jeudi 21 mai 2020

Yom Yerushalayim et Souveraineté des implantations...


Il y a 53 ans (le 28 iyar 5727 (correspondant au , Jérusalem était libérée et réunifiée. L’événement, vécu comme un miracle et un signe des temps dans une réelle ferveur messianique, est fêté pour Yom I’houd Yeroushalayim (hébreu : יום איחוד ירושלים « Journée de l’unification de Jérusalem »).
Il y a deux ans, le 14 mai 2018, l’Administration Trump a gratifié Israël d’une reconnaissance de sa Capitale éternelle et du transfert de son ambassade dans la Ville Sainte, au lieu des tergiversations habituelles datant de Clinton, Bush et Obama. Un an plus tard, le 25 mars 2019, Donald Trump signait l’acte de reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan.
Dans le même temps, et nous dirions, le même souffle, l’axe de diplomatie discrète entre les Etats-Unis, les états du Golfe arabo-persique et Israël devenait de plus en plus ouvert, même si la position officielle favorable à un “Etat Palestinien” continue de s’inscrire dans le discours, notamment celui de la Ligue Arabe. En réalité géopolitique, ces pays, l’Amérique et Israël font bloc face à l’Iran et, quelles que soient les dissensions de surface, la question palestinienne reste marginale pour la région.
Même sur le plan humanitaire, la reconnaissance est formelle : Mardi 19 mai, un avion transportant à son bord “14 tonnes de matériel médical urgent” à destination des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, a décollé à 19h00 depuis Abu Dhabi en direction de l’aéroport Ben Gurion en Israël. Mais Ramallah a catégoriquement rejeté la main tendue d’Abu Dhabi sous prétexte que les Emirats ne devaient pas “normaliser leurs relations avec Jérusalem “sur le dos des Palestiniens”!  l’Etat hébreu devait participer à l’Exposition universelle de 2020 à Dubaï, qui a été repoussée en raison de la pandémie du Covid-19. Les interactions médicales, technologiques, économies, militaires sont de plus en plus fréquentes et ne font que lever les dernières barrières de la défiance.
Sur le plan diplomatique, Israël n’a jamais autant rayonné que sous la férule de Bibi Netanyahu, qui a ravi en juillet 2019 le record de longévité au pouvoir, précédemment détenu par David Ben Gurion, père fondateur de l’Etat. L’illustration de ses implications sont plus spectaculaires quand il s’agit des pays arabes, même les plus réticents. Le gisement Tamar 2, au large des côtes israéliennes, est aussi important pour la Jordanie, qui a également souffert des attentats contre le gazoduc arabe dans le Sinaï, alors que 80 % de ses besoins en électricité en dépendait. Un accord avec Israël permet à la Jordanie de recevoir du gaz de Tamar, en dépit des critiques qui accusent le gouvernement jordanien de coopérer avec l’“ennemi israélien”. L’Egypte a annoncé à la mi-janvier 2020 avoir commencé à recevoir du gaz naturel d’Israël, qui sera liquéfié et exporté en Europe, dans le cadre d’un accord évalué à 13,3 milliards d’euros entre les deux pays. Cet accord “représente un important développement qui sert les intérêts économiques des deux pays”, a indiqué le ministère égyptien du Pétrole dans un communiqué. Selon le ministère, l’Egypte ambitionne via cet accord de devenir un “hub” régional dans le domaine du gaz.
