonniens  quand ils créèrent Urique, Cambé…
Plus tard, lorsque Tyr Tor, dans la Bible, effaça Sidon, les zebulonites s’associèrent aux Tyriens.

La Bible  rapporte les alliances entre le Roi Salomon et Hiram.
Elle rapporte aussi les voyages entrepris et les richesses rapportées à Jérusalem des bords de la Méditerranée.

Les sources les plus autorisées placent la fondation de Carthage entre 925 et 950, c’est-à-dire aussitôt après le règne de Salomon et de Hiram.

Il ne fait aucun doute de l’établissement de Juifs avec les phéniciens sur la côte f’Afrique.
Outre les migrations par voie maritime, on constate des migrations par voie terrestre par l’ouest et par le sud.

Le poète Ibn Khaldoun, dans son Histoire des Berbères, raconte que les berbères sont composés de 3 émigrations venues de l’Asie.
Ces 3 ethnies sont désignées sous le nom de Cananéens, kouchites et Égyptiens.

Il est un fait historique connu: les égyptiens avaient envahi le Nord de l’Afrique.
La dernière de ces invasions remonte à l’an 742 sous la conduite du Pharaon Tahraka, celui que la Bible nomme Nejo.  Prononcer le J à la façon espagnole.

A cette époque, le Pharaon Nejo avait fait une campagne en Judée et ramené un grand nombre de Juifs en Égypte.

Nombre de Juifs sont aussi allés chercher refuge en Égypte lors de l’exil de Babylonie.
Rien d’étonnant que de nombreux Juifs soient allés, en même temps que les armées égyptiennes, s’installer en terre de liberté où l’on parlait une langue proche de la leur.
Ibn Khaldoun parle de 3 races.

LOUA libyens, GETULES et ZENETES.
Gétules désigne en français un ou plusieurs peuples berbères du sud de l’Afrique du Nord.
Selon l’historien Jehan Desanges, le terme « Gétules » désignerait plus un mode de vie qu’un peuple précis et homogène, preuve de la « grande souplesse onomastique » des peuples berbères dans les sources romaines.
Les Zénètes sont un groupe ethnique libyque d’Afrique du Nord qui habitait dans l’antiquité un territoire s’étendant de la Lybie jusqu’aux confins de l’Ouest de l’Algérie.
Ces Juifs venus du sud-est trouvèrent dans le Nord une population dont l’origine et la langue leur était proches.

Ils établirent des relations suivies et prirent part dans le commerce que la province phénicienne exerçait avec le contour méditerranéen.

On peut affirmer que la Carthage punique et d’autres cités phéniciennes  comptaient des Juifs parmi leur population.

Le silence des historiens grecs et romains n’est pas une preuve suffisante pour en nier l’existence.

Tout ce que nous savons de l’Afrique phénicienne nous vient des grecs, qui en parlent par ouï-dire, et surtout des romains.
Or, ces derniers ignoraient l’existence de Juifs à Carthage.

Ceux-ci parlaient la même langue que le reste des habitants et se confondaient avec eux.
Du reste, le mépris des romains pour les Juifs est notable.

Il faut dire que l’absence totale de figurations et de statues dans les synagogues est une des causes principales de l’absence de traces archéologiques.
A suivre: LES JUIFS EN TUNISIE SOUS LA DOMINATION ROMAINE
L’article René Seror. Les Juifs en Tunisie. Introduction est apparu en premier sur Tribune Juive.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

9. Principaux déportés connus...

Jean Améry , écrivain autrichien, survivant d’Auschwitz, de  Buchenwald  et Elie Wiesel en 2010 . de  Bergen-Belsen . Karel Ančerl...