Chère lectrice, cher lecteur,
Vous vous souvenez certainement de cette histoire tragique. Quelques jours après Noël, le 29 décembre 2017, Naomi Musenga, une jeune mère de 22 ans, appelle à l’aide le Samu de Strasbourg en se plaignant de très violentes douleurs au ventre1. Au téléphone, sa voix est très faible. Elle peine à s’exprimer tellement elle souffre. Mais l’opératrice commence par lui dire qu’elle « n’a qu’à appeler SOS Médecins » ! Puis, lorsque Noémie murmure qu’elle est « en train de mourir », l’autre répond sur un ton agacé : « Mais oui, vous allez mourir, comme tout le monde… » Seulement quelques heures plus tard, Namoie Musenga est effectivement morte, faute d’avoir été soignée à temps. L’affaire, lorsqu’elle a été rendue publique après la mort de la jeune femme (plus de cinq mois après !!!) a déclenché une vive émotion dans l’opinion, et les responsables politiques ont fait comme ils font dans ces cas-là : réclamer des comptes. En témoigne ce “tweet” de la ministre de la Santé, Madame Agnès Buzyn. |
Depuis, l’opératrice du SAMU a été mise en examen pour non-assistance à personne en danger et l’enquête « suit son cours », comme on dit. Et les autorités sont passées au scandale suivant. MAIS IL RESTE UN ENORME PROBLEME. Si vous analysez en détail le compte-rendu de cette affaire, vous observez en effet qu’il existe UN AUTRE SUSPECT TRES SERIEUX, qui serait le vrai responsable de la mort de Naomi2. Un petit Landru dans la salle de bains !!Un suspect dont pourtant, le nom n’a été évoqué que du bout des lèvres par les médias : le paracétamol. Le composé chimique qu’on retrouve dans le Doliprane, l’Efferalgan, le Daffalgan, mais aussi l’Actifed ou encore le Fervex.C’est le best seller n°1 du médicament, un antidouleur qui est dans chaque armoire à pharmacie. Il s’en vend 420 millions de boîtes par an en France et il représente 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour les multinationales chaque année3… Seulement voilà, le paracétamol est AUSSI un médicament qui peut tuer, même à doses…modérées !!! Et ça, on « OUBLIE » tout simplement de vous le dire. C’est une sorte de petit Landru sans moustaches, qu’on continuerait à trouver « sympathique » malgré ses crimes. Alors pardon, mais je dis qu’il est temps de se réveiller !!! Car voici le vrai « CV » du paracétamol : On connaît depuis 50 ans les dégâts causés au foie par une surdose de paracétamol (plus de 4 g / jour, soit 4 pilules de Doliprane 1000). Une étude d’observation menée dans un service britannique de transplantation du foie a montré que 66% des patients avaient été admis à la suite d’une overdose de paracétamol.4 5… Seulement ce qu’on découvre aujourd’hui, c’est que le paracétamol n’est pas dangereux qu’en cas de surdose. D’après une revue d’études publiée dans Annals of the Rheumatic Diseases, la prise de paracétamol aux doses conseillées augmente de 23 % le risque de mortalité ! Il est encore plus grave de dépasser légèrement mais souvent la dose maximale conseillée. Le problème, comme l’explique le Professeur Jean-Paul Giroud, de l’Académie de médecine, est que même en étant extrêmement vigilant, on peut dépasser la dose maximale sans le savoir : « Il existe 200 médicaments qui contiennent du paracétamol, je suis spécialiste des médicaments depuis 50 ans et je suis incapable de tous les citer ». Conclusion : « Si vous en prenez deux, par exemple l'un prescrit par un médecin et l'autre en automédication, vous pouvez vous retrouver à des doses supérieures à 4 grammes par jour ». Un grand professeur de médecine qui reconnaît qu’il a du mal à s’y retrouver lui-même !! C’est dire si le patient ordinaire n’a absolument aucune chance de savoir où il en est dans sa consommation de paracétamol. Etait-ce le cas de Naomi Musenga ? Elle n’est hélas plus là pour répondre à cette question. Toujours est-il que la catastrophe peut arriver chez tout le monde : Dans une étude récente6 portant sur des patients dont le foie était sévèrement endommagé, ceux qui avaient consommé chaque jour un peu trop de paracétamol avaient plus de risque de mourir que ceux qui avaient été hospitalisés pour un seul surdosage grave. L’ironie cruelle est que ces personnes prenaient régulièrement du paracétamol pour soulager des douleurs chroniques, alors même que son effet antalgique (antidouleur) serait proche de celui d’un placebo face à certaines douleurs comme la lombalgie et les douleurs articulaires de l’arthrose7. Et ce n’est pas tout. Je vous le disais plus haut. Le Paracétamol est un petit Landru qui s’en prend particulièrement aux femmes ! Chez la femme enceinte, le paracétamol est à éviter fortement : non seulement il augmente le risque d’asthme de l’enfant, mais il accroît aussi son risque de troubles du comportement et d’hyperactivité8, ainsi que d’infertilité et de cancer des testicules chez les garçons9 ; D’autres éléments montrent que sa consommation régulière pourrait augmenter la tension artérielle et la survenue de problèmes cardiovasculaires, en particulier chez les femmes : Les femmes qui prennent plus de 15 comprimés par semaine auraient un risque de crise cardiaque augmenté de 68%10. Or 15 comprimés par semaine, c’est encore deux fois moins que le maximum autorisé ! Cerise sur le « gâteau », un effet secondaire beaucoup plus inattendu vient d’être révélé il y a quelques mois par une étude, où