Ainsi l’axe gazier est-méditerranéen que partagent Israël, l’Egypte, Chypre, la Grèce, va, peu à peu, alimenter l’Italie, la Hongrie, la Roumanie et s’étendre à d’autres pays d’Europe, qui dépendront progressivement moins de la Russie ou de la Turquie… On sait que l’enjeu libyen impacte fortement cet agencement gazier, d’où la présence de ces deux pays intrigant en terre africaine. Concernant les décisions de l’Europe, récemment,  Hongrie et Autriche ont fait front commun contre les décisions à l’emporte-pièce de l’Espagnol Josep Borrel et de son meilleur appui, Macron. L’excellent Chancelier Sebastian Kurz joue symboliquement le rôle que l’Allemagne devrait réellement jouer, au sein de l’Europe, en tant qu’héritière du Nazisme : celui d’avoir à cœur la réussite de l’Europe au Moyen-Orient, en reconnaissant son véritable bouclier : Israël. Cette “bande à part”, d’Orban et Kurz pourrait progressivement être confortée par les pays du bloc de Visegrad (Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie) et ceux du sommet de Craiova, forum de quatre pays, mis sur pied en 2015 : la Bulgarie, la Grèce, la Serbie et la Roumanie. La Bulgarie et la Serbie se sont également montrées intéressés à être reliés au gazoduc EastMed.
Le plan de paix Trump reconnaît à Israël le droit d’étendre et d’appliquer sa souveraineté aux implantations de zone C de “Cisjordanie” et à la Vallée du Jourdain, terre à la fois agricole et d’implantation militaire, qui représente la “veine jugulaire” d’Israël, selon les propres termes de Begin à Jimmy Carter, en 1977. Mais l’administration américaine utilise ce sésame comme une incitation à la “négociation de la dernière chance” entre Palestiniens et Israéliens : si les Palestiniens refusent toujours de se joindre à la table des négociations, alors les Etats-Unis reconnaîtront de fait, les avancées sur le terrain. Jared Kushner, lors des diverses phases d’élaboration du plan, a tâché de jouer de la “carotte et du bâton” : plus de 50 milliards d’euros seraient investis dans l’économie palestinienne, si et seulement si on pouvait trouver une formule d’accord avec un “Etat palestinien”, défait de 30% du territoire de “Cisjordanie”, démilitarisé, mais devenu coopératif avec Israël.
Il va de soi qu’Abbas en fin de parcours s’accroche à ses prérogatives et se cantonne à la position rejectionniste qui a toujours été celle des Palestiniens. Pire, peut-être, depuis juin 2007,  et la prise de Gaza par le Hamas, il sait qu’il n’a guère le choix : sur le plan officiel, il ne peut que se conformer au sentiment de la “rue palestinienne” et faire assaut d’hostilité constante à Israël. Sur le plan sécuritaire et économique, il ne peut que coopérer avec Israël s’il veut ne pas être renversé par le Hamas de Cisjordanie, dont la maison -mère est sise à Beyrouth, auprès du Hezbollah, après son transfert récent d’Istanbul, où résidait le “Ministre des Affaires étrangères” du Hamas, ;le terroriste kidnappeur et tueur d’enfants, Salah el-Arouri avant que les pressions américaines ne le déloge pour un fief plus pro-iranien.
Dans ce contexte, la Judée-Samarie a une triple vocation, historico-religieuse de recouvrement de la terre ancestrale d’Israël, avec Hévron notamment, Shehem, Beit El… Les implantations y prennent toute leur force de racines du peuple juif. D’autre part, du fait de cette notion de “veine jugulaire” d’Israël, soulevée par Begin, elle prend une signification de “ceinture de sable” défensive autour de Jérusalem, à travers les bases militaires de la Vallée du Jourdain, jusqu’au Lac de Tibériade, anciennement cible privilégiée de l’artillerie syrienne jusqu’en 1973, et aux contreforts du Golan. C’est un des principaux enseignements de la Guerre du Kippour, en cas d’attaque-surprise de blindés, les bases et centres d’implantation résisteront. Avec son système actuel d’alerte précoce, son boucler anti-missiles et surtout l’affaiblissement chronique des armées environnantes, prises dans des guerres internes comme en Syrie, on peut encore arguer que ce dispositif militaire deviendrait tendanciellement “moins nécessaires”. Mais, au contraire, Israël a tout intérêt à continuer de monter en puissance, face aux foyers d’agression, comme le Hezbollah au Liban, les poussées vers l’Ouest de l’Iran, … ce qui lui attire de nouveaux alliés et dissuade d’autant plus toute velléité agressive. Le Moyen-Orient ne sera jamais un “long fleuve tranquille”. Aucune illusion à avoir.
