vendredi 17 juillet 2020

La diplomatie américaine soutient le communautarisme en France? «Il y a une volonté d’exporter un modèle de société»

Assa Traoré


Le New York Times a récemment mis en lumière le travail de soutien aux minorités ethniques et raciales effectué par la diplomatie américaine en France. Une politique qui accroît le phénomène du communautarisme dans l’Hexagone au détriment de l’idéal universaliste républicain, selon le député LR Julien Aubert.
Si la polémique raciale s’est vite propagée en France depuis la mort de l’Américain George Floyd aux USA, ce ne serait pas sans un coup de main d’outre-Atlantique. 
Un article du New York Times, publié le 14 juillet, dévoile que les «diplomates [américains] à Paris repéraient et encourageaient des jeunes leaders français et noirs il y a une dizaine d’années.» Depuis longtemps, la diplomatie américaine invite régulièrement des individus de tous horizons à venir observer sous différents angles le modèle américain de société.
De fait, les personnes prenant part à ces séminaires étaient le plus souvent de jeunes gens à l’avenir politique prometteur, qui venaient s’inspirer des politiques libérales mises en place outre-Atlantique. La donne a complètement changé après le 11 septembre 2001 et l’invasion de l’Irak en 2003. 
La diplomatie américaine a eu alors à cœur d’améliorer son image auprès des musulmans d’Europe.
Plus tard, le département d’État américain a élargi son panel à plus de minorités, se rendant compte qu’elles auraient un rôle à jouer dans le futur, et leur a donc tendu la main: «Nous pensons que ces gens vont avoir des postes importants», disait en 2010 Lora Berg, attachée culturelle de l’ambassade des États-Unis en France.
​Figure de proue du mouvement antiraciste indigéniste en France, Rokhaya Diallo est l’exemple type de la stratégie américaine de ce point de vue: femme noire issue de Seine–Saint-Denis, son antiracisme a largement été façonné par ses visites outre-Atlantique et la culture américaine, dans le cadre de séminaires sur «la gestion de la diversité ethnique».
«Les Américains voient en nous des gens qui ont du potentiel. Ils estiment que nous aurons un rôle important à jouer dans notre pays, alors que la France ne nous reconnaît pas forcément à ce niveau-là», expliquait il y a une dizaine d’années la militante après un passage à New York.

Imperium américain

Avoir une bonne image auprès des différentes minorités en France et ailleurs en Europe n’est pas la seule raison qui explique ce travail des États-Unis.
«Il y a une volonté d’exporter un modèle de société américain», indique au micro de Sputnik France Julien Aubert, député Les Républicains.
Si ce dernier sait de quoi il parle, c’est qu’il a participé à un séminaire dont le sujet est certes, tout autre que l’intégration des minorités, mais qui s’inscrit dans cette logique de soft-power américain. Le député a en effet participé au programme Young Leaders, proposé par la French-American foundation, qui envoie les dirigeants de demain aux États-Unis pour s’imprégner de la culture libérale américaine.

 Beaucoup de dirigeants français sont d’ailleurs passés par celui-ci: François Hollande, Emmanuel Macron ou Édouard Philippe sont quelques-uns des grands noms à avoir bénéficié de ce séminaire.
​Au-delà même de cette volonté, le simple fait que la France vive dans un imperium américain, explique que tout phénomène qui prend de l’ampleur aux États-Unis, en prend de facto en France, explique Julien Aubert.

Un communautarisme à l’Américaine déjà bien implanté en France

Ainsi la question du racialisme ou la théorie du genre sont autant de concepts qui ont été importés en France des campus américains. Selon lui, ce modèle communautariste venu tout droit des États-Unis «a déjà en partie remplacé l’idéal universaliste à la Française». Les récentes manifestations sur le racisme et les violences policières n’ont fait que mettre en exergue un phénomène qui prend discrètement de l’ampleur depuis une dizaine d’années.
Il en est ainsi des «safe-spaces», qui sont désormais monnaie courante en France. Ces «espaces sécurisés» sont des endroits d’où sont exclues les personnes qui ne sont pas issues de telle ou telle minorité, pour permettre une parole plus libre à celles-ci. Un procédé qui heurte frontalement l’idéal universaliste républicain. Mais le phénomène ne décélère pas, au contraire.

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