les patients qui avalaient 1 gramme de paracétamol voyaient leur capacité d’empathie baisser, entraînant une baisse de leur sensibilité à la souffrance d’autrui11. On apprendra peut-être un jour que la standardiste du SAMU qui n’a pas pris au sérieux l’appel de Naomi Musenga était, elle aussi, victime d’une « coupure d’empathie » liée au paracétamol… Maintenant, que faire pour le remplacer ? Le bon réflexe contre la douleurContre la douleur, je conseille toujours de « penser plantes », tant on trouve dans la nature des solutions nombreuses et adaptées à différents types de douleurs.Je vous propose ici une liste un peu « technique » avec des références scientifiques qui valident l’utilité de ces remèdes, en m’excusant du côté un peu fastidieux d’un tel inventaire. Cela me paraît cependant indispensable pour répondre aux mauvais esprits qui veulent cantonner les remèdes naturels à un rôle anecdotique. Myke Tison en cape orange !Le curcuma, par exemple, ce n’est pas de l’anecdotique : ce petit Mike Tyson dans une cape orange, a montré une puissance égale à la cortisone12 et l’ibuprofène13, rien que ça !Près de 6000 études ont montré qu’il diminue la synthèse des médiateurs de l’inflammation, régulent leur activité14 et agit significativement sur la douleur articulaire15, la polyarthrite rhumatoïde et la goutte16 (2g pendant 6 semaines). Il est également actif en cas de syndrome du côlon irritable17, de douleurs prémenstruelles18 et de blessures19. Un point particulier cependant : certains bénéfices du curcuma peuvent apparaître en utilisant l’épice en cuisine, mais PAS son effet antidouleur. Le gingembre, lui, est connu pour ses effets sur les nausées, mais quelques essais cliniques ont montré ses bénéfices pour les douleurs prémenstruelles modérées à sévères20 (à prendre 2 jours avant les règles sur une période de 5 jours). Il serait également efficace dans les douleurs musculaires21, articulaires avec des bénéfices supérieurs à ceux des médicaments après trois mois de supplémentation22 ! La dose minimum est de 500 mg par jour. Ici, l’utilisation en cuisine, à condition d’être très fréquente, peut suffire à obtenir un effet antidouleur. Intéressant aussi, le cataplasme au gingembre. Pour le préparer, amenez une petite casserole d’eau à ébullition et ajoutez 2 cuillères à café de gingembre en poudre, laissez tiédir. Plongez une compresse dans la préparation, laissez-la s’imprégner, essorez et appliquez-la sur la peau (pas trop chaude !). Recouvrez avec une serviette éponge, et laissez agir 30 bonnes minutes. Le médicament oublié contre la douleurLongtemps avant qu’on parvienne à synthétiser l’aspirine, en 1899, on utilisait l’écorce de saule blanc pour réduire l’inflammation et soulager les douleurs.Vous le savez sûrement, l’aspirine n’est rien d’autre que la forme synthétique d’un de ses principes actifs de l’écorce de saule, la salicine. Une vingtaine d’autres plantes comprennent des composés de la même famille, en particulier la reine-des-prés et la gaulthérie. Les études les plus sérieuses sur ses effets bénéfiques mentionnent les douleurs lombaires23 et l’arthrose24. En Allemagne, la commission E. (commission qui évalue l’efficacité des plantes) reconnaît également son usage traditionnel contre la fièvre et les maux de tête25 26. La dose efficace se réfère au dosage en salicine compris entre 60 et 240 mg de salicine par jour. Les acides gras oméga-3 EPA et DHA font partie des substances les plus documentées avec des effets notables sur les douleurs articulaires chroniques27. Dans les douleurs cervicales et/ou lombaires, la prise d’omega-3 a apporté un soulagement très net à 60 % des patients28. La plupart des études suggèrent une dose comprise entre 1,5 g et 3 g selon la sévérité de la pathologie, avec des effets se manifestant après 2 à 3 mois de supplémentation. La racine de l’harpagophytum (ou griffe du diable), est utilisée comme antalgique et pour lutter contre la fièvre29. C’est LA plante contre les douleurs articulaires, avec de nombreuses études qui ont montré sa capacité unique de réduire le niveau de cytokines, les agents d’inflammation30. Avec l’harpagophytum, la douleur régresse de 25 à 45 % alors que la mobilité augmente d’autant31. Prendre 480 mg d’extrait de plante (50 à 100 mg d’harpagoside, son principe actif)32. Prudence tout de même en cas d’ulcère ou de gastrite : la plante peut être agressive pour l’estomac. Enfin, la mélatonine est de loin la plus efficace contre toutes les douleurs neuropathiques. Ses effets sont comparables à ceux de la morphine, mais sans accoutumance ni effet secondaire. Il s’agit d’une hormone naturellement produite par le cerveau surtout connue pour réguler le cycle veille-sommeil,il faut donc la prendre le soir, 30 minutes avant de se coucher (jusqu'à 2mg). De très bons résultats ont été obtenus pour soulager la fibromyalgie33, l’endométriose34, le côlon irritable35, les douleurs du cancer, etc. Et n’oubliez pas qu’il existe un dernier remède, efficace contre les « petites douleurs ». C’est la compassion et le soutien qu’on peut apporter à celui qui souffre. Contrairement au paracétamol, qui « rétrécit les cœurs », l’esprit humain lui, a le pouvoir s’il le veut, de les faire grandir, et d’y faire de la place pour les autres ! Santé ! Gabriel Combris |
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