La Judée-Samarie comporte six conseils régionaux – Samarie, Mer Morte, Benyamin, Gush Etsion, Mt Hébron et Dépression du Jourdain – et 13 conseils locaux regroupent les 150 localités israéliennes de Judée Samarie, qui comptent 4 villes : Modiin Ilit – 67 000 habitants -,  Betar Ilit – 51 000 habitants – Maale Adumim – 37 000 habitants – et Ariel – 19 000 habitants. Le conseil régional ayant la plus faible population est celui de la Dépression du Jourdain avec 4 200 habitants, répartis sur 20 localités. Démographie globale, selon un Calcul 2018 du Conseil de Yesha : 448.672 personnes. (source : Pascale Zonszain https://www.menora.info/judee-samarie-faits-et-chiffres/).
Le Plan Trump élaboré par Jared Kushner prend en compte qu’il est devenu inconcevable de “déraciner” cette présence juive de bientôt un demi-million d’habitants, de là où elle se trouve. C’est un fait gravé dans le marbre qu’aucun discours idéologique de “libération nationale palestinienne” ne pourra effaroucher. De plus, le lien historico-religieux se creuse et s’approfondit d’année en année avec 1/3 de population Sioniste-religieuse (kippoth crochetées), 1/3 d’ultra-orthodoxes présents près des Lieux Saints et dans les yeshivot locales, et 1/3 de laïcs, à cause du coût relativement modeste des logements. Le retrait du Goush Katif (dans la bande Gaza) concernait environ 8.500 personnes et s’est avéré une absurdité, puisque le Hamas s’est aussitôt (2 ans plus tard, juin 2007) emparé du territoire auquel renonçait Israël. D’un autre côté, le désengagement n’a fait qu’accentuer le fossé entre les frères ennemis palestiniens Hamas et Fatah et démontré que toute négociation devient vaine, s’il n’y a pas la moindre chance d’accord entre eux, ni de consentement, pour plus de la moitié des Palestiniens (66% lors des élections en Cisjordanie de 2006) se sentant représentés uniquement par le Hamas,  à déléguer quiconque pour les représenter dans des discussions ou une confrontation avec les voisins israéliens.
Le Hamas, de par sa nature idéologique et son histoire, ne peut pas renoncer à la lutte armée, sous la pression de ses principaux commanditaires que sont les Frères Musulmans du Qatar et de Turquie, ainsi que l’Iran khomeniste de l’autre, et comme supplétif du Hezbollah. Il peut uniquement se contenter de “hudna”, de trêve, négociées indirectement par l’Egypte, le Qatar ou l’ONU. Il lui est impossible de trouver un accord avec l’AP, qui ne représente que la gabegie des fils Abbas, très impliqués dans les Panama ‘s Papers. Toute discussion devient donc “compromission” , avec l’interdit arabo-musulman de toute “normalisation” avec les “Sionistes”.
Au mieux, ces deux entités, en période pacifiée, constituent des administrations locales, qui s’enrichissent sur fond de cause dévoyée. Si ce modèle d’états faillis agrée l’Union Européenne, elle-même entité supranationale sur des fondements mouvants, grand bien lui fasse de dépenser des milliards pour les faire exister “symboliquement”, au nom d’une fausse idée de “Justice” entachée de légitimation du terrorisme comme moyen ultime.
