Les voitures les plus intelligentes viennent désormais d’Israël. Et le phénomène ne fera que prendre de l’ampleur dans les prochaines années, c’est le constat qui a été fait par des reporters du magazine Auto Journal qui sont partis rencontrer les start-up à la pointe de ce secteur.
Certaines d’entre elles se chargent de protéger les voitures des hackers. D’autres s’intéressent à la gestion intelligente du trafic, à des systèmes de reconnaissance vocale ou capables d’appeler les secours. Elles travaillent aussi sur des sujets plus classiques, comme les capteurs ou l’intelligence artificielle. Plus d’un demi-million de dollars est investi chaque année dans ces sociétés et beaucoup de constructeurs disposent dorénavant de bureaux d’études sur place, pour tenter de suivre ce qui s’y passe, comme Hyundai.
Guardknox, par exemple, est dirigée par des vétérans de l’Armée: “Nous venons tous de l’armée de l’air israélienne , explique Moshe Shlisel, son P.-D. G. C’est la culture de l’entreprise, son langage. Notre équipe a fourni les solutions de cybersécurité pour les chasseurs israéliens F-15, F-16 et F-35, ainsi que les systèmes de défense antimissiles Iron Dome et Arrow 3. ».
Lui et ses partenaires Idan Nadav et Dionis Teshler, ont commencé par réfléchir à comment mieux protéger les voitures des cyberattaques et ils ont finalement réalisé que la meilleure méthode était de repartir de zéro pour concevoir leur propre calculateur qui conserve les applications et les connexions, avec des possibilités de mise à jour à distance, mais dont le cœur reste impénétrable par les pirates. Guardknox a d’ores et déjà suscité un grand intérêt de la part de constructeurs majeurs, comme Mercedes ou Porsche, entre autres. “Lorsque vous comparez une voiture connectée moderne à un avion de chasse, vous êtes sur pris par leurs similitudes” , constate Moshe Shlisel. Mais il souligne aussi que la majorité des autos ne sont pas si modernes que ça : “Leur architecture électronique est très en retard. Et c’est sur ce retard que beaucoup d’entreprises israéliennes cherchent à capitaliser. Les voitures sont devenues des ordinateurs sur roues. Mais beaucoup de technologies automobiles sont encore issues des années 80. Notre tâche est d’y intégrer des produits qui ont des décennies d’avance sur le niveau moyen de l’industrie automobile.
Avons-nous conscience des risques que fait peser le piratage électronique sur nos vies ? Moshe Shlisel, de Guardknox, pense que non : “Pourquoi avons-nous besoin de cybersécurité dans nos voitures ? Parce que je peux m’installer en Corée du Nord et cibler votre voiture juste par plaisir. Vous envoyer dans un ravin, et vous tuer, vous et votre famille. Gardez en tête que votre voiture est le plus petit endroit au monde où ont réunis tous ceux que vous aimez. Oubliez la crainte que l’on vende vos données. Ou que l’on s’insinue dans votre vie privée. Là, vos vies sont vraiment en jeu. Et maintenant, que se passerait-il si je piratais une flotte de camions ? D’un coup, je serais capable de réduire à néant un pan entier de l’économie. Et s’il s’agit d’un camion-citerne rempli de carburant ? Si j’en prends le contrôle au milieu d’une ville, cela peut provoquer un 11 septembre sur roues ! Qu’il soit semi-autonome ou totalement autonome ne change rien. Aussi longtemps qu’un véhicule est connecté, du point de vue du pirate, il est en son pouvoir. Les législateurs ne gèrent pas assez rapidement ces problématiques .”
Si Israël s’intéresse à l’ industrie automobile en ce moment, c’est parce qu’elle vit une révolution sans précédent. Il y a dix ans, la grande affaire était Internet; il y a vingt ans, les télécoms. Il n’y a pas d ‘expertise spécifique sur l’automobile en Israël. En revanche, nous savons comment numériser une industrie qui utilise des logiciels et de l’intelligence artificielle. ”
Mobileye de son côté va proposer un service de robot-taxi qui sera rentable, à la différence du service expérimental proposé par Waymo en Arizona. Volkswagen fournira la voiture, un partenaire local sera en charge de gérer la flotte et Mobileye s’occupera de la technologie, y compris du conducteur “à distance”, susceptible de reprendre en mains la conduite si la voiture autonome ne parvient pas à prendre la bonne décision. Alors que les constructeurs commencent à se montrer très réservés sur les perspectives d’autonomie totale, Erez Dragan insiste, lui, sur le fait que son robot-taxi sera capable de se débrouiller dans le trafic de Tel Aviv d’ici à deux ans. Cela pourrait être le début de ce à quoi la communauté de la Tech israélienne aspire depuis des années : la constitution d’un ou deux mastodontes technologiques à l’échelle mondiale, qui resteraient basés en Israël, et y verseraient salaires et impôts.
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