Elles ne peuvent, à terme, se développer que si Gaza, par exemple, retrouve sa situation de carrefour entre l’Asie mineure et l’Afrique. Ce qui implique de tisser des relations commerciales approfondies avec le Nord de l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les pays alentours. Mais alors peut-être que son destin, (le Hamas en moins évidemment) se dessine moins en direction de Ramallah ou même de Jérusalem que vers le Caire, Riyad et les promesses de développement de Mohamed Bin Salman ou le Prince Zayed Al Nahyan des Emirats…
Cela libérerait Ramallah de devoir reconquérir Gaza et lui ouvrirait plus généreusement les portes d’une coopération multilatérale entre Israël, la Jordanie, l’Egypte et les pays du Golfe… En ce cas, les arrangements symboliques traitant de légitimité et de souveraineté deviendrait plus aisément discutables et négociables…
La “Palestine” reste une parenthèse romaine de l’histoire du Moyen-Orient. Il y a place pour ses populations imbriquées, à condition qu’elles convainquent de leur utilité socioéconomique dans cet environnement. Elles peuvent y parvenir avec l’aide (m^$eme indirecte ou déniée) au développement et à la sécurité sanitaire et militaire d’Israël. La zone C d’économie mixte des accords d’Oslo est un bon exemple de l’intérêt de cette coopération, en-dehors et au-delà de toute connotation idéologique. BDS et l’Europe arrogante y font dépérir l’idée même de paix et de cohabitation.
Quand doit intervenir l’heure de la proclamation de la souveraineté sur la Judée-Samarie de zone “C” et la Vallée du Jourdain, promise par le Plan Trump? Sur le plan légal et identitaire, nous dirions que tout est déjà en place et que c’est faisable dès juillet prochain, comme annoncé par la nouvelle Knesset et le gouvernement d’union qui en est issu. Cette coalition elle-même accepte des divergences d’opinion sur “l’urgence” à réaliser ce point, après la crise du Covid-19, et conformément aux accords en vigueur avec les Etats-Unis, qui l’ont affiché comme un horizon d’échanges réciproques, et non comme un vœu “unilatéral”, au seul bénéfice d’Israël.
Quoi qu’il advienne, le développement d’Israël représente la “masse critique”, autant sur le plan de la diplomatie internationale, où sa légitimité et son recours en tant que puissance régionale qui compte, sont au moins “implicitement” ou secrètement reconnus. Les oppositions de façade ne font qu’alimenter les ambitions hégémoniques de pouvoirs nocifs comme l’Iran et la Turquie islamiste d’Erdogan. La géopolitique mondiale penche en faveur d’Israël et le temps joue pour l’Etat Juif. Gaza ou l’Autorité Palestinienne sont, en permanence, “au bord du gouffre”, de la dissolution, de l’effondrement. Y a t-il réellement urgence à écraser des mouches avec un marteau? Ou vaut-il mieux laisser le jeu naturel des événements suivre les tendances qui s’affirment actuellement?
Il reviendra au gouvernement d’urgence de préciser les siennes, selon les partis qui le composent… Pour rappel :
Netanyahu a défini les cinq priorités de ce gouvernement : combattre la pandémie, même si cette menace se manifeste moins désormais ; faire en sorte que la « roue économique d’Israël tourne à nouveau » ; lutter contre l’Iran, notamment sa menace nucléaire et ses efforts pour établir sa présence militaire en Syrie ; contrer la « menace stratégique » que représentent les démarches de la Cour pénale internationale afin de poursuivre Israël pour des crimes de guerre présumés et (5ème point) faire « rapidement » valoir son intention déclarée d’étendre la souveraineté israélienne à certaines parties de la Cisjordanie.
Sans parler de “cinquième roue du carrosse”, la question de la souveraineté “à faire valoir” (auprès de qui : Etats-Unis et autres protagonistes de “conflit”) intervient directement derrière la “menace stratégique”, de la CPI, de l’Europe et de BDS, de mener une guerre juridique renouvelée contre Israël. Ce front abstrait suppose que la question de la souveraineté de certaines terres de Judée-Samarie ne surviendra qu’une fois neutralisée la véritable menace de l’antisionisme à vocation universelle, incarnée par la CPI politisée, le mouvement BDS et la France comme fer de lance très émoussé d’une Europe décrépie… Ce qui compte vraiment est de faire valoir cette présence sur le terrain. Les débats de coulisse se régleront d’eux-mêmes.
Marc Brzustowski

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